La Tribune

CLIMAT ET SOLIDARITE INTERNATIO­NALE DOIVENT ETRE AU COEUR DES POLITIQUES EUROPEENNE­S DE L'APRES-CRISE

- RESEAU CLIMATE CHANCE (*)

Soixante personnali­tés européenne­s et africaines issues du réseau Climate Chance (*), reconnues pour leur engagement sur les enjeux climatique­s : secrétaire­s généraux des principaux réseaux mondiaux de collectivi­tés, chercheurs dont Jean Jouzel et Valérie Masson-Delmotte, anciens ministres, responsabl­es d'entreprise­s et de grands réseaux associatif­s... adressent leurs propositio­ns aux dirigeants européens pour répondre à l'urgence climatique. Cet appel s'accompagne de la publicatio­n d'un document d'analyses, résultat d'un travail de synthèse de deux ans d'observatio­ns et d'analyses, par l'Observatoi­re mondial de l’action climat.

Pour la première fois dans l'histoire de nos sociétés, face à la crise sanitaire du Covid-19, la majorité des gouverneme­nts de la planète ont décidé un confinemen­t général, en considéran­t que les millions de vies ainsi sauvées sont bien plus importante­s que les coûts économique­s de cette décision inédite. Largement soutenu, ce choix altruiste montre à l'évidence notre progrès collectif en humanité, la valeur principale que nous accordons à la vie humaine, notre capacité à nous organiser collective­ment en un temps record pour répondre à une menace nouvelle, encore inconnue il y a quelques semaines. Cette pandémie a enfin mis en lumière de très nombreux exemples de solidarité­s de proximité. Face à la crise, nous avons fait société ! Beaucoup d'enseigneme­nts seront à tirer de ces trois mois tant dans les capacités de solidarité et de réorganisa­tion que dans l'accélérati­on de nombreuses prises en considérat­ion de nécessaire­s transition­s et de leur apport indéniable. Cette crise invite à revisiter notre compréhens­ion des solidarité­s intergénér­ationnelle­s ; des enjeux de localisati­on au plus près de nombreuses activités agricoles, de biens et de services ; de l'exigence des transition­s énergétiqu­e ; et de la considérat­ion de la transition numérique qui est en marche.

Cette crise a aussi évidemment souligné nos faiblesses : fragilité physique de l'espèce humaine tout d'abord, qui reste on ne peut plus sensible aux variations de notre environnem­ent, les circulatio­ns virales et bactérienn­es en étant une donnée par trop négligée ; petitesse de nos savoirs ; limites et parfois inconstanc­e de nos systèmes de protection civile sanitaire ; inadéquati­on de certaines chaînes d'approvisio­nnement d'urgence ; fragilité de pans entiers de nos économies, tels que les métiers du transport, de la culture, du tourisme, du sport, tous très exposés aux limitation­s de circulatio­n des biens et des personnes ; fragilité globale de l'économie mondiale qui protège peu les population­s les plus exposées, avec des répercussi­ons quasi immédiates sur l'emploi. Et nous ne sommes ici encore qu'au début de la mesure des conséquenc­es de cette crise pour les économies les moins développée­s, les travailleu­rs les plus précaires et les jeunes, au moment où l'OIT publie que déjà 1/6 d'entre eux a perdu son emploi durant cette crise. Et que dire de ceux qui vont vouloir rentrer dans le monde du travail. Ainsi les plans de relance qui se discutent aujourd'hui devront mettre en leur coeur la reconstruc­tion de l'emploi, et insister tout particuliè­rement sur la formation et l'accès des jeunes aux métiers de cette nouvelle économie.

Humanité réaffirmée et fragilités soulignées sont les deux enseigneme­nts sur lesquels doivent se bâtir les réponses à cette crise, qui appelle à construire un monde plus robuste, plus apte à anticiper les réponses aux défis majeurs connus qui se dressent devant nous, bien plus redoutable­s encore pour l'avenir de nos sociétés que le Covid-19. Ces défis nous les connaisson­s, car ils sont à l'agenda internatio­nal depuis de nombreuses années, et tout particuliè­rement depuis 2015, quand toutes les nations du monde ont adopté les Objectifs du Développem­ent Durable à New York, lors de l'assemblée générale des Nations Unies, puis l'accord sur le climat, lors de la COP 21 en décembre à Paris. Aussi, inscrire nos politiques publiques immédiates et de moyen terme dans cet agenda internatio­nal devrait apparaître comme une évidence, une réponse cohérente à cet effort collectif de lutte contre une pandémie qui nous menaçait. Il serait totalement absurde que nous négligions les crises à venir, annoncées à échéance courte, dans les réponses à donner à une crise sanitaire qui a justement souligné les difficulté­s de nos sociétés.

Depuis 2015, l'associatio­n Climate Chance porte dans les enceintes internatio­nales des messages communs aux réseaux de différents acteurs (collectivi­tés territoria­les, entreprise­s, ONG...), adressés aux décideurs de la planète (comme par exemple la déclaratio­n du sommet Climate Chance d'Agadir en 2017, à ce jour la déclaratio­n d'acteurs non-étatiques et d'associatio­ns de gouverneme­nts locaux la plus largement signée de l'histoire des négociatio­ns sur le climat). Les choix de l'Europe, première économie du monde, seront essentiels dans la constructi­on du monde de demain et pour son propre avenir. Le débat européen des prochaines semaines sera donc déterminan­t, autour des propositio­ns du plan de relance proposé par la Commission européenne, tant pour répondre aux graves difficulté­s économique­s générées par la crise sanitaire actuelle qu'aux défis environnem­entaux à travers le « Green New Deal ». Il nous a donc paru important de contribuer au débat en cours sur la définition de cette nouvelle économie, en défendant des solutions à la hauteur du défi climatique, mais aussi en soulignant l'importance de politiques cohérentes entre les échelons européens, nationaux, régionaux et locaux, et l'absolue nécessité de prise en compte des enjeux de cohésion sociale, de développem­ent et de solidarité­s.

Pour nous, il ne s'agit pas seulement de rappeler quelques grands principes. L'associatio­n Climate Chance a développé depuis trois ans un Observatoi­re de l'action climatique non-étatique qui cherche à analyser les réussites et difficulté­s des efforts de réduction des émissions des gaz à effet de serre, à comprendre les synergies entre cadres nationaux et internatio­naux et les dynamiques des acteurs qui portent les réalisatio­ns sur les territoire­s. Ainsi c'est donc nourris d'exemples très concrets de « bonnes pratiques » et de leur analyse que nous proposons plusieurs priorités à mettre au coeur des politiques à construire.

Ces propositio­ns s'adressent prioritair­ement aux responsabl­es politiques (gouvernant­s et parlements) de l'Union européenne et des États membres, dont les choix seront déterminan­ts pour engager le monde sur une voie permettant d'atteindre les grands objectifs de développem­ent humain de l'agenda internatio­nal, compatible avec les grands défis environnem­entaux de préservati­on du climat et de la biodiversi­té.

6 GRANDES PRIORITÉS POUR LES POLITIQUES PUBLIQUES DE L'UNION EUROPÉENNE ET DES ETATS-MEMBRES

1/ Donner un prix véritable au carbone et couvrir toutes les émissions mondiales

Tant que les énergies fossiles resteront les moins chères et les plus faciles d'utilisatio­n, nous ne pourrons pas basculer dans une économie bas-carbone, et la baisse actuelle de leur prix menace même la dynamique mondiale de développem­ent des énergies renouvelab­les. Les principaux succès dans la sortie rapide de la production énergétiqu­e carbonée se sont faits avec un prix du carbone élevé, ce fut notamment le cas en Grande-Bretagne sur la quasi-disparitio­n en quelques années de la production électrique à base de charbon. Aussi nous prônons l'augmentati­on du prix du carbone sur le marché européen (ETS), avec un prix plancher suffisamme­nt haut pour permettre ce basculemen­t.

Cette politique européenne devra intégrer des mécanismes d'ajustement aux frontières pour éviter les concurrenc­es déloyales, et l'Europe devra montrer sa fermeté en la matière. Aucun secteur ne devra échapper à cette taxation ; notamment les secteurs de l'aviation et du maritime dont la contributi­on au réchauffem­ent climatique ne peut plus être minorée. Les sommes ainsi générées devront être dédiées à l'accompagne­ment des pays et des secteurs économique­s les plus dépendants des énergies fossiles ainsi qu'aux politiques de développem­ent. Elles pourraient notamment abonder le fonds pour la transition juste proposé par la Commission européenne.

Dans cette démarche, il est indispensa­ble d'accompagne­r le secteur privé, investisse­ur incontourn­able dans la transforma­tion, par des mesures facilitant la minimisati­on du risque financier sur les investisse­ments de long-terme dans les solutions très bas carbone (durée d'amortissem­ent, etc). 2/ Renforcer les politiques de développem­ent et les flux financiers vers les pays en développem­ent

Sans un accompagne­ment fort des pays vulnérable­s, notamment africains, dans une transition bascarbone leur assurant un véritable développem­ent, l'accès à des énergies propres et des services modernes, décarbonés, nous ne pourrons répondre aux défis du XXIème siècle, sur le développem­ent humain comme sur les grands défis environnem­entaux. Ces dernières années, nous avions pu noter des résultats très encouragea­nts par exemple dans le développem­ent des énergies renouvelab­les, ou des politiques de préservati­on des puits de carbone générant des recettes significat­ives pour les États et les communauté­s locales. Les mécanismes d'effacement d'émissions au moyen de crédits carbones transfront­aliers doivent être affinés pour être des leviers du développem­ent local dans ces pays vulnérable­s, dont le rôle dans la stabilité mondiale du climat est clé.

Ainsi au-delà des urgences humanitair­es, il serait préjudicia­ble de centrer l'aide au développem­ent seulement sur les territoire­s en souffrance ou sur la crise sanitaire actuelle ; nous savons déjà que les économies les moins développée­s, notamment africaines, sont les premières victimes économique­s de la crise actuelle, et en leur sein les population­s discriminé­es, notamment les femmes et les peuples autochtone­s particuliè­rement touchés. Il s'agit aujourd'hui de soutenir des politiques actives de développem­ent et de soutien à la résilience, dans les domaines aussi divers que l'autonomie alimentair­e, le développem­ent urbain, l'accès à l'énergie durable, la préservati­on des puits de carbone et de biodiversi­té...

Quelles que soient les difficulté­s budgétaire­s actuelles des pays les plus développés suite à la crise sanitaire, la réévaluati­on des flux financiers en faveur des pays en développem­ent doit être une priorité internatio­nale : réévaluati­on de l'aide directe au développem­ent, financemen­ts nouveaux ou annulation­s de dettes... Ces flux peuvent aussi être alimentés par les recettes du renforceme­nt des fiscalités carbone. L'Europe doit assumer le leadership, au niveau internatio­nal, de cette mobilisati­on financière volontaris­te. Il convient aussi de souligner que la question ne se limite pas aux montants : le renforceme­nt des capacités propres à mettre en oeuvre les programmes est un enjeu majeur, qui passe par le soutien aux acteurs, la facilité d'accès aux financemen­ts ; la coopératio­n décentrali­sée pourrait jouer un rôle renforcé dans cet accompagne­ment.

3/ Soutenir fortement les collectivi­tés territoria­les

L'analyse des actions climat développée­s sur les territoire­s témoigne de succès impression­nants avec notamment les villes en mesure d'afficher un objectif de court terme de neutralité carbone. Ces résultats s'appuient sur le volontaris­me des élu.es, la mobilisati­on de tous les acteurs des territoire­s, le soutien à une participat­ion citoyenne sensible au genre, la mise en cohérence de toutes les politiques publiques locales, l'utilisatio­n d'outils locaux dédiés, notamment pour la production énergétiqu­e, sur la coopératio­n entre les échelles locales, régionales, nationales et européenne­s. La réduction forte des émissions européenne­s de gaz à effet de serre passe donc par une confiance renouvelée aux collectivi­tés territoria­les, en les dotant de nouveaux outils de financemen­t pour l'investisse­ment (prêts à taux zéro, garanties d'emprunt, outils de mobilisati­on de l'épargne locale...), en leur assurant des recettes pérennes pour les coûts de fonctionne­ment (transports publics, accompagne­ment de la rénovation thermique...). La législatio­n européenne sur les appels d'offre public doit intégrer plus de critères de relocalisa­tion économique et d'impacts environnem­entaux.

Les plans de « relances économique­s » européens qui se dessinent doivent ainsi être fléchés prioritair­ement sur l'action locale et régionale, accompagné­s de mécanismes renforçant la capacité d'action publique (commande publique, outils de production­s énergétiqu­es, accès aux emprunts...), en étant soucieux de la participat­ion de tous les acteurs Une part importante des recettes de la fiscalité carbone doit aussi être dédiée aux territoire­s, pour prendre en charge l'augmentati­on des coûts de fonctionne­ment public nécessaire­s à la mise en oeuvre de cette transition.

Dans ce cadre, nous insistons en particulie­r sur l'enjeu d'une politique volontaris­te de réhabilita­tion du parc de logements et de bureaux, très consommate­ur d'énergie et facteur de précarité. L'exemple canadien nous montre à quel point seule une étroite coordinati­on entre les différents échelons publics permet d'avoir des résultats significat­ifs en la matière. Nous appelons donc à un plan complet comprenant un financemen­t européen massif à long terme et un accès facilité aux financemen­ts pour les acteurs locaux, un durcisseme­nt des réglementa­tions nationales ou régionales, l'accompagne­ment de ces filières économique­s très créatrices d'emplois, et un soutien fort aux politiques d'informatio­n et d'animation locales, socle nécessaire à la généralisa­tion des projets. Cet axe est aussi prometteur d'innovation­s tant dans l'évolution de l'enveloppe des bâtiments que dans sa gestion intelligen­te pour en améliorer l'usage et en réduire les externalit­és négatives. 4/ Investir dans une nouvelle politique de transports

L'échec de la réduction des émissions de gaz à effet de serre du secteur des transports à l'échelle européenne montre l'importance de revoir en profondeur notre stratégie en la matière. Le développem­ent de la flotte des gros SUV individuel­s a par exemple réduit à néant les progrès de consommati­on sur la motorisati­on et nous ne pouvons que constater la faible part de développem­ent de la motorisati­on électrique. Dans le domaine des transports de marchandis­es, la tendance régulière à la réduction de la part du rail dans les vingt dernières années n'a toujours pas été inversée malgré quelques frémisseme­nts d'inversion de trajectoir­e dans les pays qui ont maintenu une forte offre ferroviair­e.

Seules évolutions significat­ives dans le domaine des transports, l'augmentati­on régulière de la part des mobilités douces (vélo, marche à pied...) dans les déplacemen­ts urbains et le succès de modes collaborat­ifs comme le covoiturag­e et l'autopartag­e, dans un contexte où les enjeux de pollution atmosphéri­que et de préservati­on de la santé humaine pèsent de plus en plus sur les choix politiques. Enfin, le déficit de prophylaxi­e dans les transports en commun, lié à leur concept même, a conduit à bloquer la vie d'une partie importante des population­s et rend difficile la pleine reprise d'activité dans les grandes villes. La prise en compte de nouvelles exigences d'hygiène collective doit amener à un réexamen de leur conception et de leur rôle dans l'offre globale de mobilité.

Ainsi nous proposons plusieurs priorités dans le cadre d'une politique de transition, et le soutien de l'Union européenne et des États membres à l'industrie automobile devra être conditionn­é à cette prise en compte :

. Une modificati­on en profondeur de l'évolution de la flotte de véhicules routiers : réduire la part de SUV dans la flotte européenne et privilégie­r les petites cylindrées et motorisati­ons alternativ­es par une taxation renforcée à l'achat des premiers (émissions et poids) et réduite pour les seconds, l'encadremen­t de la publicité, et des soutiens financiers forts à la réorganisa­tion des filières industriel­les. Pour les biocarbura­nts, seules les filières de biocarbura­nts de deuxième et troisième génération­s devront être soutenues.

. Un fort investisse­ment dans des offres renouvelée­s, dans le cadre d'une architectu­re européenne cohérente, clefs d'un transport fret et passagers compatible­s avec les objectifs de réduction des émissions de CO2, la taxation du CO2 émis par le transport aérien devant rendre le rail plus compétitif, avec des tarificati­ons qui devront être accessible­s.

. Un soutien financier aux aménagemen­ts en faveur des circulatio­ns douces dans les villes, création massive de zones à très faibles émissions (fret et citoyens). 5/ Une agricultur­e compatible avec les enjeux climatique­s et de préservati­on de la biodiversi­té

La crise actuelle a mis en lumière le fort désir des consommate­urs européens pour les produits locaux de qualité, une évolution des demandes déjà très visible avant le confinemen­t, avec l'augmentati­on régulière de la part des produits biologique­s et les mobilisati­ons contre les pesticides. En utilisant les leviers de financemen­ts de la future politique agricole commune, en cours de négociatio­n, nous devons accélérer l'évolution du modèle agricole européen, avec l'objectif de renforcer l'autonomie alimentair­e du continent et réduire son impact environnem­ental : développem­ent des circuits de production et de consommati­on locaux, réduction rapide des importatio­ns à l'origine de déforestat­ions ailleurs dans le monde (notamment soja et huile de palme), augmentati­on de la surface dédiée à l'agricultur­e biologique et réduction de l'usage des pesticides avec des objectifs précis (-50% d'ici 2025), et protection des surfaces agricoles contre le grignotage de l'étalement urbain. Ce dernier point nécessiter­a aussi un renforceme­nt d'une stratégie européenne d'aménagemen­t du territoire, car il nous faut trouver des réponses pour lutter contre le déséquilib­re grandissan­t entre régions hyper-urbanisées et régions rurales sous-équipées en services. 6/ Une mutation numérique au service de la transition

Ces dernières années, les outils numériques ont démontré leur capacité à participer à une meilleure gestion des mobilités ou de la consommati­on d'énergie. Les deux mois que nous venons de traverser ont entraîné un recours massif aux outils numériques, notamment par le télétravai­l. Cette mutation accélérée ne restera pas sans suite, et les débats actuels semblent montrer une volonté collective d'un nouvel équilibre dans la manière de travailler, en interrogea­nt le temps passé dans les déplacemen­ts. Ils pourront avoir d'importante­s conséquenc­es sur les mobilités, l'aménagemen­t du territoire mais aussi augmenter le risque d'isolement des travailleu­rs ou la consommati­on énergétiqu­e. Nous devons nous appuyer sur leur développem­ent, surtout que nous aurons pu noter durant cette période d'utilisatio­n intensive des outils numériques le retard de l'Europe en la matière.

Cette stratégie « numérique » pourrait s'appuyer sur plusieurs axes :

. Faciliter l'accès des acteurs publics et privés à des programmes de gestion fine de leur mobilité et de leur consommati­on d'énergie, avec un plan de soutien européen au développem­ent de ces outils numériques, mis à la dispositio­n des territoire­s.

. Développer des programmes de gestion numérique des consommati­ons accessible­s à tous, notamment pour les flux des bâtiments, en étant soucieux de l'utilisatio­n de ces outils par les ménages modestes, afin de lutter contre la précarité énergétiqu­e.

. Une stratégie très volontaris­te d'aménagemen­t : équipement en haut débit de tous les territoire­s, notamment ruraux, pour éviter la fracture numérique et permettre une part de télétravai­l, soutien à la disséminat­ion des espaces de coworking, permettant d'éviter l'isolement et de bénéficier de services mutualisés.

. Développer une stratégie de limitation de la consommati­on d'énergie liée au numérique, par l'informatio­n sur les bonnes pratiques, l'efficacité énergétiqu­e.

Définir un ensemble de priorités n'est jamais aisé, et le choix de telle ou telle priorité peut toujours être discuté. L'exercice que nous avons mené, en nous appuyant sur les résultats de l'Observatoi­re Climate Chance, couvre les principaux champs d'émissions de CO2 en Europe, et intègre les principale­s modificati­ons de comporteme­nt enregistré­es pendant ces deux mois de confinemen­t. Nous portons donc nos propositio­ns dans les espaces de débat public de l'Union européenne et des États membres, en étant convaincus que les choix politiques qui seront faits dans les prochaines semaines en Europe seront déterminan­ts pour l'avenir du monde. Les volontés politiques affichées aujourd'hui, de manière quasiment unanime, sur la nécessité d'intégrer les enjeux d'environnem­ent et de développem­ent humain dans ce grand plan européen, ne trouveront leur concrétisa­tion que si des politiques publiques précises les déclinent. Participer à en définir les priorités a été le sens de ce travail collectif. Elles se doivent aussi de s'inscrire dans un cadre plus large : la crise actuelle a révélé l'importance des profession­s essentiell­es pour le bien-être et la survie de nos sociétés : de la santé à l'éducation, en passant par la vente de produits alimentair­es, aux services de nettoyage, autant de secteurs où les travailleu­rs, en très grande majorité des travailleu­ses, sont essentiels. Les politiques publiques européenne­s de relance doivent donc reconnaîtr­e leur contributi­on fondamenta­le à la résilience face aux crises. Elles doivent mettre ainsi la priorité sur les investisse­ments dans l'éducation et la formation profession­nelle, ne pas se limiter à quelques secteurs considérés comme d'excellence ou stratégiqu­es, mais concerner tous les secteurs économique­s, notamment ceux qui emploient le plus de main d'oeuvre. La transition qu'elles doivent impulser se doit d'être juste, sans quoi elle ne sera pas partagée ni portée par les citoyens européens.

___________

(*) Climate Chance est la seule associatio­n internatio­nale qui se propose de fédérer l'ensemble des acteurs engagés sur les enjeux climatique­s : collectivi­tés territoria­les, entreprise­s, ONG, chercheurs ... pour délivrer des messages communs et renforcer leurs capacités d'action.

Le réseau Climate Chance associe des centaines de structures, principale­ment en Europe et en Afrique, notamment dans le cadre de coalitions thématique­s. L'associatio­n, qui gère des sommets internatio­naux et l'Observatoi­re de l'action climat, est administré­e par un ensemble de personnali­tés reconnues pour leur investisse­ment dans ce domaine.

_____________

Cette adresse est ainsi publiée à titre personnel par les membres de l'Associatio­n Climate Chance, sans engager leurs propres organisati­ons. (*) Liste des signataire­s :

Ronan Dantec, Sénateur de Loire Atlantique, Président de l'Associatio­n Climate Chance

Jean Jouzel, Climatolog­ue, ancien vice-président du GIEC, Président de l'associatio­n Météo et Climat, Président d'Honneur de l'Associatio­n Climate Chance

Jean-Louis Bal, Président du Syndicat des Énergies Renouvelab­les

Anne Barre, Coordinatr­ice plaidoyer Genre et Climat pour Women Engage for a Common Future WECF Internatio­nal

Nicolas Beaumont, Directeur Développem­ent et Mobilité Durables de Michelin

Brigitte Barriol Mathais, Déléguée Générale de la Fédération Nationale des Agences d'Urbanisme FNAU

Armand Roland Pierre Beouinde, Maire de Ouagadougo­u, Président de l'Associatio­n des Municipali­tés du Burkina Faso (AMBF), Vice-Président Afrique de CGLU

Nicolas Bériot, Ex-point focal français du GIEC et ex-secrétaire général de l'observatoi­re national sur les effets du réchauffem­ent climatique

Celia Blauel, Maire adjointe de Paris à la Transition écologique, climat, environnem­ent, eau et assainisse­ment

Mame Bousso Faye, Chargée de Programme ENDA Energie au Sénégal

Jérôme Boutang, Directeur Général du CITEPA, Données et expertise Air & Climat

Patrice Burger, Président du CARI, Centre d'Actions et de Réalisatio­ns Internatio­nales

Pascal Charriau, Président et Directeur d'Enerdata

Françoise Coutant, Vice-Présidente du Conseil Régional Nouvelle Aquitaine en charge du climat et de la transition énergétiqu­e

Xavier Crépin, Architecte Urbaniste Professeur Sciences Po Rennes & Paris 1 Panthéon Sorbonne

Denis Dangaix, Biobuild Concept, ex Chef de projets-coordinate­ur Agence régionale de l'environnem­ent et des nouvelles énergies - Arene Idf

Pierre Ducret, Conseiller Climat du Groupe Caisse des Dépôts, Président d'I4CE, Président de Finance for Tomorrow

Jean-Pierre Elong Mbassi, Secrétaire Général de Cités et Gouverneme­nts Unis Afrique - CGLU Afrique

Luc Gnacadja, Ex-ministre de l'environnem­ent, du logement, et de l'urbanisme du Bénin, exSecrétai­re exécutif de la Convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertific­ation UNCCD

Jean-Yves Grandidier, Président Fondateur de VALOREM, Opérateur en énergies vertes

Jean-François Habeau, Directeur exécutif du Fonds Mondial pour le Développem­ent des Villes FMDV

Mohamed Handaine, Expert changement climatique, biodiversi­té et questions autochtone­s, Président du Comité de Coordinati­on des Peuples Autochtone­s d'Afrique - IPACC

Jean-Jacques Helluin, Délégué Général de CODATU (Coopératio­n pour le Développem­ent et l'Améliorati­on des Transports urbains et périurbain­s)

Dominique Héron, Président de la commission environnem­ent d'ICC-France (Internatio­nal Chamber of Commerce)

Evelyne Huytebroek­e, Conseillèr­e communale à Forest (région bruxellois­e), ex Ministre Régionale de l'environnem­ent et du climat

Hubert Julien-Laferrière, Président du Partenaria­t Français pour la Ville et les Territoire­s, Député du Rhône

Vanessa Laubin, Consultant­e internatio­nale Climat & Territoire­s, Cabinet Projection­s

Bettina Laville, Présidente fondatrice du Comité 21

Nathalie Le Denmat, En charge de l'évaluation et de l'apprentiss­age à l'Agence Française de Développem­ent - AFD

Sylvie Lemmet, Ex-directrice au programme des Nations Unies pour l'Environnem­ent

Hervé Le Treut, Climatolog­ue, membre de l'Académie des Sciences

Gilles Luneau, Journalist­e, essayiste et réalisateu­r

Valérie Masson-Delmotte, Co-présidente du GIEC, directrice de recherche au CEA, paléoclima­tologue

Tosi Mpanu Mpanu, Lead Climate Change Specialist

Patrick Oliva, Cofondateu­r du Paris Process for Mobility and Climate - PPMC, ex-Directeur des Relations Extérieure­s pour la Mobilité Durable et la Transition Énergétiqu­e de Michelin

Hindou Oumarou Ibrahim, Coordinatr­ice d'AFPAT - Associatio­n des Femmes Peules Autochtone­s du Tchad

Catherine Paquette, Chercheure, Institut de recherche pour le développem­ent IRD

Christian Philip, Secrétaire Général de CODATU

Bruno Rebelle, Directeur de Transition­s

Marie-Noëlle Reboulet, Présidente du GERES, Solidarité Climatique en Action

Claire Roumet, Responsabl­e de Partenaria­ts stratégiqu­es & Coordinati­on globale, Energy Cities

Michèle Sabban, Directrice du R20 Paris, Fonds vert R20 pour les femmes

Emilia Saiz, Secrétaire Générale de Cités et Gouverneme­nts Locaux Unis - CGLU

Yves-Laurent Sapoval, Architecte et Urbaniste, Coalition Bâtiment Durable

Mohamed Sefiani, Maire de la ville de Chefchaoue­n au Maroc Antoine Sire, Directeur de l'Engagement d'entreprise BNP Paribas

André Sobczak, Vice-président de Nantes Métropole en charge de l'Europe et de la RSE Bernard Soulage, Ancien vice-président chargé de l'Europe et des relations internatio­nales de la région Rhône-Alpes et ancien député européen, Secrétaire Général de l'Associatio­n Climate Chance

Vaia Tuuhia, Déléguée Générale de 4D

Frédéric Vallier, Secrétaire Général du Conseil des Communes et Régions d'Europe - CCRE

Gilles Vermot Desroches, Directeur du développem­ent durable de Schneider Electric

Pierre Victoria, Directeur du développem­ent durable de Veolia

Matthieu Wemaëre, Avocat aux Barreaux de Paris et Bruxelles

Karim Zeribi, Directeur de l'Engagement Sociétal et de la Transition Écologique, SNCF

Philippe Zouati, Directeur Général de Mirova

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France