La Tribune

AIR FRANCE S'APPRETE A ANNONCER DES MILLIERS DE SUPPRESSIO­NS DE POSTES

- ESTELLE PEARD, AFP

Le directeur général d'Air France-KLM Benjamin Smith a annoncé fin mai la réduction du réseau français (déficitair­e) de 40% d'ici à la fin 2021.

Air France, durement frappée par la crise du Covid-19, se prépare à une semaine difficile sur le plan social, avec la présentati­on vendredi de l'impact sur l'emploi de son "plan de reconstruc­tion" qui passera par une réduction drastique des liaisons intérieure­s et se traduira selon les syndicats par des milliers de postes supprimés, sans départs contraints.

Avions cloués au sol, personnel en grande partie au chômage partiel... Le choc a été sans précédent pour la compagnie française comme pour ses rivaux internatio­naux, qui ont enchaîné ces dernières semaines les annonces de coupes claires dans leurs effectifs: 22.000 chez le groupe allemand Lufthansa, 12.000 chez British Airways ou encore 10.000 pour l'américain Delta Air Lines.

Dans ce contexte, l'État français, actionnair­e d'Air France-KLM, a apporté un soutien financier de 7 milliards d'euros, dont 4 milliards de prêts bancaires garantis et 3 milliards de prêt direct, en demandant au groupe d'améliorer sa rentabilit­é et son impact environnem­ental.

En réponse, le directeur général d'Air France-KLM Benjamin Smith a annoncé fin mai la réduction du réseau français (déficitair­e) de 40% d'ici à la fin 2021.

Les destinatio­ns au départ d'Orly disposant d'une alternativ­e ferroviair­e de moins de 2H30, comme Lyon, Nantes ou Bordeaux, sont menacées. Certaines routes transversa­les - de région à région très déficitair­es, assurées par la filiale régionale Hop!, pourraient également être supprimées.

Christophe Malloggi, de FO Air France, dénonce des "mesures contraigna­ntes pour l'emploi" liées au prêt de l'État et estime que "le gouverneme­nt a un rôle à jouer". Il s'inquiète notamment pour les salariés "en province où les bassins d'emploi sont déjà affectés" et qui auront plus de difficulté­s à accepter une mobilité au sein de la compagnie.

COURT-COURRIER ET FONCTIONS SUPPORTS

Après un conseil d'administra­tion Air France prévu lundi, la direction présentera vendredi aux organisati­ons syndicales une version actualisée de la gestion prévisionn­elle de l'emploi et des compétence­s (GPEC), lors d'un comité social et économique central (CSEC) extraordin­aire au siège, à Roissy. Le même jour aura lieu un CSE extraordin­aire chez Hop!.

Les annonces seront précisées lors de CSE d'établissem­ents la semaine suivante. "Nous sommes prêts à entrer dans des négociatio­ns pour le bien de l'entreprise" mais "la direction va devoir nous entendre sur certains points", a indiqué à l'AFP Farid Slimani, de l'Unsa Aérien.

La direction d'Air France a refusé de commenter le chiffre de 8.000 à 10.000 suppressio­ns de postes au sein du groupe qui a circulé dans la presse. Selon les syndicats interrogés par l'AFP, plusieurs milliers de postes sont en tout cas menacés au sein d'Air France et de Hop!, tandis que la low-cost Transavia, également dans le groupe, pourrait se voir confier des lignes court-courrier.

Les suppressio­ns d'emplois doivent s'effectuer sur la base du volontaria­t, sous la forme de ruptures convention­nelles collective­s (RCC) pour le personnel navigant et d'un plan de départs volontaire­s (PDV) d'une ampleur encore inconnue pour le personnel au sol, de sources concordant­es.

Le SNPL, syndicat majoritair­e chez les pilotes d'Air France, a validé un accord de RCC prévoyant le départ volontaire d'ici fin 2020 d'un maximum de 403 pilotes, soit près de 10% des effectifs pilotes. Il s'agit de la première RCC chez Air France.

Une autre est toujours en négociatio­n pour les hôtesses et stewards, pour lesquels le sureffecti­f est évalué à environ 1.700 postes. Au sol, une partie des emplois dans les fonctions support, comme les services administra­tifs, devraient être visés.

Chez Hop!, Joël Rondel, secrétaire du CSE, redoute la suppressio­n d'environ la moitié des 2.700 postes actuels. "S'il n'y a pas assez de volontaire­s, que va-t-il se passer?", s'interroge-t-il en se disant "persuadé qu'à un moment donné, il va y avoir des licencieme­nts secs".

Fin 2019, le groupe Air France comptait plus de 55.000 salariés en CDD et CDI, dont près de 49.000 pour la seule compagnie tricolore. Cette dernière a connu douze plans de départs volontaire­s ces dix dernières années et selon les syndicats, perdu 15.000 postes depuis 2008.

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