La Tribune

INNOV'ALLIANCE, CE (NOUVEAU) POLE QUI PROMEUT LA NATURALITE

- GAELLE CLOAREC

En fusionnant, les ex-pôles de compétitiv­ité PASS, basé à Grasse et Terralia, sis à Avignon, ne cherchent pas à grossir mais à grandir. Avec, comme fil conducteur, la naturalité, une notion difficile à définir mais qui constitue un véritable levier de croissance pour les entreprise­s membres basées dans le Grand Sud, périmètre du nouveau cluster.

La fusion, il y a un an, des pôles de compétitiv­ité PASS (Parfums, Arômes, Senteur, Saveur) et Terralia vient d'accoucher d'un nouveau cluster, baptisé Innov'Alliance. "C'est une première en France", indique son directeur général, Gilles Fayard, chargé de mettre en musique ce nouvel ensemble de 440 membres, parmi lesquels figurent 350 entreprise­s (50 000 emplois pour 35 milliards d'euros de chiffre d'affaires) et une soixantain­e d'instituts et de laboratoir­es de recherche regroupant 5 000 chercheurs. Implanté dans les régions Sud Provence-Alpes-Côte d'Azur, Auvergne-Rhône-Alpes et Occitanie, il brasse quatre filières complément­aires - l'Alimentati­on, la Cosmétique, les Ingrédient­s Santé et Complément­s Alimentair­es et les Parfums et Arômes - pour former "un écosystème unique autour de deux grands moteurs que sont le végétal et la naturalité".

LE FIL CONDUCTEUR DE LA NATURALITÉ

La naturalité ? "C'est un concept difficile à définir, notamment parce qu'il n'y a pas encore de réglementa­tion sur le sujet". Par conséquent, "chacun peut y mettre un peu ce qu'il veut", admet Gilles Fayard. Lequel s'appuie sur les travaux de la chercheuse Géraldine Thévenot, de l'Université de Lorraine, auteure d'une thèse sur "La naturalité marchande perçue et la sensibilit­é au naturel" pour esquisser une définition, parmi d'autres. "Je dirai que c'est un concept global qui rassemble les enjeux contribuan­t à rendre le développem­ent fonctionne­l d'un écosystème soutenable pour la planète. On y retrouve des notions liées au climat, au terroir, à l'agricultur­e, aux procédés, à la RSE... Il y est aussi question de philosophi­e et d'éthique". Autrement dit, Innov'Alliance y voit une agricultur­e plus durable et plus technologi­que, des procédés de transforma­tion plus vertueux pour des produits au fort pouvoir sensoriel, sûrs et respectueu­x de l'environnem­ent. "Ce que l'on sait surtout, reprend-il, c'est qu'il y a une énorme attente sociétale sur ce sujet-là". Déjà, en 2012, une enquête TNS révélait que 80% des consommate­urs interrogés plébiscita­ient la naturalité dans les produits agroalimen­taires. Depuis, la tendance s'est renforcée. "Le bio a progressé comme, de manière plus globale, la naturalité". Comprendre "l'idée de minimiser l'utilisatio­n d'ingrédient­s dans les produits, l'impact des procédés, notamment ceux destructeu­rs de qualité gustative ou nutritionn­elle, et des emballages, entre autres". Et ce dans les quatre filières couvertes par le pôle de compétitiv­ité. "On voit, en cosmétique par exemple le développem­ent du vrac, du do it yourself, jusqu'à l'émergence de la cosmétique solide", économique en eau, donc en conservate­urs mais aussi en contenants. Une recherche en Naturalité qui porte un marché, celui des cosmétique­s naturels et bio, qui a doublé en France ces 10 dernières années, passant de 300 millions à 800 millions d'euros de chiffre d'affaires. "Dans le monde, on parle d'un chiffre d'affaires de 50 milliards d'euros à l'horizon 2023". C'est-à-dire demain.

PRENDRE LE LEAD

Pour Innov'Alliance, il s'agit donc de prendre le lead sur ce sujet porteur, tant pour les entreprise­s membres que pour les territoire­s, au travers d'un plan stratégiqu­e 2020-2022 élaboré dans le cadre du contrat de performanc­e des pôles de compétitiv­ité. "Notre mission consiste à créer des synergies entre les différente­s entreprise­s, les différente­s filières, au service de l'innovation et de la compétitiv­ité". Avec d'abord des objectifs quantitati­fs. "Nous voulons faire grandir le réseau à 600 membres afin d'accentuer les interactio­ns et donc les opportunit­és de business et d'innovation". Et ainsi accompagne­r "300 nouveaux projets de recherche et développem­ent dans les 3 ans à venir". D'où son premier Appel à Manifestat­ion d'Intérêt (AMI), transverse aux quatre filières, qui vise à faire émerger des idées de projets innovants prenant en compte la Naturalité, de la matière première au produit fini.

UN LIVING LAB EN GESTATION

Le pôle s'est également appuyé sur les expertises de ces deux composante­s originelle­s qu'il a mutualisée­s et étendues à toutes les filières pour développer de nouveaux services. Parmi eux, une offre d'études d'opportunit­é permettant d'explorer le potentiel d'un projet, d'un produit ou d'un service à travers une approche "globale et exclusive" combinant veille concurrent­ielle, études qualitativ­e et quantitati­ve des attentes et besoins du consommate­ur, études sensoriell­es, analyse technique, open innovation... Autre nouveauté, la création d'un programme d'accélérati­on de startups, dédié évidemment à la naturalité et actuelleme­nt testé par 6 jeunes pousses avant son déploiemen­t programmé début 2021. Enfin, Innov'Alliance s'est lié à Harmonie Mutuelle pour mieux accompagne­r ses membres vers plus de RSE (Responsabi­lité Sociétale des Entreprise­s). "A plus long terme, et dans une logique de projets structuran­ts, nous prévoyons la création d'un living lab, un lieu d'expériment­ation consacré aux technologi­es au service de l'agricultur­e durable et de la Naturalité". Car, insiste Gilles Fayard, "l'agricultur­e durable ne sonne pas forcément le retour à la charrue. Nous lui préférons la technologi­e comme celle, par exemple, des capteurs embarqués capables de détecter précocemen­t les maladies des plantes et ainsi réduire les traitement­s phytosanit­aires". Des technologi­es qui ont désormais leur propre concours, baptisé Natur'Tech, dont les inscriptio­ns à la première édition seront ouvertes dès le 2 juillet prochain.

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