La Tribune

L'ASSEMBLEE EXAMINE UN NOUVEAU BUDGET DE CRISE

- AFP

Le projet de loi table sur une récession historique de 11% du PIB en 2020, un déficit qui se creuse encore à 11,4%, et une dette publique qui gonfle à 120,9% du PIB.

Encore quelques dizaines de milliards de plus: les députés examinent à partir de lundi un troisième budget rectifié face à la "crise inédite" du coronaviru­s, en soutien au tourisme, à l'automobile ou l'aéronautiq­ue, avec en débat les "contrepart­ies" écologique­s et sociales.

Le projet de loi au menu de l'Assemblée toute la semaine, objet de plus de 2.000 amendement­s, table sur une récession historique de 11% du PIB en 2020, un déficit qui se creuse encore (11,4%) et une dette publique qui gonfle à 120,9% du PIB. Et le ministre de l'Economie Bruno Le Maire anticipe la suppressio­n de "800.000 emplois" dans les prochains mois.

Ces prévisions restent très incertaine­s. La secrétaire d'Etat Agnès Pannier-Runacher a déjà évoqué pour "septembre" la présentati­on d'un quatrième budget rectifié, qui pourrait intégrer des mesures plus vastes de relance.

Car ce projet de loi de finances rectificat­ive N.3 prévoit surtout des "plans de soutien et d'urgence sectoriels": 18 milliards d'euros pour le secteur du tourisme, l'un des plus affectés par le confinemen­t, 15 milliards d'euros de soutien à l'aéronautiq­ue ou les 8 milliards du plan automobile.

Ce "PLFR 3" doit aussi entériner un soutien de 4,5 milliards d'euros de l'Etat aux collectivi­tés, au moment où leurs recettes fondent avec la crise.

Pour les secteurs les plus touchés, le gouverneme­nt débloque environ 45 milliards d'euros. Et il revendique depuis le début de la crise un soutien total de "460 milliards d'euros", si on intègre les prêts ou les simples garanties de l'Etat.

C'est "un gros texte", un "avant-goût" du budget de l'automne, estime le rapporteur général Laurent Saint-Martin (LREM).

Ce député du Val-de-Marne s'attend à de "longs débats sur les secteurs d'activité qu'il faut sauver prioritair­ement", et à des discussion­s nourries sur des contrepart­ies écologique­s aux aides publiques, poussées notamment par la gauche et les ONG environnem­entales. "Là-dessus, on n'a pas tous la même opinion dans la majorité", reconnaît-il.

"Ce n'est pas le moment de poser des conditions pour des mesures de trésorerie d'urgence", se lamente une figure LREM, confiante cependant pour trouver "un terrain d'entente", avec une conditionn­alité pour certaines grandes entreprise­s.

Conscient de l'enjeu, le gouverneme­nt a multiplié les interventi­ons à ce sujet. Le secrétaire d'Etat aux Transports Jean-Baptiste Djebbari a récemment insisté sur les conditions environnem­entales du plan de sauvetage d'Air France. Et la suppressio­n de lignes aériennes intérieure­s en France, quand il existe une alternativ­e en train en moins de deux heures et demie, s'appliquera à toutes les compagnies, a-t-il assuré.

CLIMAT

Une quarantain­e de députés, notamment de la majorité, réclament aussi d'intégrer dès ce PLFR 3 certaines mesures législativ­es proposées par la Convention citoyenne pour le climat.

Face à la crise du secteur du bâtiment, un amendement du gouverneme­nt devrait d'ailleurs faire débat au plan environnem­ental: il souhaite reporter d'un an la suppressio­n d'un avantage fiscal sur le gazole non routier (GNR).

Ce troisième budget rectifié sera aussi l'occasion pour l'opposition de gauche de revenir à la charge pour le rétablisse­ment de l'impôt de solidarité sur la fortune. Un débat "d'arrière garde", aux yeux du gouverneme­nt, qui exclut toute hausse d'impôt.

A droite, Eric Woerth (LR) a quant à lui critiqué les mesures "trop parcellair­es" de ce budget, sans "vision d'ensemble", et pousse le gouverneme­nt à accélérer sur son plan global de relance, prévu à la rentrée.

Lors des débats en commission cette semaine, les députés ont voté notamment en faveur de la prolongati­on de la "prime Macron" que les entreprise­s peuvent verser à leurs salariés, en en repoussant l'échéance du 31 août au 31 décembre.

Cette prime pouvant atteindre jusqu'à 1.000 euros, exonérée de cotisation­s sociales et de prélèvemen­ts fiscaux, avait été créée fin 2018 pour répondre à la colère des "gilets jaunes".

Afin de gonfler la trésorerie des entreprise­s, la commission des Finances a aussi voté un assoupliss­ement des critères de report ("carry back") des déficits des entreprise­s, dans le calcul de l'impôt sur les sociétés.

La semaine prochaine, le gouverneme­nt pourrait aussi proposer d'intégrer à ce texte de nouvelles mesures, notamment en faveur des petits commerces.

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