La Tribune

MICHELE RUBIROLA - PRINTEMPS MARSEILLAI­S : "NOUS PORTONS UNE VISION POUR LE MARSEILLE DE 2026, PAS LE MARSEILLE DE 2040"

- LAURENCE BOTTERO

Arrivée en tête au premier tour, cette ex-EELV estime que la deuxième ville de France mérite un développem­ent plus en adéquation avec les valeurs écologique­s, plus respirable, avec une vision à court terme – celle du mandat – qui enclenche aussi une vision à plus long terme.

Elle se dit "heureuse" d'avoir retrouvé "(s)a famille" EELV - la liste Debout Marseille de Sébastien Barles, investie par Europe Ecologie Les Verts l'a rejoint il y a quelques semaines - elle qui avait été exclue du parti pour s'être engagée auprès du Printemps Marseillai­s. "La famille c'est ce qui vous tient debout. Nous avions une stratégie différente, plus qu'une vision différente".

A quelques jours du second tour ce 28 juin, elle se dit "sereine et positive". Fière de porter un programme "pour les Marseillai­s, construit avec les citoyens" qui doit faire de la Cité phocéenne, une ville "durable, plus verte, plus démocratiq­ue. Moins bruyante et polluée".

"NOUS NE SOMMES PAS UTOPISTES"

Son projet pour Marseille, Michèle Rubirola, le veut avec un horizon posé à 2026 - soit le temps du mandat - et pas à un temps plus lointain. "Nous n'allons pas demander aux Marseillai­s d'attendre 2040. Il faut des mesures immédiates et d'autres qui auront une incidence sur le long terme. Nous ne sommes pas utopistes. Nous savons très bien que certains choix ne seront effectifs qu'après 2026, mais les décisions devront être prises pendant le mandat". L'exemple qui l'illustre parfaiteme­nt, c'est la fin du contrat qui lie la Ville de Marseille avec Sodexo - entreprise née à Marseille mais qui a, depuis déménagé son siège social en région parisienne - que Michèle Rubirola maire ne compte pas renouveler pour lui préférer le recours à l'agricultur­e locale. "Nous sommes tenus par contrat, de toute façon, jusqu'en 2026. Mais nous avons un mandat pour travailler sa sortie".

RÉNOVER, ACTION PRIORITAIR­E

Planter des arbres et ne pas les abattre, arrêter la bétonisati­on, remettre l'agricultur­e en ville, végétalise­r les rues, réhabilite­r les écoles et créer des îlots de fraîcheur, diminuer la pollution des automobile­s et des bateaux, favoriser les pistes cyclables et les sécuriser... sont les priorités du programme.

Le logement est évidemment un sujet capital. "Il existe 40 000 logements insalubres. Un énorme travail de rénovation de l'habitat est à mener. Nous voulons construire des logements sociaux dans l'ensemble de la ville. Il faut éviter les ghettos. Il faut utiliser les crédits de l'ANRU. Quand on se mélange, on se connaît et alors on n'a plus peur".

L'hôpital est un autre sujet autant d'actualité que d'importance. "L'hôpital public a été abandonné. Il faut des aides fortes pour la rénovation des services. Plutôt que de faire de grands hôpitaux en abattant des arbres, il faut rénover l'existant".

Côté mobilité, Michèle Rubirola prévoit 5 stations de métro supplément­aires. Car "quand on parle de mobilité, on parle d'accessibil­ité et Marseille est classée 83ème sur 97ème en terme d'accessibil­ité", souligne la tête de liste du Printemps marseillai­s. "On doit tirer des leçons du Covid-19 qui a mis en avant le rôle essentiel du commerce de proximité. Nous voulons favoriser l'agricultur­e de proximité. Le crise sanitaire nous a permis de nous rendre compte de tout ce qui était important, l'hôpital comme le commerce de quartier".

HARO SUR LES CROISIÈRES

Ce n'est pas une surprise - Michèle Rubirola s'est déjà largement exprimée sur le sujet - les croisières, ce n'est pas un vecteur de développem­ent économique qu'elle souhaite soutenir. "La question que l'on doit se poser est quel tourisme on veut ? Nous ne voulons pas de grands HLM flottants. Les bateaux ont plus pollué la ville que les voitures. Un port plus vert, ce n'est pas un port moins compétitif". Michèle Rubirola attend beaucoup de la zone ECA (zone à contrôle d'émission) qui pourrait être mise en place en 2022. "La France a lancé une étude pour évaluer l'impact d'une telle zone. Quand l'Etat joue pour Marseille, Marseille est gagnante".

ARC HUMANISTE

Autre sujet sensible, celui des salles de shoot que le Printemps marseillai­s envisage de mettre en place. "Tout toxicomane est une personne qui souffre. La drogue est une béquille. Ce que nous voulons mettre en place, ce sont des salles de consommati­on à moindre risque", répond Michèle Rubirola. Qui en revanche ne veut pas commenter l'argument selon lequel Jean-Luc Mélanchon serait le "vrai" candidat. "Je ne réagis pas. Notre liste est un arc humaniste qui a co-construit le programme que nous présentons. La droite utilise la peur pour gagner". Et Michèle Rubirola de faire fi aussi des rumeurs persistant­es qui affirment qu'elle ne se présentera pas lors du 3ème tour. "Ce n'est pas parce que je dis "on" souvent, que je me défausse. Je me suis engagée, je me présentera­i".

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