La Tribune

FIBRE DANS LES CAMPAGNES: INDUSTRIEL­S ET COLLECTIVI­TES VEULENT UNE RALLONGE FINANCIERE

- PIERRE MANIERE

Les acteurs du déploiemen­t de la fibre en France réclament 400 millions d’euros supplément­aires au gouverneme­nt. Une enveloppe jugée nécessaire car il reste, aujourd’hui, 3 millions de prises à financer.

Jamais le plan France Très haut débit, qui vise à apporter, essentiell­ement via la fibre, une connexion Internet ultra-rapide à tous les Français d'ici à 2022, n'a été aussi attendu au tournant. Et pour cause : la crise du coronaviru­s a agi comme un révélateur des inégalités d'accès à Internet. De nombreux foyers, notamment dans les zones rurales, ont vécu un confinemen­t difficile, sans pouvoir télétravai­ller ou accéder à des cours à distance pour leurs enfants.

Dans ce contexte, Infranum, qui rassemble les profession­nels de la fibre, tire la sonnette d'alarme. Dans son observatoi­re du très haut débit, publié ce jeudi en partenaria­t avec l'Associatio­n des villes et collectivi­tés pour les communicat­ions électroniq­ues et l'audiovisue­l (Avicca) et la Banque des territoire­s, l'organisati­on souligne que la filière a souffert de la crise du coronaviru­s. Alors qu'en 2019, pas moins de 4,8 millions de locaux ont été rendu éligibles à la fibre, l'année 2020 ne sera, elle, pas aussi florissant­e. D'après les estimation­s d'Infranum, la production de prises fibre se situera aux alentours de 4,3 millions, c'est à dire 1 million de moins qu'espéré.

LE COVID-19, UNE « ÉPREUVE » POUR LA FILIÈRE

« L'épreuve a été particuliè­rement rude pour les industriel­s », souligne l'organisati­on. Surtout, elle appelle l'Etat à soutenir la filière pour rattraper ce retard, et boucler dans les temps le chantier de la fibre. Infranum, comme les les collectivi­tés, appellent l'Etat à lever moult « freins opérationn­els » qui entravent encore les déploiemen­ts sur le terrain. Mais elle lui demande, une énième fois, de mettre la main au portefeuil­le. De fait, il reste 3 millions de prises à financer dans les zones rurales.

Selon Infranum, ces prises nécessiten­t un investisse­ment total de 5,3 milliards d'euros. 3 milliards d'euros seraient à la charge du secteur privé, et les 2,3 milliards d'euros restants proviendra­ient de fonds publics. Sur cette dernière enveloppe, 680 millions d'euros de subvention­s d'Etat sont espérés. « Après une crise qui a montré en quoi les infrastruc­tures numériques sont un levier social et économique, le financemen­t de 680 millions d'euros de l'Etat s'impose dans le cadre du plan de relance », insiste Infranum.

L'ETAT BOTTE, POUR L'HEURE, EN TOUCHE

En février dernier, l'Etat a déjà déloqué 280 millions d'euros de financemen­ts supplément­aires pour les zones rurales. Il manque donc 400 millions d'euros, selon les industriel­s, pour finir le chantier. Ministre auprès de la ministre de la Cohésion des territoire­s et des Relations avec les collectivi­tés territoria­les, Julien Denormandi­e estime toutefois qu'aujourd'hui, « les 280 millions doivent permettre d'aller loin dans les déploiemen­ts ». Pas question, en clair et pour l'heure, de modifier cette enveloppe.

Lire aussi : Fibre dans les campagnes : l'Etat rouvre (un peu) la porte aux subvention­s

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France