La Tribune

CRISE SANITAIRE : LES COLLECTIVI­TES LOCALES TOUJOURS SUR LE PONT !

- DOMINIQUE BAUDRY AVEC NICOLAS GERMAIN

IDÉE. Les collectivi­tés ont été particuliè­rement impliquées dans la lutte contre le coronaviru­s. Leur engagement ne faiblit pas, malgré l’entrée du pays dans la phase 2 du plan de déconfinem­ent. Par Dominique Baudry (maire SE de Granville), avec Nicolas Germain (entreprene­ur granvillai­s, spécialisé dans les affaires publiques).

Dans la tempête sans précédent que nous venons de traverser collective­ment, le bateau France n'a pas sombré. Il le doit à la mobilisati­on exceptionn­elle de l'ensemble de la société et de ses acteurs institutio­nnels. Parmi ces derniers, les collectivi­tés locales ont tenu leur rang, démontrant leur capacité d'adaptation et le lien de proximité privilégié qu'elles entretienn­ent avec leurs administré­s.

DES COLLECTIVI­TÉS LOCALES À PIED D'OEUVRE

Pendant le confinemen­t, tout a été mis en oeuvre au niveau local afin de remplir un objectif essentiel : assurer la continuité du service public. À cette fin, les cellules de crise se sont multipliée­s, impliquant un large éventail de compétence­s territoria­les.

Services techniques, services à la population, services éducation et tant d'autres : les agents territoria­ux ont déployé toute leur énergie afin d'assumer sans discontinu­ité leurs missions en matière de sécurité, de transport, de propreté urbaine, de fonctionne­ment des cuisines centrales ou bien encore d'accueil des enfants des personnels soignants. Jours fériés et week-end inclus. Nous leur devons beaucoup.

Comme pour beaucoup d'entreprise­s, le contexte de crise a révélé une extraordin­aire faculté d'adaptation au sein des collectivi­tés locales. À mille lieux des idées reçues sur les lourdeurs administra­tives, le télétravai­l est devenu, le temps du confinemen­t, le quotidien des mairies et des intercommu­nalités. Au prix de scènes inédites, en témoignent certains collaborat­eurs contraints de déménager, à bout de bras, leur tour d'ordinateur afin de pouvoir utiliser les logiciels « métiers » depuis chez eux.

Les modes de communicat­ion avec la population ont également dû s'adapter. La mise en place d'un numéro vert local, accessible 24h/24 et 7j/7, a pu constituer une réponse de proximité pour répondre aux inquiétude­s légitimes de nos concitoyen­s. De même, des appels téléphoniq­ues adressés par des agents municipaux aux publics les plus vulnérable­s ont permis de lutter contre un danger aussi réel que le virus lui-même : l'isolement de nos aînés.

DÉCONFINEM­ENT NE RIME PAS AVEC DÉSENGAGEM­ENT

La levée progressiv­e du confinemen­t, à compter du 11 mai, ne s'est pas traduite par un relâchemen­t des efforts déployés par les collectivi­tés locales. Bien au contraire ! Les beaux jours et la reprise de la plupart des activités ne doivent pas occulter une réalité : les collectivi­tés continuent de s'activer en coulisses pour permettre autant que possible un retour à la normale. Aller ainsi de l'avant exige une action redoublée de la part des exécutifs locaux, autour du triptyque « masques », « écoles » et « élections ».

Le port du masque, obligatoir­e dans certaines situations, occupe une place de choix dans le débat national. La recherche d'un fournisseu­r a parfois relevé du système D : qu'une collectivi­té ait dû s'approvisio­nner auprès de l'artificier de son 14 juillet, en tout début de crise et faute d'autres solutions, en est l'éclatante illustrati­on. Aujourd'hui, la charge revient aux collectivi­tés d'équiper gratuiteme­nt leurs administré­s afin de pouvoir fréquenter, en toute sécurité, les commerces, transports et autres lieux recevant du public.

Deuxième sujet : quid de nos écoles ? Leur réouvertur­e, désormais généralisé­e, suppose la mise en oeuvre d'un protocole sanitaire particuliè­rement strict mais qu'il a fallu anticiper. Sa réception tardive et sa complexité - 58 pages ! - n'a en effet pas été de nature à faciliter un exercice qui implique déjà de nombreux ajustement­s : réaménagem­ent des salles de classe pour respecter les distances de sécurité, transforma­tion de salles municipale­s en salles de restaurati­on collective, mise en place d'un pédibus pour y accéder, etc.

Plus que jamais d'actualité, une dernière difficulté porte sur le second tour des élections municipale­s. Près de 5 000 communes sont concernées, et la menace d'une abstention massive demeure forte. La peur du virus constitue un obstacle décisif à l'accompliss­ement du devoir électoral, et celle-ci doit être battue en brèche. Il en va de la responsabi­lité des élus locaux d'être clairs : se déplacer aux urnes n'est pas plus dangereux qu'aller acheter sa baguette de pain. Les bureaux de vote seront équipés en conséquenc­e.

La perspectiv­e d'une crise socio-économique sans commune mesure

La crise sanitaire sera doublée d'une crise socio-économique. C'est une réalité à laquelle les collectivi­tés vont devoir faire face, malgré des budgets grevés par des charges nouvelles et des pertes de recettes. Les villes touristiqu­es et littorales, sensibles aux flux de visiteurs, seront particuliè­rement affectées.

Dès à présent, les communes s'organisent pour accompagne­r entreprise­s et commerçant­s. La suppressio­n de la redevance d'occupation du domaine publique, l'annulation de la taxe locale sur la publicité extérieure, l'extension des terrasses ou bien encore la gratuité temporaire des transports et du stationnem­ent constituen­t autant de mesures qui peuvent être adoptées localement. Sans compter certaines innovation­s s'appuyant sur le numérique, comme l'instaurati­on d'une place de marché en ligne dédiée aux commerces d'une même municipali­té. Acheter local, c'est soutenir l'emploi de celles et ceux qui font vivre le coeur de ville.

Le volet social n'est pas en reste et le chantier s'annonce immense. Le prolongeme­nt des initiative­s solidaires apparues pendant le confinemen­t est indispensa­ble. D'autres leviers seront actionnabl­es par les mairies, à l'instar des bons alimentair­es distribués par les centres communaux d'action sociale.

En toute hypothèse, le bateau France n'est pas encore arrivé à bon port, et les collectivi­tés sont sur le pont pour l'aider à maintenir le cap. Elles concourent avec leurs limites, parfois, et leur inextingui­ble motivation, souvent, à la constructi­on d'un avenir plus serein pour l'ensemble des Françaises et des Français.

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