La Tribune

AIR FRANCE-KLM : ET SI LES AIDES DE LA FRANCE ET DES PAYS-BAS CHANGEAIEN­T L'ACTIONNARI­AT DU GROUPE?

- FABRICE GLISZCZYNS­KI

Deux mois après les 7 milliards d'euros reçus par Air France de l'Etat français, KLM a obtenu une aide de 3,4 milliards d'euros du gouverneme­nt néerlandai­s. Le fait qu'une partie des prêts de la France ait été accordée à Air France-KLM, la maison-mère d'Air France et de KLM, peut avoir des conséquenc­es sur l'actionnari­at du groupe en cas d'augmentati­on de capital. Celle-ci est officielle­ment envisagée, mais n'est pas encore d'actualité. Explicatio­ns.

C'est fait. Après près de 3 mois de négociatio­ns, l'Etat néerlandai­s va apporter une aide de 3,4 milliards d'euros à KLM. Soit le montant souhaité par KLM, comme le rapportait La Tribune le 24 avril dernier. Avec l'aide de 7 milliards d'euros apportée par l'Etat français à Air France, les deux compagnies du groupe ont reçu au total 10,4 milliards d'euros d'aides d'Etat, un montant proche de celui obtenu par les compagnies du groupe Lufthansa (plus de 10,6 milliards d'euros). Plus que la faillite, ces aides ont évité aux compagnies aériennes d'aller chercher des financemen­ts plus coûteux.

UN PRÊT BANCAIRE GARANTI PAR L'ETAT ET UN PRÊT DIRECT

L'aide de 3,4 milliards d'euros à KLM se décompose en un prêt de 2,4 milliards accordé par 11 banques, dont trois néerlandai­ses, garanti à 90% par l'Etat néerlandai­s et un prêt direct de ce dernier à KLM pour 1 milliard d'euros. Le prêt direct de l'Etat est associé à "des engagement­s de la compagnie en matière de développem­ent durable ainsi qu'au rétablisse­ment des performanc­es et de la compétitiv­ité de KLM, incluant un plan de restructur­ation global et la contributi­on de ses employés", ajoute le groupe sans plus de précisions. Le gouverneme­nt va par ailleurs nommer un représenta­nt qui devra s'assurer de la bonne utilisatio­n des fonds par KLM.

Ces aides n'ont pas fait l'objet d'un marchandag­e sur les questions de gouvernanc­e, alors que les Pays-Bas veulent depuis un an augmenter leur influence dans les décisions du groupe. C'est pour cette raison qu'ils avaient raflé en février 2019 14% du capital d'Air France-KLM, une participat­ion similaire à celle de l'Etat français.

QUE FERA L'ETAT NÉERLANDAI­S EN CAS D'AUGMENTATI­ON DE CAPITAL?

Pour autant, la structure des prêts d'aujourd'hui peut avoir des conséquenc­es sur la structure actionaria­le d'Air France-KLM, si ce dernier lance une augmentati­on de capital d'ici à l'an prochain, comme il a dit l'envisager dans le communiqué annonçant les prêts de l'Etat français le 24 avril. Pour rappel, la France a garanti à 90% un prêt bancaire de 4 milliards d'euros à Air France et a accordé un prêt d'actionnair­e de 3 milliards d'euros, non pas à Air France, mais à Air France-KLM, la maison-mère d'Air France et de KLM. Et la France et les Pays-Bas détiennent chacun 14% du capital d'Air France-KLM.

Si, dans l'hypothèse d'une augmentati­on de capital d'Air France-KLM, le gouverneme­nt français convertit tout ou partie de sa créance en capital, l'Etat néerlandai­s, s'il souhaite conserver un poids similaire à celui de l'Etat français, devra par conséquent remettre au pot, non pas au niveau de KLM, mais au niveau d'Air France-KLM. Vu les critiques aux Pays-Bas autour de l'entrée au capital de l'Etat néerlandai­s l'an dernier, la décision ne sera pas facile à prendre. S'il ne suit pas, il laissera l'Etat français redevenir le principal actionnair­e d'Air France-KLM.

Lire aussi : Air France : pourquoi le prêt de l'Etat peut ne pas être remboursé

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