EUROPLASMA ANNONCE LA RELANCE DE SON ACTIVITE DE NEUTRALISATION DES DECHETS D'AMIANTE
Après plusieurs semaines de travaux l'usine Inertam, filiale du groupe Europlasma, va reprendre son activité pendant la première semaine de juillet. Inertam est la seule unité industrielle au monde capable de neutraliser définitivement les déchets d'amiante, ce qui évite leur enfouissement. D'ici 2022 sa capacité d'inertage de ces déchets, par vitrification, doit être portée de 6.000 à 8.000 tonnes par an. A plus long terme une nouvelle génération de super usines d'inertage des déchets d'amiante pourrait voir le jour, avec des capacités annuelles de traitement dépassant les 30.000 tonnes.
Le groupe Europlasma, à Morcenx (Landes), dont la direction administrative se trouve à Pessac (Gironde/Bordeaux Métropole) et qui est le spécialiste international des technologies de dépollution utilisant la torche à plasma, annonce le redémarrage d'Inertam. Cette usine est la seule au monde à pouvoir neutraliser définitivement les déchets d'amiante (inertage), par vitrification.
Rappelons que le plasma est l'un des quatre principaux états de la matière (avec les états solide, liquide et gazeux). Sachant qu'il faut notamment porter la matière à de très hautes températures, de l'ordre de 2.000 °C, pour la transformer en plasma.
L'USINE AVAIT ÉTÉ ARRÊTÉE EN MAI 2019
Inertam a néanmoins atteint ses limites techniques et la nouvelle direction du groupe, dont Jérôme Garnache-Creuillot est le PDG, devait décider de son avenir. Dans un entretien qu'il a accordé à La Tribune le 15 janvier dernier, le PDG d'Europlasma a été très clair et a confirmé non seulement que l'usine Inertam allait continuer à fonctionner mais que la technologie qu'elle porte est destinée à s'insérer dans le nouveau modèle de développement d'Europlasma.
Cette stratégie va faire du groupe un fournisseur de technologies de dépollution fondées notamment sur la très haute température mais sans exclusive. Conformément au programme qui avait été annoncé par la nouvelle direction, Inertam a cessé de fonctionner en mai 2019, avant que les études portant sur sa reconfiguration ne soient réalisées au cours du troisième trimestre de la même année.
Depuis, l'ancien site a été partiellement déconstruit pour laisser place à la nouvelle usine, qui va démarrer au cours de la première semaine de juillet.
"En 2018, Inertam a traité moins de 4.000 tonnes de déchets amiantés. Dans sa nouvelle configuration, Inertam dispose d'une capacité annuelle de vitrification voisine de 6.000 tonnes de déchets. L'installation d'un nouveau four la portera, fin 2021 début 2022 au plus tard, à 8.000 tonnes", éclaire Thierry Prévost, directeur technique d'Inertam.
LES DÉCHETS D'AMIANTE FONT L'OBJET D'UNE FORMULATION TRÈS PRÉCISE
Quand elle s'est arrêtée, l'usine Inertam disposait d'un stock « historique » de déchets d'amiante de 9.200 tonnes qu'elle s'est engagée auprès des autorités de tutelle à résorber progressivement.
Pour autant, comme l'explique Thierry Prévost, il n'est pas question d'arriver à zéro stock.
"Le stock on ne le liquide pas puisque nous en avons besoin pour élaborer le mélange de déchets d'amiante qui va passer au four. Pour produire des déchets inertés de bonne qualité, les cofalit comme on les appelle, qui sont comparables à du basalte et que l'on peut réutiliser dans les travaux publics, par exemple pour la construction de routes, il nous faut un mélange très précis. Les déchets d'amiante sont de toutes natures alors que notre formulation répond à des exigences très précises", dévoile le directeur technique.
Une fois vitrifiés les déchets d'amiante sont transformés en cofalit (notre photo), qui ressemblent à des cailloux friables sans le moindre danger (Agence Appa)
Le gros des travaux a tout d'abord porté sur la réfection des équipements de la zone confinée, où sont centralisés, broyés et mélangés tous les déchets d'amiante en provenance de l'extérieur.
UNE USINE QUI VA FONCTIONNER 24 HEURES SUR 24
"Les équipements de transfert et de stockage installés dans cette zone confinée étaient en particulier insuffisamment étanches et rendaient plus difficiles les opérations d'inertage et de maintenance. Cette usine doit fonctionner 24 heures sur 24 et nous avons mis en place un nouveau dispositif de convoyage des déchets d'amiante afin de limiter l'empoussièrement, détaille Thierry Prévost. Ensuite, poursuit-il, nous avons pris des mesures pour limiter l'échappement dans l'atmosphère d'oxyde d'azote (Nox) au niveau du traitement des gaz provenant du four de destruction de l'amiante. Nous allons réduire drastiquement notre empreinte et aller au-delà des normes actuelles pour nous préparer à un avenir annonciateur de contraintes environnementales accrues".
L'ancienne zone confinée d'Inertam (notre photo), où étaient acheminés les déchets d'amiante avant d'être broyés et incinérés, a été entièrement refaite (Agence Appa).
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Le directeur technique explique que la nouvelle usine d'Inertam va suivre un cycle d'inertage de 2.500 tonnes, représentant trois mois de fonctionnement. A la suite de quoi elle sera arrêtée pendant quatre à cinq semaines pour être rendue opérationnelle, en particulier au niveau du four dont une partie des briques réfractaires doit être rénovée. Sachant qu'au bout de 18 mois, l'usine doit faire l'objet d'une opération de maintenance lourde, au cours de laquelle les briques réfractaires du four, que l'on laisse refroidir pendant 15 jours, doivent être totalement changées.
PARTENARIATS AVEC LES ACTEURS DE LA COLLECTE ET DU TRAITEMENT DES DÉCHETS
"Par la suite nous allons nous doter d'un deuxième four pour optimiser le fonctionnement d'Inertam et arriver à traiter 8.000 tonnes de déchets d'amiante par an", annonce Thierry Prévost.
Cette usine à la technologie unique au monde entre aussi dans une dimension sans précédent avec la nouvelle stratégie développée par Jérôme Garnache-Creuillot.
"La limite actuelle d'Inertam c'est sa faible capacité d'inertage de l'ordre de 6.000 tonnes par an, alors qu'il y a plusieurs centaines de milliers de tonnes de déchets d'amiante à traiter chaque année. Le défi pour Europlasma, explique son PDG à La Tribune, tient dans sa capacité à nouer des partenariats industriels avec des acteurs de la collecte et du traitement des déchets, et par conséquent à garantir un approvisionnement qualitatif et quantitatif en déchets susceptibles de faire fonctionner des unités d'inertage d'amiante, d'une capacité qui pourrait être portée à 30.000 voire 50.000 tonnes. Cette nouvelle génération d'usine permettra de réduire sensiblement les coûts de production et donc d'augmenter la rentabilité de l'activité", décrypte Jérôme GarnacheCreuillot.
Le futur d'Inertam ne ressemblera pas à son passé et pourrait correspondre à un développement sans précédent de l'inertage des déchets d'amiante.