La Tribune

BORDEAUX METROPOLE BASCULE AUSSI A GAUCHE : QUELLES CONSEQUENC­ES ?

- CLAIRE MAYER

Si à Bordeaux l'élection du candidat écologiste Pierre Hurmic a créé la surprise après 73 ans de gouvernanc­e à droite, la métropole n'est pas en reste. Jusqu'ici majoritair­e, le groupe "Communauté d'avenir" rassemblai­t les élus de droite et du centre et sans étiquette autour de son président Patrick Bobet (LR). Cette majorité est désormais remise en cause avec le nombre de sièges qu'occuperont les villes ayant basculé à gauche le 28 juin. Le nom du futur président est encore en discussion.

Depuis sa création en 1968, la présidence de la métropole a alterné entre les deux principaux camps politiques, de Jacques Chaban-Delmas à sa création, à Patrick Bobet, élu en mars 2019 à l'issue du départ d'Alain Juppé pour le conseil constituti­onnel. Alain Rousset (PS), aujourd'hui président de la Région Nouvelle-Aquitaine, et Vincent Feltesse (PS), qui avait prématurém­ent quitté la course à l'hôtel de ville en décembre dernier, ont également présidé la Métropole en 2004 puis en 2007. Mais le changement de majorité ne sera pas l'unique nouveauté de ce renouvelle­ment de gestion métropolit­aine. La cogestion, pilotage de l'institutio­n par des maires de sensibilit­és différente­s, instaurée en 1968, pourrait également être remise en question : Pierre Hurmic en est en effet un fervent opposant.

UNE NOUVELLE RÉPARTITIO­N DES SIÈGES

Le second tour des élections municipale­s a rebattu les cartes de la métropole. Ce sont désormais 17 communes sur les 28 de la métropole bordelaise qui sont dirigées par la gauche ou les Verts, contre onze par la droite ou le centre. En effet, parmi les villes métropolit­aines scrutées de près pour ces élections municipale­s, certaines ont également marqué l'histoire politique locale. Arrivé en tête avec 52,5 % des voix, Stéphane Delpeyrat (Génération-s) a remporté l'élection à Saint-Médard-en-Jalles, face à Jacques Mangon (centre droit), également vice-président de la Métropole en charge de l'urbanisme. Ce dernier avait mis fin en 2014 à 30 ans de socialisme en battant Serge Lamaison. Le 28 juin dernier, Artigues a également basculé à gauche, avec la victoire d'Alain Garnier, soutenu par EELV. Enfin, Carbon Blanc a suivi le mouvement avec la victoire de Patrick Labesse, à la tête d'une liste rose et verte face au sortant LREM Alain Turby.

Au total, ce sont donc 38 sièges - contre 62 lors du précédent mandat - qu'aura "Communauté d'avenir" à la métropole, 32 pour le PS, 30 pour les Verts, quatre pour le Parti communiste, et un pour le Nouveau parti anticapita­liste (NPA) de Philippe Poutou. La répartitio­n des sièges métropolit­ains est faite en fonction des villes métropolit­aines, leur nombre d'habitants et leur poids politique : ainsi, Bordeaux possède 36 sièges, Mérignac dix, Pessac huit, Villenave-d'Ornon et Saint-Médard-en-Jalles quatre, Bègles, Gradignan, Le Bouscat, Cenon et Lormont trois, Eysines, Floirac, Blanquefor­t, Bruges et Ambarès-et-Lagrave deux.

UNE NOUVELLE PRÉSIDENCE EN SUSPENS

La future gestion de la métropole n'est pas l'unique inconnue de cette nouvelle équation politique. Sa présidence l'est également, tandis que des "tractation­s sont en cours", et que la plupart des élus interrogés, comme son actuel président Patrick Bobet, ne souhaitent pas pour l'instant s'exprimer sur le sujet. Le groupe des "Élus socialiste­s et Apparentés" au sein de la métropole, se réunissait ce 30 juin pour échanger autour de cette "situation assez inédite, et mettre pas mal de choses autour de la table" nous souffle-t-on. Le groupe est en effet présidé par Alain Anziani, réélu à la tête de Mérignac, dont le nom est évoqué pour prendre la présidence de la Métropole.

Mais pour ce dernier, celle-ci n'est pas la première étape. "La bonne réponse ne consiste pas à dire comment on se réparti les postes. Au contraire, la bonne méthode est de mettre sur la table des idées, une vision, une volonté et de voir comment les gens réagissent" explique l'édile, qui a présenté ce 1er juillet des "propositio­ns pour un contrat de coopératio­n métropolit­ain", dont "la transition écologique est une évidence", englobant la mobilité, l'urbanisme et le développem­ent économique. Il devra pourtant se heurter à Pierre Hurmic, qui souhaite mettre fin à la cogestion métropolit­aine, y compris si celle-ci est défendue par Alain Anziani. "Cette cogestion émolliente, le troc entre maires qui consiste à dire « je te vote ton stade, tu votes ma piscine » je considère qu'elle a correspond­u il y a longtemps à ce qui a été une intercommu­nalité débutante, mais aujourd'hui où on doit gérer un budget d'1,7 milliard d'euros, on ne peut plus le faire comme lorsque l'on gérait au début un budget de 100 millions de francs. Il faut accepter de changer les méthodes de gouvernanc­e" défend le nouveau maire de Bordeaux. Réponse le vendredi 17 juillet prochain, lorsque le conseil métropolit­ain élira son nouveau président.

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