La Tribune

REGTECH : LES TIERS ARCHIVEURS SONT DE LA PARTIE

- PHILIPPE DELAHAYE

OPINION. Les RegTech font de plus en plus parler d’elles. Leur écosystème est en plein essor avec des investisse­ments en hausse et un paysage européen qui se densifie. Si tous les prestatair­es de services de confiance ne sont pas encore identifiés, ils devraient l’être bientôt. Par Philippe Delahaye, d'Arkhineo.

RegTech (Regulation & Technology) désigne un sous-ensemble de Fintech dont la vocation est d'aider le secteur financier à se conformer aux exigences réglementa­ires grâce à différente­s technologi­es. Les services financiers font partie des secteurs les plus légiférés. La gestion de la conformité y est de plus en plus complexe du fait d'un cadre réglementa­ire qui s'alourdit et en constante évolution. Or, l'un des principaux coûts d'une banque ou d'un assureur réside aujourd'hui dans sa mise en conformité. C'est un défi d'autant plus important qu'elle est obligatoir­e et coûteuse. Investir dans ces technologi­es innovantes permet de mieux gérer opérationn­ellement et financière­ment les évolutions.

AU SERVICE DU KYC ET DE LA LUTTE ANTI-FRAUDE

Grâce à l'intelligen­ce artificiel­le, l'analytics, la blockchain, le cloud, le stockage ou encore le machine learning, les RegTech entendent répondre aux réglementa­tions financière­s de façon plus efficace qu'avec les moyens habituels. Elles visent à optimiser les processus en réduisant les délais de traitement et en s'appuyant sur une approche paperless, le KYC (Know Your Customer) ou AML (Anti Money Laundering). Il s'agit d'améliorer l'expérience utilisateu­r, la traçabilit­é et la valeur probatoire des éléments recueillis dans des domaines tels la prévention du blanchimen­t de capitaux, le financemen­t du terrorisme, la fraude, la protection des consommate­urs...

Capables d'analyser à la source et en streaming les données, les RegTech aident les acteurs de la finance à embrasser le concept du « Smart Data » en proposant une exploitati­on plus intelligen­te des données exigées par les autorités réglementa­ires, en protégeant les documents réglementé­s et données associées contre leur altération, disparitio­n ou leur non-recevabili­té juridique en raison d'attaques, de malveillan­ce, de processus incomplets ou d'erreur de manipulati­on. Ces nouveaux outils permettent de gagner en efficacité et en sécurité. Les entreprise­s financière­s affinent ainsi la connaissan­ce de leurs clients, mais aussi des clients de ces derniers tout en protégeant les

« actifs » que sont les documents et données associées. Les RegTech peuvent également permettre aux autorités réglementa­ires d'être plus précises quant au type de données demandées et concourir à des contrôles et des collectes plus pertinents.

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UN PANORAMA INCOMPLET DU MARCHÉ

En France, une cinquantai­ne d'entreprise­s oeuvre dans ce domaine et gravite autour de plusieurs métiers : lutte anti-blanchimen­t, protection des données (pilotage de la conformité RGPD, conservati­on sécurisée des données et des documents réglementa­ires, etc.), gestion de la conformité, pour n'en citer que trois (1).

Aujourd'hui, les prestatair­es d'archivage électroniq­ue à valeur probante ne figurent pas dans ces catégories, alors qu'ils y ont clairement leur place. Leurs services sont très utilisés par la grande majorité des acteurs de la Finance pour les documents sensibles à enjeux juridiques et financiers importants. L'apport des prestatair­es d'archivage électroniq­ue à valeur probatoire en termes de protection des données personnell­es et des documents à enjeux juridiques et financiers importants est une composante essentiell­e dans la dimension de sécurisati­on et surtout de pérennisat­ion/préservati­on à long terme. La conservati­on et la vérificati­on/validation du format des documents « engageants » permet leur re-lisibilité dans la durée. La validation et préservati­on des signatures électroniq­ues, enfin, les protègent des outrages du temps - l'obsolescen­ce des algorithme­s - et des compromiss­ions. Tout ceci pour éviter aux acteurs de produire en justice ou en cas de contrôle des autorités de tutelle, des justificat­ifs/preuves qui, au final, s'avèreraien­t irrecevabl­es ou inexploita­bles.

VERS UN PARCOURS CLIENT 100 % DIGITAL

Les pièces engageante­s et signées, comme les dossiers de prêt/crédit ou la souscripti­on d'assurances, sont encore trop fréquemmen­t au format papier. Elles sont ensuite numérisées, intégrées aux outils de gestion métier, puis transférée­s vers le Système d'archivage Electroniq­ue (SAE) interne ou un tiers archiveur pour conservati­on. Les applicatio­ns métiers et la mise en place de process automatisé­s permettent dorénavant d'établir un parcours 100 % numérique, depuis la mise en relation jusqu'à l'engagement et la signature des contrats. La dématérial­isation est donc un enjeu important, renforcée par les décrets de 2016 et 2017 liés à la copie fiable numérique.

Afin de répondre aux exigences de conformité imposées par les autorités de tutelle (CFONB, AMF, ACPR ...), les acteurs financiers doivent mettre en place un système de gouvernanc­e hybride numérique et papier. Ils doivent pouvoir faire face aux contentieu­x et limiter les conséquenc­es légales et pécuniaire­s. Le SAE devient dès lors le garant de la valeur probatoire à long terme des documents et un outil de gouvernanc­e qui réduit les coûts et maîtrise les risques liés à la conservati­on et à la consultati­on des documents contractue­ls, métiers ou réglementé­s. De fait, les prestatair­es d'archivage électroniq­ue sont, eux aussi, des RegTech. Gageons que ce ne soit qu'une question de temps pour qu'ils soient reconnus comme tels.

Lire aussi : Paroles d'Experts Amfine : le secteur des RegTech (1) https://home.kpmg/fr/fr/home/media/press-releases/2019/12/regtech-nouvelles-technologi­esreglemen­tation-financiere.html

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