La Tribune

UNE LUTTE SANS MERCI POUR LA REPRISE D'ORCHESTRA

- THOMAS TEDESCO

Le fondateur et dirigeant Pierre Mestre et l’actionnair­e minoritair­e Al-Othaim sont de retour devant le tribunal de commerce avec des offres améliorées, très proches. Examen du dossier le 16 juin.

Après un premier tour de chauffe, les candidats à la reprise d'Orchestra-Prémaman, leader européen de la vente de vêtements pour bébés et d'articles de puéricultu­re sont de retour, mardi 16 juin, devant le tribunal de commerce de Montpellie­r lequel avait exigé de Pierre Mestre, fondateur du groupe, et d'Al-Othaim, distribute­ur saoudien et actionnair­e minoritair­e d'Orchestra, de revoir leur copie à la hausse.

Message reçu par les deux potentiels repreneurs. Bien qu'un administra­teur judiciaire soit aujourd'hui au chevet du groupe montpellié­rain, Pierre Mestre est encore chez lui au siège de SaintAunès, et il entend bien le rester !

C'est donc en tee-shirt rouge qu'il a présenté vendredi son offre NewOrch aux journalist­es. Principaux changement­s entre sa propositio­n actuelle et la précédente : le maintien de l'entrepôt de Saint-Aunès et de ses 131 salariés qu'il ne souhaitait conserver qu'un an à l'origine.

"Nous allons trouver une solution pour que les salariés, qui ont fait un travail remarquabl­e pendant la période de confinemen­t en permettant de livrer les seules commandes Internet s'élevant jusqu'à 650 000 € de commandes par jour contre 50 000 € en temps habituel, soient conservés. Cet entrepôt est aux normes ICPE. On peut envisager d'y sous-traiter de la logistique pour des tiers", avance Pierre Mestre qui assure avoir reçu de nombreuses visites.

Dans cette nouvelle offre, Pierre Mestre (38 % des parts dans le projet) défend "un projet d'équipe", avec son partenaire historique, la famille Gotlib (19 %), plusieurs cadres, des franchisés, ainsi que 10 des fournisseu­rs actuels du groupe (41 %). En annexe de son offre, Pierre Mestre, offensif, produit deux lettres des fournisseu­rs textile français Deveaux et Sprintex assurant leur soutien au fondateur.

Pour redresser la barre, dans le réseau, succursale comme franchisés, l'entreprise NewOrch prévoit de ne conserver que les points de vente avec une marge brute supérieure à 6 % avant frais de siège.

Au travers de cette offre améliorée, Pierre Mestre entend convaincre qu'il peut réussir là où il a échoué au cours des cinq derniers exercices... pour peu qu'on efface la dette que devront donc porter les banques !

"J'ai appris de mes erreurs. J'ai revendu 80 % de mon patrimoine pour refinancer Orchestra", se repent-il.

26 M€ DE CASH INJECTÉ PAR AL-OTHAIM

En face, Al-Othaim aura fort à faire pour convaincre le tribunal que son offre, proche de celle du fondateur en termes de maintien de l'emploi. Toutefois, celle-ci se distingue par les 26 M€ de cash injectés immédiatem­ent dans l'entreprise alors que le fondateur propose que cet apport soit, notamment, financé par du prêt.

Ainsi, Al-Othaim a pour lui de se présenter avec des finances saines solides et propres. D'autre part, il est soutenu par le conseil social économique de l'entreprise (CSE) qui annonce avoir déposé plainte pour "abus de bien social" contre Pierre Mestre, auprès du procureur de Montpellie­r.

"Une élue du CSE, de par ses fonctions, a intercepté des réservatio­ns de billets de train payés par Orchestra-Prémaman au profit de salariés des magasins belges afin de se rendre lundi 15 juin 2020 à Montpellie­r où est organisé par les consorts Mestre une manifestat­ion de soutien (...) Le montant total des billets avoisine les 4 000 €", avance l'avocat du CSE Me Ralph Blindaueur...

Tous les coups sont permis.

« J'AI APPRIS DE MES ERREURS »

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