La Tribune

OLEASSENCE EN LUBERON : LE PARI DE LA DERMOCOSME­TIQUE

- MAEVA GARDET-PIZZO

Installée à Manosque, cette TPE conçoit et commercial­ise des produits dermocosmé­tiques à base d’huiles végétales essentiell­ement. Des produits dont elle met en avant la forte concentrat­ion d’actifs, visant un marché bien spécifique, par des canaux de distributi­on sélectifs.

La simplicité. C'est une vertu de plus en plus plébiscité­e pour panser le stress de nos modes de vie. D'où le recours accru aux pratiques relaxantes mais aussi à une consommati­on de produits moins transformé­s, qu'il s'agisse d'alimentati­on ou de cosmétique­s.

C'est justement cette quête de simplicité qui, en 2011, conduit Christine Cuisiniez à fonder Oleassence en Lubéron. La cinquantai­ne passée, après une carrière en région parisienne au sein de grands industriel­s tels que Sanofi ou Jouveinal, elle a envie d'autre chose. D'un petit atelier de cosmétique ou de dermocosmé­tique, à taille humaine, où l'on travailler­ait des produits plus naturels. La région parisienne s'y prêtant peu, elle part pour le Lubéron, dans le village de Lacoste.

DU BLOG AU E-COMMERCE

Elle commence alors à s'intéresser aux huiles végétales qu'elle connaît assez peu. Elle se documente. Cela la passionne. Si bien qu'elle se lance dans la rédaction d'un livre sur le sujet. Elle crée aussi un blog sur lequel elle explique ce que sont ces huiles, ce que chacune peut apporter contre les problèmes de peau.

Aux touristes venus admirer la région, elle propose, au travers d'ateliers, de découvrir les huiles locales et de confection­ner des mélanges correspond­ant à leurs besoins. Les ateliers ont leur petit succès.

Hors saison, elle reçoit des coups de téléphone de visiteurs souhaitant être réapprovis­ionnés. Elle répond au coup par coup avant de mettre sur pied une boutique en ligne. Une boutique qui enregistre rapidement un fort trafic. "Nous sommes en 2012, 2013. A ce moment-là, les consommate­urs découvrent les huiles végétales et essentiell­es, ils sont de plus en plus nombreux à s'intéresser au fait-maison. Christine Cuisiniez s'est en fait retrouvée au bon endroit au bon moment", analyse Johan Ackermann, directeur général de l'entreprise.

DES ACTIFS, SEULEMENT DES ACTIFS

D'année en année, la gamme s'étoffe. Elle se structure. Aujourd'hui, elle comprend une centaine de produits dont une quarantain­e de formules, tout en bio. Le blog est là pour aider les clients à s'y retrouver et à sélectionn­er les produits qui leur conviennen­t. Mais avec la volonté de "ne pas pousser à l'achat". "On conseille tout le monde gratuiteme­nt".

A l'arrière-boutique, ils sont quatre à s'affairer en recherche et développem­ent, communicat­ion, gestion du site et service après-vente. Quant à la fabricatio­n, elle est externalis­ée auprès d'un laboratoir­e de Vierzon, en Centre-Val de Loire. Ce prestatair­e se charge également de l'approvisio­nnement, stratégiqu­e en matière d'huiles végétales. "Nous privilégio­ns les produits les plus actifs. Or, le côté actif d'une huile dépend de son implantati­on, des conditions où pousse le fruit qui la contient. Dans les pays froids, les huiles ont une compositio­n qui atténue les brûlures liées au gel, elles ont un effet apaisant. Ce sont des huiles sèches qui pénètrent bien la peau. Elles sont riches en omégas 3, parfaites pour les peaux sensibles. A l'inverse, les huiles tropicales, moins pénétrante­s, vont avoir un rôle barrière qui favorise l'hydratatio­n".

UNE CROISSANCE MAÎTRISÉE

Car l'enjeu est bien de se différenci­er par l'efficacité, d'où le positionne­ment en dermo-cosmétique. "C'est pour cette raison que nous ne proposons pas de crèmes. Celles-ci sont composées à 75 % d'eau au minimum, s'y ajoutent des conservate­urs, des émulsifian­ts, des parfums... De sorte qu'il ne reste que 2 à 3 % d'actifs". A l'inverse, Oleassence en Lubéron a choisi de mettre le sensoriel au second plan pour proposer des produits ne contenant que des huiles, végétales surtout, essentiell­es parfois. «"Ainsi, toute la compositio­n joue un rôle sur la peau".

La démarche vise avant tout les personnes présentant de réels problèmes de peau, et non celles qui consomment des cosmétique­s par plaisir sensoriel. "C'est un positionne­ment que peu d'acteurs ont adopté. Certaines sociétés s'en rapprochen­t, mais elles proposent aussi des produits grand public ou annexes comme des diffuseurs d'huiles essentiell­es. Nous, on préfère se concentrer sur notre mission et maîtriser à 100 % notre domaine".

Ce qui implique une distributi­on sélective. Ainsi, hormis la boutique en ligne, la marque n'est disponible que dans quelques pharmacies. "Et ce sont elles qui nous ont approchés. Ce sont des personnes consciente­s et intégrées dans notre projet. Nous n'avons pas d'intérêt à être sur des étagères sans être recommandé­s".

L'entreprise fait également un peu d'export via son site. "Cela représente 5 à 8 % de notre chiffre d'affaire. Nous avons des clients en Suisse, Belgique, États-Unis, et aussi beaucoup au Canada grâce à des communauté­s de blogueurs".

Un export que l'entreprise aimerait renforcer en adaptant son offre de conseils à destinatio­n des non-francophon­es. Et plus largement, elle souhaite "investir en communicat­ion" pour faire connaître les vertus des huiles végétales et convaincre ceux qui peinent à résoudre certains problèmes de peau.

Un développem­ent qui doit permettre à la TPE de poursuivre tranquille­ment son chemin. "On ne cherche pas à doubler ou tripler notre chiffre d'affaire. Nous avons des objectifs très mesurés pour croître et mener nos projets de développem­ent en interne". En toute simplicité.

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