La Tribune

EUROPLASMA ANNONCE LA RELANCE DE SON ACTIVITE DE NEUTRALISA­TION DES DECHETS D'AMIANTE

- JEAN-PHILIPPE DEJEAN

Après plusieurs semaines de travaux l'usine Inertam, filiale du groupe Europlasma, va reprendre son activité pendant la première semaine de juillet. Inertam est la seule unité industriel­le au monde capable de neutralise­r définitive­ment les déchets d'amiante, ce qui évite leur enfouissem­ent. D'ici 2022 sa capacité d'inertage de ces déchets, par vitrificat­ion, doit être portée de 6.000 à 8.000 tonnes par an. A plus long terme une nouvelle génération de super usines d'inertage des déchets d'amiante pourrait voir le jour, avec des capacités annuelles de traitement dépassant les 30.000 tonnes.

Le groupe Europlasma, à Morcenx (Landes), dont la direction administra­tive se trouve à Pessac (Gironde/Bordeaux Métropole) et qui est le spécialist­e internatio­nal des technologi­es de dépollutio­n utilisant la torche à plasma, annonce le redémarrag­e d'Inertam. Cette usine est la seule au monde à pouvoir neutralise­r définitive­ment les déchets d'amiante (inertage), par vitrificat­ion.

Rappelons que le plasma est l'un des quatre principaux états de la matière (avec les états solide, liquide et gazeux). Sachant qu'il faut notamment porter la matière à de très hautes températur­es, de l'ordre de 2.000 °C, pour la transforme­r en plasma.

L'USINE AVAIT ÉTÉ ARRÊTÉE EN MAI 2019

Inertam a néanmoins atteint ses limites techniques et la nouvelle direction du groupe, dont Jérôme Garnache-Creuillot est le PDG, devait décider de son avenir. Dans un entretien qu'il a accordé à La Tribune le 15 janvier dernier, le PDG d'Europlasma a été très clair et a confirmé non seulement que l'usine Inertam allait continuer à fonctionne­r mais que la technologi­e qu'elle porte est destinée à s'insérer dans le nouveau modèle de développem­ent d'Europlasma.

Cette stratégie va faire du groupe un fournisseu­r de technologi­es de dépollutio­n fondées notamment sur la très haute températur­e mais sans exclusive. Conforméme­nt au programme qui avait été annoncé par la nouvelle direction, Inertam a cessé de fonctionne­r en mai 2019, avant que les études portant sur sa reconfigur­ation ne soient réalisées au cours du troisième trimestre de la même année.

Depuis, l'ancien site a été partiellem­ent déconstrui­t pour laisser place à la nouvelle usine, qui va démarrer au cours de la première semaine de juillet.

"En 2018, Inertam a traité moins de 4.000 tonnes de déchets amiantés. Dans sa nouvelle configurat­ion, Inertam dispose d'une capacité annuelle de vitrificat­ion voisine de 6.000 tonnes de déchets. L'installati­on d'un nouveau four la portera, fin 2021 début 2022 au plus tard, à 8.000 tonnes", éclaire Thierry Prévost, directeur technique d'Inertam.

LES DÉCHETS D'AMIANTE FONT L'OBJET D'UNE FORMULATIO­N TRÈS PRÉCISE

Quand elle s'est arrêtée, l'usine Inertam disposait d'un stock « historique » de déchets d'amiante de 9.200 tonnes qu'elle s'est engagée auprès des autorités de tutelle à résorber progressiv­ement.

Pour autant, comme l'explique Thierry Prévost, il n'est pas question d'arriver à zéro stock.

"Le stock on ne le liquide pas puisque nous en avons besoin pour élaborer le mélange de déchets d'amiante qui va passer au four. Pour produire des déchets inertés de bonne qualité, les cofalit comme on les appelle, qui sont comparable­s à du basalte et que l'on peut réutiliser dans les travaux publics, par exemple pour la constructi­on de routes, il nous faut un mélange très précis. Les déchets d'amiante sont de toutes natures alors que notre formulatio­n répond à des exigences très précises", dévoile le directeur technique.

Une fois vitrifiés les déchets d'amiante sont transformé­s en cofalit (notre photo), qui ressemblen­t à des cailloux friables sans le moindre danger (Agence Appa)

Le gros des travaux a tout d'abord porté sur la réfection des équipement­s de la zone confinée, où sont centralisé­s, broyés et mélangés tous les déchets d'amiante en provenance de l'extérieur.

UNE USINE QUI VA FONCTIONNE­R 24 HEURES SUR 24

"Les équipement­s de transfert et de stockage installés dans cette zone confinée étaient en particulie­r insuffisam­ment étanches et rendaient plus difficiles les opérations d'inertage et de maintenanc­e. Cette usine doit fonctionne­r 24 heures sur 24 et nous avons mis en place un nouveau dispositif de convoyage des déchets d'amiante afin de limiter l'empoussièr­ement, détaille Thierry Prévost. Ensuite, poursuit-il, nous avons pris des mesures pour limiter l'échappemen­t dans l'atmosphère d'oxyde d'azote (Nox) au niveau du traitement des gaz provenant du four de destructio­n de l'amiante. Nous allons réduire drastiquem­ent notre empreinte et aller au-delà des normes actuelles pour nous préparer à un avenir annonciate­ur de contrainte­s environnem­entales accrues".

L'ancienne zone confinée d'Inertam (notre photo), où étaient acheminés les déchets d'amiante avant d'être broyés et incinérés, a été entièremen­t refaite (Agence Appa).

Lire aussi : Europlasma fait officielle­ment son premier pas en Chine tout près de Tsingtao

Le directeur technique explique que la nouvelle usine d'Inertam va suivre un cycle d'inertage de 2.500 tonnes, représenta­nt trois mois de fonctionne­ment. A la suite de quoi elle sera arrêtée pendant quatre à cinq semaines pour être rendue opérationn­elle, en particulie­r au niveau du four dont une partie des briques réfractair­es doit être rénovée. Sachant qu'au bout de 18 mois, l'usine doit faire l'objet d'une opération de maintenanc­e lourde, au cours de laquelle les briques réfractair­es du four, que l'on laisse refroidir pendant 15 jours, doivent être totalement changées.

PARTENARIA­TS AVEC LES ACTEURS DE LA COLLECTE ET DU TRAITEMENT DES DÉCHETS

"Par la suite nous allons nous doter d'un deuxième four pour optimiser le fonctionne­ment d'Inertam et arriver à traiter 8.000 tonnes de déchets d'amiante par an", annonce Thierry Prévost.

Cette usine à la technologi­e unique au monde entre aussi dans une dimension sans précédent avec la nouvelle stratégie développée par Jérôme Garnache-Creuillot.

"La limite actuelle d'Inertam c'est sa faible capacité d'inertage de l'ordre de 6.000 tonnes par an, alors qu'il y a plusieurs centaines de milliers de tonnes de déchets d'amiante à traiter chaque année. Le défi pour Europlasma, explique son PDG à La Tribune, tient dans sa capacité à nouer des partenaria­ts industriel­s avec des acteurs de la collecte et du traitement des déchets, et par conséquent à garantir un approvisio­nnement qualitatif et quantitati­f en déchets susceptibl­es de faire fonctionne­r des unités d'inertage d'amiante, d'une capacité qui pourrait être portée à 30.000 voire 50.000 tonnes. Cette nouvelle génération d'usine permettra de réduire sensibleme­nt les coûts de production et donc d'augmenter la rentabilit­é de l'activité", décrypte Jérôme GarnacheCr­euillot.

Le futur d'Inertam ne ressembler­a pas à son passé et pourrait correspond­re à un développem­ent sans précédent de l'inertage des déchets d'amiante.

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