La Tribune

RENNES ET BREST POURSUIVEN­T A GAUCHE, LA DROITE FAIT TOMBER LORIENT

- PASCALE PAOLI LEBAILLY

Le PS, allié du parti écologiste EELV l’emporte à Rennes et Brest, Quimper vire à gauche, LREM ne s’enracine pas. L'abstention est massive.

« Les électeurs rennais ont fait le choix d'une ville de respect, de cohésion, le choix d'une ville qui renforce sans cesse ses solidarité­s, accélère sa transition écologique et lutte toujours sans cesse pour défendre l'emploi » : souriante, la maire sortante PS Nathalie Appéré a eu, hier soir, le triomphe modeste dans un contexte inédit d'abstention massive. Alors que 68,32% des électeurs ne se sont pas déplacés (46,6% en 2014), Nathalie Appéré, qui faisait front uni avec l'écologiste Matthieu Theurier (EELV), l'a emporté sur un score sans appel de 65,35% des voix, loin devant la candidate LREM Carole Gandon à 17,49% et le candidat divers droite Charles Compagnon à 17,15%.

Si la vague verte existe en Bretagne, elle est l'alliée du PS : à Rennes comme à Brest, les favoris des sondages l'ont emporté sans surprise et sans difficulté. Dans la capitale bretonne, Nathalie Appéré et ses colistiers se sont présentés sous la bannière d'une « gauche sociale et écologiste ». La liste « Pour Rennes » souhaite tester à l'échelle d'un quartier un revenu minimum garanti et approfondi­r « la démocratie locale et la participat­ion citoyenne » afin d'impliquer les habitants dans la concertati­on immobilièr­e ou la tarificati­on des transports. Les moins de 26 ans se verront accorder une réduction de 25%, ajustable en cours de mandat jusqu'à une éventuelle gratuité totale. Leur programme commun évoque aussi des tarifs sociaux internet et la constructi­on de 1.800 logements par an dont 25% en accès social. Sur le front de l'emploi, de l'insertion et du développem­ent économique, un plan d'urgence aux PME sera mis en place, avec un bonus pour les plus vertueuses écologique­ment.

Rennes se voit enfin en territoire zéro pesticide de synthèse en 2025 et, pour contrer une violence montante, Nathalie Appéré défend l'idée (qui n'est pas celle de ses alliés) d'une brigade nocturne dotée de tasers.

« Notre ville est aujourd'hui à l'avant-poste, au niveau national, d'une force sociale écologiste sur laquelle il faudra compter » s'est félicitée Nathalie Appéré, saluant au passage les victoires « de la gauche bretonne à Brest, Quimper, Morlaix et Saint-Brieuc ».

ÉCHEC DE LA GAUCHE À LORIENT, LREM EN RADE

Dans la métropole brestoise, le maire sortant PS François Cuillandre s'était allié entre les deux tours avec la liste écologiste de Ronan Pichon : il l'a emporté pour la quatrième fois avec 49,69 % des voix, devant l'ancienne préfète DVD Bernadette Malgorn à 36,41%. L'ex-PS passé à LREM Marc Coatanea ne recueille que 13,89% des suffrages.

À Brest, où François Cuillandre promet de poursuivre la transforma­tion de la ville au plan de l'urbanisme et la voie de la transition écologique et de créer un crédit municipal, on a voté un tout petit peu plus qu'à Rennes : 31,96 % des électeurs se sont déplacés, mais avec moins de 50% des voix, François Cuillandre est élu par 15% des électeurs. « J'aurais préféré symbolique­ment qu'on dépasse la barre des 50%, la faiblesse du taux de participat­ion interroge quand même dans les grandes villes » a regretté le maire élu.

Sur le territoire breton, l'élection présentait des enjeux pour la gauche dans plusieurs autres villes : comme Saint-Brieuc et Morlaix, Quimper est tombée hier soir. Le maire sortant Ludovic Jolivet (Agir, centre droit) a été devancé par la conseillèr­e départemen­tale socialiste Isabelle Assih (PSPCF-PRG) qui a obtenu 51,24 % des voix. Elle devient la première femme maire de Quimper.

Le gros coup de tonnerre provient de Lorient. Ce bastion socialiste depuis plus de 55 ans et fief du ministre de l'Europe et des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian a été emporté par le candidat divers droite Fabrice Loher à la faveur d'une quadrangul­aire et d'une gauche divisée. Il est arrivé en tête avec 35,34% des voix, devant le candidat écologiste Damien Girard (32,83%), vainqueur du premier tour avec une liste PS-PCF-EELV. L'autre candidat de gauche, Bruno Blanchard (DVG), adjoint à l'urbanisme soutenu par le maire sortant Norbert Métairie s'est classé troisième avec 19,55% des voix. Pour Laurent Tonnerre, le candidat LREM, c'est un coup de Trafalgar : malgré le soutien de Jean-Yves Le Drian, l'adjoint à l'Environnem­ent arrive quatrième avec 12,27%. Pas bon non plus pour l'image de son mentor, potentiel premier ministrabl­e.

Sur le territoire breton, le parti présidenti­el reste peu ancré et n'a pas réussi à placer de candidats à la tête d'une ville importante.

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