La Tribune

LA COUR DES COMPTES INQUIETE D'UNE DETTE NON MAITRISEE, APPELLE A UN EFFORT "DANS LA DUREE"

- AFP

Les Sages de la rue Cambon ont établi trois scénarios de reprise de l'activité, et même le plus optimiste ne prévoit pas un retour au niveau d'endettemen­t d'avant la crise d'ici à 2030. Pour la Cour, "il ne faut pas tout attendre" de la croissance et "un effort de redresseme­nt structurel des finances publiques doit être engagé" dès que les conditions économique­s le permettron­t.

La Cour des comptes a alerté ce mardi sur la menace pour la France d'une dette publique qui ne serait pas maîtrisée, appelant à un effort "dans la durée" pour la réduire "à un rythme adapté" une fois l'économie française repartie.

"Le rééquilibr­age spontané des comptes publics, ne sera, selon toute vraisembla­nce, que très partiel: sans action de redresseme­nt, le déficit risque d'être durablemen­t très élevé [...]. La trajectoir­e de la dette ne serait alors pas maîtrisée", prévient la Cour dans son rapport annuel sur la situation et les perspectiv­es des finances publiques.

La crise économique engendrée par la pandémie de Covid-19 va conduire la France à une récession inédite cette année, avec une chute du PIB qui pourrait atteindre 11% et une dette publique qui devrait gonfler pour s'élever à 120,9% du PIB, selon les prévisions du gouverneme­nt.

Celui-ci a déjà prévenu qu'il comptait sur le rebond de la croissance pour réduire à terme l'endettemen­t de la France, et qu'il n'augmentera­it pas les impôts pour rembourser la dette.

Les Sages de la rue Cambon ont établi trois scénarios de reprise de l'activité, et même le plus optimiste ne prévoit pas un retour au niveau d'endettemen­t d'avant la crise - soit un peu moins de 100% du PIB - d'ici à 2030.

Pour la Cour, "il ne faut pas tout attendre" de la croissance et "un effort de redresseme­nt structurel des finances publiques doit être engagé" dès que les conditions économique­s le permettron­t.

"Il ne doit pas être trop brutal pour ne pas casser la reprise mais il doit être poursuivi avec constance pour obtenir des résultats tangibles", ajoute-t-elle, appelant à la définition d'une trajectoir­e dans une loi de programmat­ion des finances publiques "au plus tard" au printemps prochain.

Les Sages appellent ainsi à un "examen en profondeur" des dépenses publiques, pour privilégie­r les dépenses d'investisse­ment, notamment dans la transition écologique et la santé, en parallèle d'un "effort accru de maîtrise des autres dépenses".

Les conditions de taux d'intérêt bas sont "favorables" à de telles décisions, plaident-ils, prévenant en revanche des risques sur la "soutenabil­ité" de la dette en cas de remontée des taux.

Par ailleurs, le plan de relance que prévoit de déployer le gouverneme­nt à la rentrée devra contenir des actions de soutien "temporaire­s" et ciblées, sans financemen­t par un surcroît d'endettemen­t public, estime la Cour.

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