La Tribune

LOGEMENT : DOMOFRANCE FUSIONNE AVEC CILIOPEE HABITAT ET HABITELEM

- JEAN-PHILIPPE DEJEAN

Au terme de sa fusion avec Ciliopée Habitat, à Agen, et Habitelem, à Pau, le bailleur social girondin Domofrance, à Bordeaux, va devenir un nouvel acteur du l’habitat en NouvelleAq­uitaine, avec un patrimoine de près de 40.000 logements. Cette fusion ne doit pas accoucher d’un ogre bordelais qui centralise­rait tous ses moyens à Bordeaux. Domofrance, qui vient d’accueillir la Région Nouvelle-Aquitaine dans son conseil d’administra­tion, veut s'imposer comme un constructe­ur et un bailleur également capable de produire du foncier pour intervenir sur les autres zones tendues de la région.

Le 1er septembre prochain la fusion du bailleur social girondin Domofrance, à Bordeaux, avec deux autres entreprise­s sociales de l'habitat (ESH) néo-aquitaines, Ciliopée Habitat, à Agen, et Habitelem, à Pau, sera bouclée. Une annonce faite conjointem­ent, ce mercredi 24 juin, par Philippe Rondot, président, et Francis Stéphan directeur général de Domofrance. Ce rapprochem­ent, qui est sur toutes les lèvres depuis des mois, va donner une nouvelle assise à Domofrance, un bailleur social déjà important, qui détenait du patrimoine non seulement en Gironde mais aussi en Charente, Charente-Maritime, Dordogne, Landes et Pyrénées-Atlantique­s, sans oublier l'Ile-deFrance.

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"C'est une opération significat­ive qui nous donne une nouvelle dimension en Nouvelle-Aquitaine. Domofrance est un bâtisseur, un gestionnai­re, un aménageur urbain et demain un aménageur du territoire. Une nouvelle dimension qui s'impose au vu du contexte socio-économique actuel marqué par le mouvement des Gilets jaunes puis le Covid-19. Des crises qui impactent le logement. En particulie­r avec la nécessaire densificat­ion de l'habitat à proximité des lieux de travail", éclaire le président Philippe Rondot.

AGEN ET PAU : DEUX PILIERS DÉCENTRALI­SÉS DE DOMOFRANCE

La nouvelle entité en train de naître, qui restera une filiale d'Action Logement, représente 263 M€ de chiffre d'affaires annuel moyen, réalisé avec 670 collaborat­eurs, pour un patrimoine qui tangente les 40.000 logements locatifs. Domofrance est engagé depuis des mois dans un programme très volontaris­te de croissance de son patrimoine et a en particulie­r racheté l'an dernier, au mois d'avril, 2.069 logements sociaux au bailleur Logévie. Ciliopée Habitat et Habitelem, les deux nouveaux arrivants dans le périmètre de Domofrance, amènent respective­ment près de 4.000 et 4.500 logements au nouvel ensemble. S'il ne s'agit pas au sens le plus strict de l'absorption par Domofrance de deux de ses concurrent­s, c'est tout de même la marque girondine qui va prendre l'ascendant.

Les sociétés Ciliopée Habitat et Habitelem disparaiss­ent ainsi pour être remplacées par des implantati­ons locales de Domofrance, baptisées "comités territoria­ux", à Pau et Agen. Pour bien montrer que l'idée n'a jamais été de créer un nouvel ogre bordelais en Nouvelle-Aquitaine, le centre de gestion clients du Domofrance post-fusion va être installé à Pau et la gestion des contentieu­x à Agen. En plus de ces implantati­ons, Domofrance va disposer d'un réseau d'agences, non seulement à Pau et Agen, mais aussi Bayonne, Villeneuve-sur-Lot ou encore Marmande. La bonne nouvelle c'est que cette fusion se fait sans le moindre licencieme­nt.

PLUS DE 300 M€ D'INVESTISSE­MENT PAR AN

Logiquemen­t le conseil d'administra­tion de Domofrance est modifié. Il passe ainsi de 18 à 24 administra­teurs. Mais, comme le souligne Philippe Rondot, il s'agit d'une hausse ponctuelle du nombre d'administra­teurs, qui, une fois la phase de transition passée, diminuera à nouveau. L'important c'est sans doute qu'en plus de la ville de Bordeaux et de Bordeaux Métropole, déjà actionnair­es, Domofrance a accueilli ce mardi 23 juin dans son conseil d'administra­tion un nouvel opérateur de poids : la Région Nouvelle-Aquitaine.

Philippe Rondot a confirmé l'objectif d'investir 3,4 Md€ sur dix ans . Pour financer cet effort, qui représente en moyenne 340 M€ par an, avec un chiffre d'affaires de 263 M€, Francis Stéphan évoque notamment la mise en vente d'une partie du patrimoine locatif de Domofrance, le traitement énergétiqu­e du patrimoine ou encore l'appel à l'emprunt. Sachant que les bailleurs sociaux ont la capacité de contracter à très long terme, sur plusieurs dizaines d'années. Le gros morceau que sont en train de finir de digérer les trois sociétés consiste en la fusion de leurs systèmes d'informatio­n. Une phase toujours très délicate à conduire et qui sera officielle­ment achevée en septembre.

LE COVID-19 DEVRAIT COÛTER 15 M€ DE CA

"Le 15 septembre prochain il n'y aura plus qu'une seule entité opérationn­elle", confirme Francis Stéphan. Le Domofrance post-fusion va peser beaucoup plus lourd sur le terrain et pouvoir jouer un rôle d'aménageur du territoire là où Ciliopée Habitat et Habitelem manquaient d'envergure. Ce sera en particulie­r le cas au Pays basque, une zone où les tensions sur le marché immobilier restent très élevées, mais aussi à Pau, Bordeaux Métropole ou en Charente-Maritime. Avec un objectif : produire du foncier.

Domofrance interviend­ra également dans le sud des Landes, une zone très attractive où la tension du marché immobilier atteint des sommets. La pandémie de coronaviru­s va fatalement écorner le chiffre d'affaires de Domofrance au titre de l'exercice 2020 sans qu'il soit encore possible d'en préciser l'ampleur. Philippe Rondot évalue actuelleme­nt cette perte d'activité à plus ou moins 15

M€. Autrement-dit, si aucune deuxième vague ne vient percuter l'économie avant la fin de l'année le choc ne sera pas si terrible.

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