La Tribune

SEGUR DE LA SANTE : LE GOUVERNEME­NT PROMET 6 MILLIARDS D'EUROS POUR LES SALAIRES A L'HOPITAL ET EN EHPAD

- AFP

Le ministre de la Santé Olivier Véran a mis sur la table une enveloppe de 6 milliards d'euros à partager entre les hôpitaux et les Ehpad. Cette somme reste néanmoins loin des attentes des agents de la fonction publique hospitaliè­re qui souhaitent obtenir des fonds supplément­aires.

"On connait enfin le bas de la fourchette" a déclaré après la réunion avec le ministre de la santé, un responsabl­e syndical du secteur hospitalie­r, mercredi 24 juin. Un mois après le lancement du "Ségur de la santé", les remèdes du gouverneme­nt pour répondre aux besoins des hôpitaux avant et après la crise du Covid-19 étaient particuliè­rement attendus. Olivier Véran est donc arrivé hier à la table des négociatio­ns, face aux syndicats hospitalie­rs, avec un chiffre : six milliards d'euros. Cette enveloppe est à partager entre hôpitaux et Ehpad publics, mais aussi pour partie avec le secteur privé. Ces fonds doivent améliorer la rémunérati­on des personnels hospitalie­r, hors médecins qui font l'objet d'une négociatio­n parallèle.

Le ministre de la Santé engage cette somme "pour les hôpitaux, les établissem­ents médico-sociaux (publics, ndlr) et les établissem­ents privés", a indiqué à l'AFP un des participan­ts. Ce montant inclut une augmentati­on générale des salaires des agents de la fonction publique hospitaliè­re (hôpitaux, Ehpad...), une refonte des primes, ainsi que des hausses ciblées sur certaines profession­s, qui pourraient être étendues aux établissem­ents privés, ont précisé trois autres sources.

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DES HAUSSES À PARTIR DU 1ER JUILLET

Selon un projet d'accord présenté lors d'une précédente réunion le 19 juin, ces hausses ciblées concernera­ient notamment les catégories soignantes (infirmiers, aides-soignants) et médicotech­niques (technicien­s de laboratoir­e, manipulate­urs radio). Ce document, remis aux syndicats, prévoyait que l'augmentati­on générale des salaires dans le secteur public entre en vigueur à compter du 1er juillet pour le million d'agents du secteur public, qu'ils soient titulaires ou contractue­ls.

Pour un responsabl­e syndical, la négociatio­n salariale peut désormais commencer. A deux semaines de la conclusion du "Ségur", "on entre dans le money-time", a déclaré ce syndicalis­te. Six milliards, c'est "une somme importante", a souligné de son côté une responsabl­e de la Fédération hospitaliè­re de France (FHF), qui avait évalué les besoins à 5,5 milliards d'euros, mais pour le seul secteur public. Il "reste à travailler, négocier et s'accorder sur le périmètre et la répartitio­n", a-t-elle insisté.

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"OBLIGATION DE RÉSULTAT"

Lancé fin mai par Edouard Philippe, le "Ségur de la santé", piloté par l'ancienne dirigeante de la CFDT Nicole Notat, doit concrétise­r d'ici mi-juillet le "plan massif de revalorisa­tion et d'investisse­ment" promis par Emmanuel Macron en pleine épidémie de coronaviru­s.

Reste que pour certains syndicats, qui revendique­nt une revalorisa­tion générale des salaires d'au moins 300 euros net par mois dans les établissem­ents publics, le compte n'y est toujours, malgré ces six milliards mis sur la table.

L'éventualit­é de devoir partager une partie de la somme avec le secteur privé, hypothèse qui ne figurait pas dans le projet d'accord, a ainsi surpris plusieurs participan­ts, hostiles à cette idée.

"Il faut que le gouverneme­nt revoie complèteme­nt sa copie", estime même une responsabl­e syndicale, pour qui "la pression" repose désormais sur les épaules de "l'exécutif, qui a une obligation de résultat".

Après le succès de leur journée d'action le 16 juin, qui a réuni plusieurs dizaines de milliers de manifestan­ts dans toute la France, plusieurs syndicats (CGT, FO, SUD, Unsa) et collectifs de soignants (Inter-Hôpitaux, Inter-Urgences) ont appelé à de nouveaux rassemblem­ents le 30 juin.

Une autre mobilisati­on est aussi envisagée le 14 juillet, sous une forme encore non définie, alors que le gouverneme­nt a prévu de rendre hommage aux soignants en ce jour de fête nationale, où le traditionn­el défilé militaire sera remplacé par une cérémonie sur la place de la Concorde.

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Pour l'heure, les principaux syndicats de médecins ne se sont pas joints à ces initiative­s, même si leur dernière réunion au ministère a tourné court mardi matin. Mécontents de l'absence de calendrier et de chiffrage concernant leurs rémunérati­ons, ils ont quitté la table au bout d'une heure pour "montrer (leur) mauvaise humeur".

Ils réclament notamment une hausse immédiate de 300 euros net mensuel pour les internes et une forte revalorisa­tion de leur grille de salaire, avec un minimum de 5.000 euros net en début de carrière et jusqu'à 10.000 euros en fin de carrière.

Les praticiens hospitalie­rs en sauront peut-être davantage lors d'une nouvelle séance de discussion programmée vendredi.

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