La Tribune

GIRONDINS DE BORDEAUX : FORTE MOBILISATI­ON POUR CHANGER LA PRESIDENCE DU CLUB DE FOOT

- JEAN-PHILIPPE DEJEAN

Les Ultramarin­es, supporteur­s du Football Club des Girondins de Bordeaux (FCGB), engagés dans une lutte frontale contre l'actuelle présidence du FCGB, qu'ils accusent de menacer l'avenir du club, ont mobilisé ce samedi 27 juin. Appuyés par les anciens grands joueurs, mais aussi soutenus par Pierre Hurmic, devenu maire de Bordeaux, ils ont réussi à cristallis­er une forte opposition contre le président Frédéric Longuépée, qu'ils veulent renvoyer à Paris.

Le travail de sape entamé depuis des mois par le club de supporters des Ultramarin­es bordelais contre la nouvelle direction du Football Club des Girondins de Bordeaux (FCGB) commence à prendre une véritable épaisseur : ce qu'a démontré le succès de la manifestat­ion qu'ils ont organisé ce samedi 27 juin, face à la mairie de Bordeaux, où près de 3.000 personnes se sont réunies à leur appel pour sauver le club. Le tout dans un lieu hautement symbolique, au pied de la cathédrale et sur la place qui porte le nom de Pey Berland, sans doute l'un des plus grands héros de Bordeaux, qui avait appelé en son temps la ville à se soulever contre les armées du roi de France.

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Les Ultramarin­es, qui se définissen­t comme le douzième homme du club, semblent ainsi en train de muter pour devenir le bras armé politique du FCGB. Et leur nouvel objectif est simple : l'actuelle équipe dirigeante du club, dont Frédéric Longuépée (transfuge du PSG) est le président, doit repartir d'où elle est venue.

"Il y a une cassure irrémédiab­le. Depuis septembre, on explique qu'on ne peut plus travailler avec la direction opérationn­elle des Girondins de Bordeaux. Il n'y a rien qui bouge. Aujourd'hui, il y a un ras-le-bol, il faut que les choses bougent... Il faut maintenant qu'ils (les membres de l'équipe dirigeante-NDLR) reprennent un train vers Paris... Tout est détruit de la cave au grenier. C'est un cri de colère pour que les choses changent très vite" a notamment déroulé lors du rassemblem­ent Fabien Brunet, porte-parole des Ultramarin­es, comme l'a retranscri­t le site "Web Girondins".

"UN CLUB DE FOOT N'EST PAS UNE ENTREPRISE"

Opiniâtre et sûr de son analyse, le porte-parole des Ultramarin­es voit dans l'actuelle crise qui menace le club, des enjeux de longue portée.

"Le problème est philosophi­que, a-t-il ainsi attaqué au cours de la même conférence de presse. C'est une vision du football qui est totalement opposée. Ils s'imaginent (les actuels dirigeants du club -NDLR) qu'ils peuvent créer une activité autour du football et que c'est cette activité qui va amener de l'argent au terrain. C'est complèteme­nt faux. C'est le terrain qui doit être central. Le vrai clash idéologiqu­e, a-t-il poursuivi, il est là. Ils n'ont rien compris au football. On met à la tête des clubs des gens qui n'appréhende­nt rien du contexte de la ville. Un club de foot n'est pas une entreprise. Un club de foot ça prend aux tripes les gens. Ça accompagne les gens toutes leurs vies. On en appelle à tout le monde. On fait ça bénévoleme­nt, et il faut que les gens se réveillent. On est alerté depuis des mois par les salariés, ils doivent maintenant se manifester. Les partenaire­s, les supporters, la mairie de Bordeaux. Tout le monde doit se soulever. Aujourd'hui ça doit être le début d'une nouvelle ère".

LA SITUATION FINANCIÈRE RÉELLE DU CLUB BIENTÔT DÉVOILÉE

Autant dire que le porte-parole des Ultramarin­es a quand même eu le temps de savourer ce qui ressemble à une première victoire. Parce que des joueurs de légende du FCGB, comme Alain Giresse ou Lilian Laslandes, ont répondu à cet appel et ont participé à ce rassemblem­ent du 27 juin, cautionnan­t ainsi la réalité de la menace représenté­e par l'actuel propriétai­re américain du club, le fonds d'investisse­ment King Street Capital, et surtout son président. Sans compter que, depuis l'an dernier, ce mouvement d'opposition a également convaincu les champions du monde 98 Christophe Dugarry et Bixente Lizarazu, révélés avec le FCGB lors de la coupe Intertoto de 1995, de se montrer eux aussi préoccupés par la situation actuelle et l'avenir du club.

Seul l'entraîneur du Real de Madrid, Zinedine Zidane, qui a également été un joueur marquant du FCGB lors de la coupe Intertoto de 1995, semble ne s'être pas encore prononcé sur le dossier. Déjà déficitair­e de l'ordre de 25 M€, le FCGB semble avoir plongé dans le rouge avec la politique de recrutemen­t dispendieu­se menée par le premier fonds d'investisse­ment américain aux commandes du club, GACP, dirigé par Joseph Dagrosa. Ce dernier aurait creusé les finances de 11 M€ supplément­aires. Et le FCGB serait aujourd'hui l'un des clubs de foot les plus plombés du championna­t sur le plan financier, avec un déficit cumulé qui serait de l'ordre de 40 M€.

KING STREET CAPITAL NE VA PAS RESTER ISOLÉ, DES REPRENEURS S'AGITENT

Pourtant les Ultramarin­es n'ont pas de reproches à faire à Joseph Dagrosa sur le plan sportif ni même pour le respect de la culture du club. Et lors de cette année 2019 déjà presque lointaine les Ultramarin­es s'affrontaie­nt déjà avec Frédéric Longuépée, quand il était n'était encore que directeur général du club, avant même le départ de Joseph Dagrosa. Les Ultramarin­es associent Frédéric Longuépée à une politique ouvertemen­t hostile, notamment après qu'il ait essayé de les déloger de leur base historique du Virage Sud, pour les éparpiller dans le stade.

Les Ultramarin­es ont déclenché une lutte à mort contre le président de leur club et ce vendredi 26 juin, juste avant la tenue du deuxième tour des Municipale­s qui lui a coûté son siège, le maire (LR) Nicolas Florian s'était engagé à les recevoir dans les jours suivants s'il était réélu. Tandis que de son côté le nouveau maire de Bordeaux, l'écologiste Pierre Hurmic, n'a pas caché, avant les élections, qu'il demanderai­t lui aussi le départ de Frédéric Longuépée. Aussitôt nommé président du FCGB Frédéric Longuépée a multiplié les gestes d'apaisement en direction des Ultramarin­es, pour essayer de désamorcer ce conflit potentiell­ement dévastateu­r, mais il semble bien qu'il était déjà trop tard pour trouver une paix des braves.

Selon "Le Parisien", King Street Capital ne devrait pas prendre de décision avant le 6 juillet prochain et l'examen des finances du club par la DNCG. Et le quotidien croit savoir qu'Olivier Létang, ancien président du Stade Rennais, lui-même entouré d'un groupe d'investisse­urs, serait intéressé par le FCGB et pressenti pour remplacer Frédéric Longuépée... Avec au bout du compte une liste de repreneurs qui va continuer à s'allonger, l'investisse­ur Bruno Fievet ayant déjà fait connaître depuis plusieurs mois son intérêt pour le FCGB.

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