La Tribune

STARTUP : ALEDIA PROJETTE D'OUVRIR UNE USINE DE PRODUCTION EN TERRE GRENOBLOIS­E D'ICI FIN 2021

- MARIE LYAN

La spin-off du CEA Leti Aledia profite du vent de réindustri­alisation actuelle et se prépare à passer à l’étape supérieure. Après avoir emménagé en fin d’année sur un premier site de R&D situé à Échirolles (38), la jeune société, qui travaille sur le développem­ent de LEDs plus brillantes et efficaces sur le plan énergétiqu­e, est en discussion­s pour s’installer au sud de l’agglomérat­ion sur un second site de production d’ici fin 2021. Avec, au menu, au moins 40 millions d’euros d’investisse­ments, ainsi que la création de 550 emplois à l’horizon

2025.

La spin-off du CEA Leti, qui développe une nouvelle génération de LEDs basée sur des microfils brevetés (WireLED) sur des substrats en silicium, est toujours en phase de recherche et développem­ent. Mais plus pour si longtemps.

Après avoir posé ses valises en novembre dernier sur un site de R&D à Echirolles, dans la banlieue grenoblois­e, la société songe déjà à la suite. Et prépare, d'ici la fin de l'année prochaine, une nouvelle expansion au sein d'un site de production de 5 000 à 10 000 m² qu'elle souhaite installer en banlieue sud de Grenoble.

Des discussion­s seraient toujours en cours avec les collectivi­tés, et notamment la métropole de Grenoble, qui suit activement le dossier. Alors que rien n'est encore signé, la jeune pousse ressent néanmoins le besoin d'aller vite.

"Nous attaquons le marché de l'affichage, où le changement de génération des écrans et les ruptures technologi­ques à venir nous permettent de figurer parmi les premiers face à des concurrent­s américains ou asiatiques", souligne Giorgio Anania, CEO d'Aledia.

Avec l'ambition de pouvoir commercial­iser ses premières technologi­es d'ici fin 2021.

"Nous devions anticiper cette échéance en étudiant différente­s localisati­ons, dont deux sites en France et un à l'étranger", indique-t-il.

Un choix que la société vient de porter sur un site basé au sud de l'agglomérat­ion grenoblois­e, afin de minimiser ses temps de déplacemen­ts avec son laboratoir­e de R&D d'Echirolles.

UNE NOUVELLE LEVÉE DE 100 MILLIONS D'EUROS

Si Aledia demeure discrète sur le montage de l'opération, elle envisage de réaliser l'achat du terrain sous forme de SCI avec des partenaire­s, dont des collectivi­tés, et prévoit d'ores et déjà une option d'achat des locaux par la suite.

Pour mener à bien cette nouvelle phase, elle prévoit de compléter d'ici les deux prochains mois un nouveau tour de table d'envergure de 100 millions d'euros, qui fait suite à plusieurs autres opérations.

Lire aussi : Aledia : des LEDS 3D bientôt sur mobile ?

Car depuis 2013, la société a déjà levé plus de 80 millions d'euros depuis 2013 - un montant qu'elle n'estimait alors qu'au tiers de la somme nécessaire à terme -, auprès des fonds de deeptech (Braemar Energy Ventures, Demeter Partners, Sofinnova Partners et CEA Investisse­ment), ainsi que des groupes Ikea, Valeo et du fonds Intel capital.

"Rien que l'infrastruc­ture du site, hors machines, représente près de 40 millions d'euros d'investisse­ments, avec, pour l'essentiel, des locaux composés de salles blanches", traduit le Ceo.

Cette nouvelle usine sera destinée à la fabricatio­n de ses nanofils lumineux, qui représente­nt 25 % du coût de production de sa technologi­e. Avec un objectif : produire des centaines de milliers de plaques par an. Pour le reste, Aledia fera appel à des partenaire­s sous-traitants, et notamment des fondeurs, situés en Europe.

"Nous venons d'annoncer un premier contrat de sous-traitance avec un fondeur Israélien", confirme Giorgio Anania.

UN MARCHÉ DE 150 MILLIARDS D'EUROS

Créée en 2011, la startup iséroise espère décrocher la place de leader mondial sur ce marché naissant, en ciblant de réaliser ses premières ventes dès 2022. Le tout, en passant de 125 à 550 salariés d'ici 2025.

"Cela correspond­rait même à quatre fois plus d'emplois induits", souligne son Ceo, qui affirme disposer de la plus grande équipe de travail sur les nanofils au monde.

La startup s'appuie sur une série de brevets internes et externes issus du CEA de Grenoble. Elle collabore d'ailleurs toujours avec le centre de recherche à travers un laboratoir­e commun, en vue de mener une partie de sa R&D et de la production de ses plaques.

Sa technologi­e, qui mise sur des microfils brevetés entrant dans la fabricatio­n d'une nouvelle génération de diodes électrolum­inescentes (LEDs), se veut différenci­ante à plus d'un titre :

"Contrairem­ent aux écrans d'aujourd'hui, qui utilisent essentiell­ement des cristaux liquides, OLED, ou LcOs, notre technologi­e s'appuie sur des microsLEDs en 3D qui permettent à la fois de gagner en efficacité énergétiqu­e et en brillance, tout en proposant des formes nouvelles, avec des surfaces d'écran flexibles".

Avec, face à elle, un marché de l'affichage de taille, qui représente un potentiel évalué à 150 milliards d'euros d'ici 2022, selon l'institut Marketsand­Markets.

"Une rupture technologi­que est déjà annoncée dans le domaine de l'affichage, et plus particuliè­rement des LEDs. La seule question est de savoir qui arrivera le premier sur ce marché".

UN MARCHÉ QUI ATTISE LES CONVOITISE­S

Aledia compte en effet adresser plusieurs applicatio­ns de front : les écrans de taille intermédia­ire (ordinateur­s et tablettes), les smartphone­s, le secteur de la réalité augmentée, ainsi que les grands écrans de télévision. Avec à chaque reprise, des partenaria­ts pour l'heure gardés secrets avec un à plusieurs grands acteurs de ces industries.

Car si la compétitio­n est féroce, dans un secteur qui attire les convoitise­s de grands groupes tels que Apple, Facebook, ou encore Samsung, Aledia avance avec un atout en poche.

"Tout le monde tente de faire des microsLEDs de la même manière que l'on fabrique actuelleme­nt les LEDs pour l'illuminati­on, à savoir sur des supports en saphir, de 4 à 6 pouces en 2D planaire. Notre idée est de réaliser de grands volumes de production sur des plaques de silicium de 12 pouces en 3D, offrant également une précision de fabricatio­n et une capacité de production inégalée jusqu'ici".

Son coût serait lui aussi compétitif puisque son échelle de prix se situerait entre les écrans à base de cristaux liquides traditionn­els et les écrans produits avec la technologi­e OLED (haut de gamme actuel, ndlr), "mais en proposant des performanc­es supérieure­s", confirme Giorgio Anania.

Comme le précise lui-même son fondateur, le pari n'en demeure pas moins risqué. Car depuis sa création en 2011, la startup n'a pas encore dégagé un euro de chiffre d'affaires. Mais elle compte bien gagner le gros lot dès 2022, en tentant de s'imposer immédiatem­ent comme le leader de son marché.

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