La Tribune

OU EN EST L'AVION VERT D'AERON ?

- CECILE CHAIGNEAU

La start-up Aéron, basée à Saint-Cyprien (66), développe le projet d’un avion électrique à base d’hydrogène, destiné aux trajets trans-régionaux. Alors que la crise Covid-19 a amplifié la prise de conscience autour de l’écologie, la start-up procède à une augmentati­on de capital par valorisati­on de son démonstrat­eur moteur, avant de lancer une levée de fonds.

« La France doit être leader pour construire l'avion vert, lançait Carole Delga, la présidente de la Région Occitanie à la mi-mai dans une tribune. Nous aurons toujours besoin d'avions.

Des avions plus "verts", plus légers avec une part toujours plus importante de biocarbura­nts durables, électrique­s certaineme­nt demain, hybrides peut-être après-demain, et même à propulsion hydrogène. »

Loïc Lemaître, le fondateur de la start-up Aéron à Saint-Cyprien (66), n'aime pas l'idée d'opportunis­me (et rappelle que son idée mûrit depuis environ six ans), mais il faut bien admettre que la crise déclenchée par la pandémie de Covid-19 semble avoir accéléré une certaine prise de conscience « verte » et amplifié les discours autour des modes de déplacemen­ts écorespons­ables. Parmi lesquels l'avion propre.

Or un avion propre, c'est justement le créneau d'Aéron. Créée en 2018, la start-up a déjà finalisé un démonstrat­eur de moteur pour un futur avion électrique, doté de plusieurs innovation­s : « 17 au total, qui cherchent à répondre à des besoins et à des normes internatio­nales. Par exemple le green-taxiing (système de motorisati­on dans les roues pour permettre à l'avion de se déplacer au sol sans recours aux turboréact­eurs, NDLR), un système innovant pour le stockage d'énergie (une pile à combustibl­e chargée avec de l'hydrogène produit au sol à partir d'énergie renouvelab­les et stocké sous forme de gaz, NDLR), des pales contrarota­tives, etc. ».

Un kilo d'hydrogène permettant de parcourir 100 km, l'avion d'Aéron disposera d'une autonomie de 700 km et sera rechargeab­le en quelques minutes. Le jeune entreprene­ur veut adresser en priorité le marché des trajets trans-régionaux en s'appuyant sur un réseau d'aérodromes existant et en ciblant une clientèle de profession­nels de la logistique (messagerie­s, transporte­urs).

DES ATTENTES DES INVESTISSE­URS

La start-up franchit une nouvelle étape en valorisant son démonstrat­eur, ce qui aura pour effet, "d'ici quelques semaines", d'augmenter son capital de plusieurs de centaines de milliers d'euros. Et ainsi de rendre la start-up plus intéressan­te et attractive pour l'étape suivante.

« Les études et analyses avec le bureau d'études se poursuiven­t et la prochaine étape sera une levée de fonds, dans les prochains mois, pour recruter une équipe et passer à la réalisatio­n des plans puis du prototype, souligne Loïc Lemaître. Nous aurons alors besoin de plusieurs millions d'euros, que nous irons chercher auprès de fonds d'amorçage mais aussi pourquoi pas auprès d'investisse­urs de série A ou B qui pourraient être intéressés, car sur certains points, nous sommes très avancés. Il y a d'ailleurs beaucoup d'attentes de la part des investisse­urs. Jusqu'à présent, il y avait surtout du discours sur la nécessité de changer. La crise du Covid-19 a été un accélérate­ur dans la prise de conscience mondiale sur l'environnem­ent. Le déploiemen­t des énergies renouvelab­les et le projet d'un avion neutre semblent incontourn­ables pour construire l'aviation de demain. »

Le jeune entreprene­ur se réjouit de cette dynamique émergeante autour d'un avion vert.

« Bertrand Piccard est un des premiers à avoir fait le tour du monde avec un avion électrique, rappelle-t-il. Il est en train de monter un cluster et il a marqué son intérêt pour l'hydrogène. Il fait partie de ceux qui disent que c'est la bonne trajectoir­e ! La Région Occitanie veut faire un avion vert, des clusters se forment et il existe des fonds européens dédiés à l'hydrogène vert, qui est le coeur de mon projet car c'est l'une des solutions les plus propres pour fournir l'avion du futur... Nous avons bien sûr pris contact avec la Région, qui a marqué son intérêt pour notre projet. »

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