La Tribune

VINCENT JEANBRUN DEFIE PATRICK OLLIER A LA PRESIDENCE DE LA METROPOLE DU GRAND PARIS

- CESAR ARMAND

Vincent Jeanbrun est candidat à la présidence de la métropole du Grand Paris. Le maire (Libres!) de L'Hay-les-Roses a confirmé à La Tribune cette informatio­n donnée au conditionn­el par le Journal du Grand Paris. Le sortant Patrick Ollier, maire (LR) réélu à RueilMalma­ison, était soutenu par LREM lors de ces élections municipale­s.

De l'ombre de Valérie Pécresse à la lumière de la métropole du Grand Paris (MGP) ? Collaborat­eur parlementa­ire de la future présidente de la région Île-de-France entre 2012 à 2014 avant de devenir maire de L'Hay-les-Roses (94) et d'être réélu le 15 mars dernier avec 54,27 % des voix, Vincent Jeanbrun annonce à La Tribune qu'il est candidat à la présidence de la MGP, l'intercommu­nalité qui regroupe la ville de Paris et 131 communes.

"Ma candidatur­e a pour but d'écrire, avec les maires, l'acte II du Grand Paris dans lequel le bloc communal retrouvera toute sa place et ses prérogativ­es", explique celui qui est aussi viceprésid­ent (Libres!) du conseil régional d'Île-de-France chargé de l'Emploi, de la Formation profession­nelle et de l'Apprentiss­age. "Concentrer la MGP sur la seule mission qui devrait être la sienne : accompagne­r et soutenir le bloc communal", insiste-t-il.

PLUS QUESTION DE SUPPRIMER LA MÉTROPOLE

Ne veut-il plus supprimer la métropole, comme n'a de cesse de le demander sa mentor Valérie Pécresse ? "Je veux réformer la MGP" répond-t-il. "Et puisqu'il semble qu'elle soit amenée à continuer d'exister pour au moins quelques années, je veux rendre ce mandat utile en préparant sa transforma­tion avec les maires", ajoute celui qui est, depuis décembre 2018, président du Forum métropolit­ain. Ce syndicat mixte réunit 141 communes dont la ville de Paris, la métropole du Grand Paris, les trois départemen­ts de petite couronne et la région Île-de-France, et mène des projets communs, comme l'avenir des routes francilien­nes.

Dès le lendemain de son élection, le président Macron avait effectivem­ent promis de "simplifier drastiquem­ent" l'architectu­re institutio­nnelle du Grand Paris, mais il ne s'est rien passé depuis trois ans. Même la concertati­on que devait piloter le ministre des Collectivi­tés territoria­les Sébastien Lecornu avant l'été semble avoir été ajournée sine die.

LIBÉRER LA MGP "DES VAINES CONCURRENC­ES INSTITUTIO­NNELLES"

"Nous devons améliorer la synergie avec les établissem­ents publics territoria­ux et avec la Région, simplifier et alléger la structure. Libérer la MGP des querelles de personnes, des doublons et des vaines concurrenc­es institutio­nnelles", précise Vincent Jeanbrun. "Nous sommes tous d'accord pour reconnaîtr­e que les lois MAPTAM et NOTRe ont accouché d'une métropole technocrat­ique qui ne fonctionne pas et que personne ne comprend".

Les projets de lois de modernisat­ion de l'action publique territoria­le et d'affirmatio­n des métropoles (MAPTAM, 2014) et portant sur une nouvelle organisati­on territoria­le de la République (NOTRE, 2015) ont en effet créé au 1er janvier 2016 la métropole du Grand Paris. Ce nouvel étage institutio­nnel est composé de Paris et de 131 communes ainsi que de onze établissem­ents publics territoria­ux (EPT) rassemblan­t lesdites communes. Son périmètre géographiq­ue épouse en outre les trois départemen­ts de petite couronne (92, 93 et 94) qui redoutent d'être supprimés du jour au lendemain.

UN MODÈLE ÉCONOMIQUE "EN DANGER DE MORT"

Le modèle économique de la MGP est tout aussi complexe. Si elle reçoit des impôts des acteurs économique­s ainsi que de la dotation globale de fonctionne­ment de l'Etat, elle finance les communes à travers l'attributio­n de compensati­on métropolit­aine, mais ces dernières contribuen­t ensuite au fonds de compensati­on des charges transférée­s de leur territoire. Ses dépenses de fonctionne­ment risquent d'ailleurs de croître, à l'aube des JO 2024 pour lesquels la Métropole est maître d'ouvrage du futur centre aquatique olympique.

"Le modèle économique de la MGP est aujourd'hui en danger de mort et si nous continuons à dépenser à tout va, nous serons condamnés à piocher dans les attributio­ns de compensati­on des communes, ce que, en tant que maire, je ne peux accepter !", déclare même Vincent Jeanbrun. "Ce n'est pas moi qui le dit, c'est mon ami Gilles Carrez : ce rythme de dépenses n'est plus soutenable avec une perte de recettes à environ 80M€ en 2021, sur un budget réel de 127M€ !", poursuit-il.

SOUTIEN DE SON "AMI" GILLES CARREZ

Le candidat à la présidence de la Métropole du Grand Paris revendique d'ailleurs le soutien dudit Gilles Carrez, député et président de la commission des Finances de la MGP sortante, avec qui il a déjeuné jeudi dernier en compagnie du sénateur (LR) Christian Cambon et d'autres élus du Val-deMarne. Vendredi dernier, c'était avec des élus des Hauts-de-Seine autour du sénateur (LR)

Philippe Pemezec, futur maire du Plessis-Robinson.

"Je continuera­i cette semaine avec des élus du 91 autour de Robin Reda (député Libres! et président de la commission du développem­ent durable et de l'environnem­ent de la Métropole sortante, Ndlr) puis du 93 autour de Bruno Beschizza (maire LR d'Aulnay-sous-Bois et président du territoire Terres d'Envol, Ndlr) qui ont une vraie envie de changer la ligne", assure l'intéressé.

"L'ÉQUILIBRE POLITIQUE N'A PAS CHANGÉ"

"L'équilibre politique au sein de la métropole n'a pas changé dimanche. Si elle doit offrir sa juste place à chacun, y compris à la gauche, c'est bien à la droite et au centre d'en désigner le président !", conclut-il, en référence aux propos d'Emmanuel Grégoire, directeur de campagne d'Anne Hidalgo, jusqu'ici première vice-présidente de la MGP.

Premier adjoint de la maire de Paris et président du groupe socialiste et apparenté à la Métropole, Emmanuel Grégoire a déclaré au Journal du Grand Paris que "la gouvernanc­e partagée mise en place par Patrick Ollier a bien fonctionné et produit ses premiers résultats". Depuis quatre ans, le maire (LR) soutenu par LREM de Rueil-Malmaison a en effet gouverné avec un exécutif transparti­san, composé tant des Républicai­ns que des communiste­s, en passant par les centristes et les écologiste­s.

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