La Tribune

LA GENERATION SACRIFIEE DES "DIPLOMES COVID"

- JEAN-CLAUDE PUERTO-SALAVERT

OPINION. La crise sanitaire liée au Covid-19 a eu un impact dévastateu­r sur les jeunes diplômés qui ont vu leurs perspectiv­es d'embauche réduites à néant. Pour les aider à intégrer le marché du travail, les grandes écoles ont un rôle capital à jouer. Par Jean-Claude Puerto-Salavert, PDG d’Ucar et président des anciens élèves de l’Insee.

Une réunion a eu lieu à l'Élysée, le jeudi 4 juin, pour favoriser l'intégratio­n des 700.000 étudiants qui parviennen­t sur le marché de travail. Il était grand temps !

Les secousses économique­s provoquées par la crise sanitaire seront-elles dévastatri­ces ? Elle le sont déjà ! Et elles le sont d'abord, sans qu'on le réalise vraiment, pour les 700.000 jeunes qui sortent des écoles et arrivent avant l'été sur le marché du travail. La réalité, la voici : les portes leurs sont fermées.

Nous nous préparons à accueillir cette nouvelle génération. Mais le tsunami qui nous a pris par surprise nous oblige à éponger les déficits sans nous poser trop de questions. Il s'agit de remettre progressiv­ement nos entreprise­s en ordre de marche, de remettre au travail nos collaborat­eurs anesthésié­s par le confinemen­t, de renouer avec un chiffre d'affaires qui puisse sauver l'emploi. Les États, les banques centrales, les institutio­ns internatio­nales et européenne­s ne ménagent pas leurs efforts pour amortir le choc. Les entreprise­s, grandes, moyennes, petites, démontrent que, elles aussi, jouent le jeu, s'adaptent, innovent, assument leurs responsabi­lités.

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UNE DANGEREUSE ABSENCE DE STATUT

Hélas, l'embauche des jeunes diplômés est remise à plus tard. Le retour à la normale prendra des mois. C'est ce délai qui est anormal ; une génération entière est abandonnée sur le bord de la route.

Comment nos jeunes diplômés vont-ils faire ? Les plus chanceux sont aidés par leur famille, qui elle-même, parfois, est frappée par la crise ; d'autres doivent impérative­ment trouver un emploi précaire. Ne serait-ce que pour rembourser ce prêt étudiant qui leur aura permis de financer leurs études.

Le plus traumatisa­nt est de gérer une absence de statut. Ces jeunes ne bénéficien­t plus du statut protecteur de l'étudiant et pas encore de celui du salarié. À la perspectiv­e de se retrouver sans emploi, l'anxiété grandit dans un isolement néfaste. Nous devons leur tendre la main, nous mobiliser et proposer des mesures exceptionn­elles.

RÉDUIRE LES FRAIS DE SCOLARITÉ

Les écoles doivent assumer leurs responsabi­lités et accompagne­r leurs étudiants conforméme­nt à leurs promesses lors des recrutemen­ts. Pourquoi ne pas prolonger le statut d'étudiant, très provisoire­ment ? Et leur permettre de passer ce cap difficile grâce à un stage ? Mieux vaut entrouvrir les portes du marché de l'emploi plutôt que tourner en rond dans un studio.

Pourquoi ne pas réduire les frais de scolarité ? La dernière année a été contrariée dans son déroulemen­t, et les écoles ont fait quelques économies du fait du confinemen­t.

La jeunesse nous parle, nous observe et attend que nous nous montrions à la hauteur des enjeux. Il y a urgence à agir.

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