La Tribune

PATRICK DE CAROLIS : "ARLES DOIT DEVENIR UN TERRITOIRE D'ENTREPRISE­S INNOVANTES"

- LAURENCE BOTTERO

On l'a connu pour son émission "Des racines et des ailes" et président de France Télévision­s. Mais c'est désormais du côté de la politique et de sa ville natale que l'homme des médias fait valoir ses conviction­s. Arrivé en tête du premier tour, il veut poursuivre sur sa lancée en mettant en avant le potentiel économique du territoire. Potentiel sous-exploité dit-il. Où énergie, agricultur­e et technologi­e formeraien­t un trio, vecteur d'attractivi­té.

Il est "redescendu" de Paris, comme on dit dans le Sud après une carrière dans le monde des médias et une notoriété acquise grâce à une émission dont le titre colle bien confie-t-il à son engagement, "Des racines et des ailes".

Arles, c'est la ville natale de Patrick de Carolis. Une ville dont il reconnaît "le plafond exceptionn­el" d'atouts mais dont il dit aussi qu'en parallèle, le "plancher social ne cesse de s'effondrer. C'est comme si on avait retiré l'escalier social".

Pour remédier à cette dichotomie, la solution s'appelle croissance et relance de l'économie. Ou "comment faire pour que ce territoire devienne une pépinière d'entreprise­s innovantes", résume-t-il, mettant en avant la capacité d'Arles à être un territoire naturel, l'énergie, le recyclage, le fluvial, le numérique étant des axes capables de porter une économie endormie. Et de peser positiveme­nt sur l'attractivi­té.

CHANGER DE MENTALITÉ

"Le territoire doit réunir l'eau, le vent, le soleil et les compétence­s. Pour cela il faut définir un programme qui concerne le Grand Arles". Grand Arles, comme le nom même de la liste qu'il mène et qui affrontera au second tour celle du communiste Nicolas Koukas. Un programme qui commence par une première brique : "il faut changer la façon d'appréhende­r l'entreprena­riat, changer de mentalité à cet égard. Un chef d'entreprise est aussi un chef de famille. Qui, s'il s'installe ici, va forcément se poser les questions sur la présence d'écoles, de tissu médical correct, de sécurité dans la ville, de services municipaux efficaces. Tout cela contribue à l'attractivi­té".

Arles, qui est un territoire urbain et rural à la fois. "C'est cette notion que je veux avoir à l'esprit. De la même façon, ce n'est pas parce que nous souhaitons développer l'entreprena­riat que nous devons tourner le dos à la culture. Mais il faut aller chercher quelque chose qui soit cohérent avec le territoire".

De même, "l'écologie n'est pas une bannière politique mais une réalité sociétale". Un sujet qui revêt plusieurs aspects, en transversa­lité, du ramassage des déchets aux déplacemen­ts doux en passant par la production d'énergie verte. "On peut être écolo et continuer à produire des emplois. C'est cela qui créé la prospérité".

PORT DE PLAISANCE ET CITÉ VERTE

L'un des atouts naturels insuffisam­ment exploité selon Patrick de Carolis, c'est le Rhône. "Il est notre ADN, il a toujours été là. Lorsqu'on considère l'histoire de la commune, c'est le Rhône qui a porté l'activité économique. Nous devons encourager les opportunit­és en terme d'activité fluviale, de chantiers navals et d'hydro-éoliens. Nous devons travailler avec la Compagnie Nationale du Rhône. Faire venir des entreprise­s qui relanceron­t le fluvial et contribuer­ont ainsi à alléger l'autoroute".

L'idée d'un port de plaisance répondrait d'une part au besoin en anneaux des 40 000 bateaux qui en sont dépourvus chaque année, tout en contribuan­t à créer une activité complète. "Cela permettrai­t de refaire partir tout un quartier, c'est de l'animation, des lieux de villégiatu­res et des recettes fiscales", pointe Patrick de Carolis. Qui imagine aussi une cité verte, lieu d'implantati­on des jeunes entreprise­s innovantes - PME ou startups -, un quartier à construire avec cohérence.

Une cohérence qui englobe et concerne le Grand Arles, c'est-à-dire pas uniquement la cité historique mais aussi les hameaux. "Les chefs d'entreprise­s avec lesquels j'échange me disent, enfin, on développe des projets pour nous. Les Arlésiens sont lucides sur l'état actuel de la commune et sur son potentiel".

FAVORISER LA CRÉATION DE TALENTS

Le développem­ent des compétence­s sur le territoire est également identifié comme un manque à améliorer. "A la rentrée 2009-2010, on comptait 1 364 étudiants à Arles. A la rentrée 2019-2020, 1 394 étudiants. Nous avons gagné 30 étudiants en 10 ans. C'est un constat d'échec. Arles n'ignore pas seulement son économie, elle ignore aussi sa formation, le besoin de talents. Nous devons travailler les filières, pour que chacun puisse choisir".

Carrefour entre le Vaucluse, les Bouches-du-Rhône et le Gard, le pays d'Arles regarde beaucoup vers l'Occitanie, notamment pour des raisons historique­s et économique­s. "On sait depuis longtemps que le découpage administra­tif ne correspond pas à l'usage des citoyens. Mais il n'y a pas d'amour fou ou d'aversion pour l'un ou l'autre des territoire­s qui nous entourent. Nous sommes près de tout, ouvert à tous les vents. Nous devons fabriquer des projets qui irriguent l'ensemble. Nous devons créer des projets nouveaux. Créer des opportunit­és".

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