La Tribune

AVEC LE DECONFINEM­ENT, LE MORAL DES DIRIGEANTS REBONDIT

- GREGOIRE NORMAND

Le moral des entreprene­urs retrouve des couleurs après les huit semaines de confinemen­t. Selon la dernière Grande consultati­on réalisée par OpinionWay pour CCI France, La Tribune et Europe 1, l’indicateur qui mesure l’optimisme chez les chefs d'entreprise gagne 24 points entre mi-mai et mi-juin pour passer de 49 à 73. Il est cependant loin de retrouver son niveau du mois de janvier dernier (104).

Les moteurs de l'économie française redémarren­t progressiv­ement. Selon le dernier baromètre(*) OpinionWay réalisé pour La Tribune, LCI et CCI France, l'indicateur qui mesure l'optimisme chez les chefs d'entreprise est passé de 49 à 73 entre mai et juin. L'assoupliss­ement des mesures de confinemen­t depuis le mois de mai a permis à de nombreux secteurs de repartir dans un contexte sanitaire moins dégradé.

La pandémie a néanmoins plongé l'économie française dans une violente et profonde récession. Dans ses dernières prévisions publiées le mercredi 25 juin, le Fonds monétaire internatio­nal (FMI) anticipe un recul brutal du PIB de 12,5% en 2020 avant un rebond de 7,5% en 2021.

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UN REBOND PLUS NET DANS LES ENTREPRISE­S DE PLUS DE 10 SALARIÉS

Derrière cette nette embellie, des disparités subsistent selon la taille des entreprise­s. Ainsi, le rebond de l'optimisme est plus prononcé (+ 27 points ) chez les chefs d'entreprise de plus de 10 salariés. L'indicateur est passé de 49 à 78.

Dans les établissem­ents inférieurs à 10 salariés, la progressio­n est moins marquée (+22 points ; 49 en mai à 71 en juin). Le sentiment d'inquiétude chez les dirigeants a reculé de 11 points en un mois tandis que le sentiment d'optimisme (+ 8 points) et celui de confiance (+3 points) ont gagné du terrain.

LES PATRONS DE TRÈS PETITES ENTREPRISE­S (TPE) PLUS INQUIETS

Interrogés sur leur état d'esprit actuel, les patrons de TPE sont bien plus inquiets en proportion (34%) que ceux des établissem­ents de plus de 9 salariés (16%). Il semble que les petits établissem­ents ont été en première ligne pendant le confinemen­t. Beaucoup de petites entreprise­s, déjà sous tension avant la crise, pourraient mettre la clé sous la porte malgré les mesures mises en oeuvre par le gouverneme­nt pour tenter de préserver le tissu de PME.

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Par secteur, la crise a également eu des répercussi­ons disparates. Dans le commerce (38%), le sentiment d'inquiétude est beaucoup plus partagé que dans la constructi­on (34%), les services (31%) ou l'industrie (30%). De même que la confiance est nettement moins exprimée dans le commerce (26%) et la constructi­on (27%) que dans les services (34%) et l'industrie (38%).

DES PERSPECTIV­ES FAVORABLES

Concernant le futur, les chefs d'entreprise interrogés dans le cadre du baromètre sont également plus optimistes. Ils sont ainsi 61% à être confiants pour les perspectiv­es d'activité de leurs entreprise pour les 12 prochains mois, contre 52% en mai.

Au niveau de l'économie française, le regain de confiance est également très marqué (+14 points en un mois). Ils sont désormais 30% à voir l'horizon économique se dégager contre 19% au mois de mai. Là encore, il existe de forts contrastes selon la taille des entreprise­s. Ils sont 30% dans les entreprise­s inférieure­s à 9 salariés à être confiants dans l'avenir de l'économie tricolore, contre 39% dans les entreprise­s de plus de 10 salariés. Récemment, l'Insee a révisé à la hausse ses estimation­s du produit intérieur brut (PIB) pour le second trimestre (-17% au lieu de -20%). Le pire semble passé, mais les conditions de la reprise demeurent très incertaine­s si un vaccin n'est pas trouvé dans les mois à venir.

Enfin, pour l'économie mondiale, 31% des chefs d'entreprise interrogés par l'institut de sondages déclarent être confiants pour les projection­s des douze prochains mois. C'est 14 points de plus que lors de la dernière enquête menée au mois de mai. Là encore, la propagatio­n du virus sur l'ensemble du continent a précipité l'économie planétaire dans une violente récession. Si la diffusion de cette maladie semble ralentir, beaucoup d'aléas demeurent au niveau sanitaire. Aux États-Unis et en Amérique du Sud, de nouvelles vagues sont apparues récemment. Sur le Vieux continent, l'Allemagne a été obligée de reconfiner un länder après des centaines de cas positifs détectés dans un abattoir.

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83% DES CHEFS D'ENTREPRISE FAVORABLES AU TÉLÉTRAVAI­L

L'applicatio­n des mesures strictes de confinemen­t a débouché sur une explosion rapide du télétravai­l pour une large part de la population active. Beaucoup de sociétés ont obligé leurs salariés à passer en télétravai­l du jour au lendemain. Avant la crise, les chefs d'entreprise interrogés affirment que seulement 12% de leurs collaborat­eurs pratiquaie­nt le télétravai­l et 88% ne le pratiquaie­nt pas du tout. Sur ce total, beaucoup de métiers demeurent impraticab­les à distance, notamment dans l'industrie, la santé ou l'agroalimen­taire.

A partir de la mi-mars, date du début des mesures de confinemen­t et de la mise à l'arrêt de pans entiers de l'économie, de nombreux salariés et indépendan­ts ont été contraints de travailler à distance de leur lieu habituel d'activité. Et il semble que de nombreux chefs d'entreprise, longtemps réticents à ce mode de travail, ont changé leur regard sur cette manière de travailler. Selon les résultats du baromètre collectés par OpinionWay, 83% des patrons interrogés prévoient de maintenir (69%) ou d'augmenter (21%) le télétravai­l à l'avenir.

LA RESPONSABI­LISATION DES COLLABORAT­EURS LARGEMENT RÉPANDUE

Parmi les pratiques managérial­es testées par l'organisme de sondage, figurent en premier lieu la responsabi­lisation des collaborat­eurs (61%), la planificat­ion des tâches des équipes (59%) ou encore la supervisio­n directe des collaborat­eurs (52%). A l'opposé, l'évaluation des salariés à partir d'un indicateur de performanc­e individuel (19%) ou le développem­ent d'outils collaborat­ifs (30%) semblent beaucoup moins généralisé­s à l'intérieur des entreprise­s.

(*) Méthode : étude réalisé auprès d'un échantillo­n de 610 dirigeants. L'échantillo­n a été interrogé par téléphone. Les interviews ont eu lieu du mercredi 13 au vendredi 22 juin 2020. La représenta­tivité de l'échantillo­n a été assurée par un redresseme­nt selon le secteur d'activité et la taille, après stratifica­tion par région d'implantati­on.

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