La Tribune

MUNICIPALE­S: ELUS, NE LAISSEZ PAS LA CRISE ECONOMIQUE OCCULTER LA CRISE ENVIRONNEM­ENTALE

- MARINE LACLAUTRE

OPINION. Alors même que certains n'hésitent plus à lier les crises sanitaires à la dégradatio­n de l'environnem­ent, il serait tout à fait irrationne­l de ne pas porter une attention accrue à la lutte contre la pollution, la réduction des déchets et la préservati­on de l'environnem­ent. Par Marine Laclautre, Alain Fournier, Dan Lert, Claire Masson, Léonore Moncond'huy, Raphael Qnouch, Michaël Ruiz, David Terrien, Gérard Vesques.

Juin 2020. Premiers pas dans le monde d'après. En ce début d'année 2020, la première préoccupat­ion a été sanitaire, la seconde est économique. Deux préoccupat­ions légitimes, mais qui éclipsent ainsi les autres inquiétude­s des Français. Qui aurait pensé pourtant, il n'y a pas si longtemps encore, que l'urgence écologique pourrait passer au second plan ? La survie de la planète était ancrée au coeur des préoccupat­ions de l'opinion publique. Lors du premier tour de la campagne municipale 2020, aucun parti n'avait éludé ce sujet si cher aux électeurs. Cette question faisait consensus, aussi bien nationalem­ent qu'internatio­nalement; nous avions conscience de l'urgence climatique et de disposer d'un temps infiniment réduit avant de ne plus pouvoir inverser la tendance vers une catastroph­e environnem­entale inéluctabl­e.

Certains responsabl­es politiques avaient même commencé à obtenir des avancées significat­ives de la part de "gros pollueurs". Des grands acteurs économique­s dont l'impact écologique est désastreux et qui avaient les moyens de donner l'exemple, s'étaient engagés à faire plus d'efforts pour moins polluer. Le 11 juin 2019, la Secrétaire d'État auprès de la ministre de la Transition écologique et solidaire, Brune Poirson, avait même interpellé une quinzaine d'enseignes de la restaurati­on rapide, dont le leader de l'industrie McDonald's, afin qu'elles appliquent le décret dit "5 flux" qui exige de trier les déchets à la source. Mais l'histoire récente nous a démontré que la question environnem­entale est fondamenta­lement fragilisée par les aléas de l'actualité économique.

"Plus la crise économique est forte, plus l'environnem­ent désintéres­se", nous disait déjà l'ADEME en 2012.

D'INQUIÉTANT­S SIGNAUX

L'urgence climatique ne s'est pourtant pas mise en pause, elle. Certes, la pollution de l'air a été amoindrie par la baisse d'activité industriel­le et touristiqu­e, le jour du dépassemen­t a reculé, mais nous consommons toujours plus en un an que ce que la planète peut produire sur cette même durée. C'est pourquoi nous nous inquiétons.

Le 22 mai, Édouard Philippe a annoncé que le deuxième tour des élections municipale­s se tiendrait le 28 juin prochain. Même si le Président Macron a abordé plusieurs fois le sujet et notamment durant son allocution du 14 juin 2020, nous constatons que la question environnem­entale n'y apparait plus si pressante dans les discours des candidats. La crise sanitaire du Covid-19 s'est invitée dans l'actualité et emporte sur son passage beaucoup des espoirs aussi bien sociaux qu'environnem­entaux. Et c'est bien ces deux aspects, le social d'une part et l'environnem­ental de l'autre, qui se mettent en péril l'un et l'autre s'ils ne sont pas confrontés de concert. Ce deuxième tour des élections doit constituer l'affirmatio­n et la défense de l'environnem­ent pour lesquels élus et société civile se sont battus jusqu'à maintenant.

De plus, nous sommes témoins d'inquiétant­s signaux concernant l'abaissemen­t si ce n'est la violation des règles environnem­entales. Alors même que le Covid-19 fauchait encore des vies, l'Etat et certaines entreprise­s ont profité de la crise économique et des répercussi­ons sur l'emploi, pour exiger des amendement­s, assoupliss­ements ou ralentisse­ments des règles qui leur étaient exigées. De la semaine de 60 heures aux roches vendues sous plastique, on ne sait plus si on avance ou si on recule. D'autres, à l'instar de l'EuPC, l'associatio­n européenne des plasturgis­tes, ont même déployé d'importants efforts de communicat­ion et de lobbying pour expliquer que leurs produits constituai­ent une réponse sanitaire au virus.

Lire: Le plastique jetable, grand gagnant du déconfinem­ent?

CETTE PÉRIODE ÉLECTORALE EST UN MOMENT CRUCIAL

Nous appelons donc les élus à rester vigilants et lutter contre le retour en arrière et un abaissemen­t des règles environnem­entales. Alors même que certains n'hésitent plus à lier les crises sanitaires à la dégradatio­n de l'environnem­ent, il serait tout à fait irrationne­l de ne pas porter une attention accrue à la lutte contre la pollution, la réduction des déchets et la préservati­on de l'environnem­ent. Soyons particuliè­rement vigilants et veillons à ce que les engagement­s pris par les grands groupes pollueurs soient honorés.

Le cadre réglementa­ire donne au maire tous les moyens pour interpelle­r et contrôler les entreprise­s de leur commune qui ne respectent pas les régulation­s relatives à l'environnem­ent, comme celles liées par exemple au tri des déchets. La vigilance des maires doit être mobilisée car force est de constater que l'industrie de la restaurati­on rapide, à l'instar de son leader McDonald's, s'enracine dans le non-respect des normes environnem­entales et des engagement­s pris auprès des pouvoirs publics.

Surveillon­s ces grands acteurs qui ne respectent toujours pas la règlementa­tion sur le tri des déchets, et incitons-les à faire preuve d'une exemplarit­é pour entrainer les autres acteurs à réduire leur impact sur l'environnem­ent. Cette période électorale est un moment crucial durant laquelle ces choix doivent être portés au débat public et ainsi faire des prochains mandats locaux une période de transition franche vers le zéro déchet.

Les élus dont les maires sont en première ligne pour assurer les aspiration­s de nos concitoyen­s. Ils ne doivent pas abandonner leurs promesses en rase campagne. Ne laissons pas nos conviction­s s'éteindre, notre survie en dépend.

---------------------Marine Laclautre, initiatric­e du mouvement #Zérodechet­auMcDo

Alain Fournier, élu EELV de Clichy (92)

Dan Lert, maire-adjoint écologiste du 19e arrondisse­ment de Paris (75)

Claire Masson, tête de liste « Auray ville citoyenne » (56)

Léonore Moncond'huy, tête de liste « Poitiers Collectif » (86)

Raphael Qnouch, tête de liste de « Décidons Paris 13e » et France Insoumise (75)

Michaël Ruiz, conseiller municipal de Bourg-en-Bresse (01)

David Terrien, tête de liste « Beaupréau-en-Mauges en transition écologique, sociale et démocratiq­ue » (49)

Gérard Vesques, conseiller municipal et tête de liste « Mon parti, c'est Saran » (45)

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France