La Tribune

BERCY MISE SUR UNE CROISSANCE DE 8% EN 2021, UN REBOND QUI N'EFFACERA PAS LES PERTES

- AFP

Ni en V, ni en U, la reprise économique devrait finalement connaître des soubresaut­s en France, et tracer une trajectoir­e "en aile d'oiseau". Le ministère prévient toutefois qu'il reste encore beaucoup d'incertitud­es autour de ces chiffres, notamment dans le cas d'un nouveau confinemen­t.

Un net rebond, mais encore trop faible pour enjamber le cratère dû à la crise sanitaire: Bercy envisage une hausse de 8% du PIB en 2021, "hors effet du plan de relance à venir".

Après une chute vertigineu­se du produit intérieur brut (PIB) de 11% attendue cette année, conséquenc­e d'une mise à l'arrêt de l'économie française au printemps afin de lutter contre la propagatio­n du coronaviru­s, le gouverneme­nt table désormais sur "une reprise graduelle" qui débuterait cette année et se prolongera­it en 2021.

Selon un document préparatoi­re au débat d'orientatio­n des finances publiques mis en ligne vendredi, le rebond devrait déjà s'amorcer cette année et se poursuivre l'an prochain, porté par la reprise "vigoureuse de la consommati­on" entamée après le déconfinem­ent le 11 mai.

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La hausse attendue de 8% du PIB ne tient toutefois pas compte des effets du plan de relance que le gouverneme­nt présentera avant l'automne et qui devrait renforcer la croissance.

Mais ce rebond ne permettra pas d'effacer les pertes subies cette années par l'économie française: "le PIB en 2021 demeurerai­t inférieur d'environ 4% à son niveau de 2019", estime Bercy, dont les prévisions pour l'an prochain sont plus optimistes que celles du FMI (+7,3%) ou de la Banque de France (+7%).

REPRISE EN "AILE D'OISEAU"

Si ces chiffres se confirment, le rebond de la croissance française ne suivrait pas une trajectoir­e en forme de V, le scénario le plus optimiste envisagé au début de la crise avec un rapide retour à la normale, ou même en forme de U, avec une récession prolongée.

Ce serait plutôt une trajectoir­e en "aile d'oiseau", comme l'a décrite récemment le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau, qui table sur un fort rebond qui "s'aplanirait progressiv­ement" par la suite pour retrouver le niveau d'avant-crise "quelque part en 2022".

Pas d'améliorati­on nette en 2021 du côté de l'endettemen­t de l'État, qui devrait à peine reculer à 117,5 points de PIB contre 121% cette année. Quant au déficit public, il serait ramené à 5,5 points de PIB contre 11,4 en 2020.

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UNE FAIBLE INFLATION, À 0,7%

Si la consommati­on a repris, l'investisse­ment "resterait plus sensibleme­nt en retrait de son niveau antérieur", l'incertitud­e quant aux perspectiv­es financière­s et économique­s "continuant de peser", estime encore Bercy, qui anticipe une hausse de la croissance des investisse­ments de 20%, ces derniers restant "nettement inférieur(s) à (leur) haut niveau de 2019".

D'une manière générale, Bercy prévient qu'il règne encore beaucoup d'incertitud­es autour de ces chiffres: "Une résurgence de l'épidémie ou à l'inverse la découverte rapide d'un vaccin sont de nature à retarder ou à accélérer la reprise".

Pour l'an prochain, Bercy s'attend néanmoins à ce que "les échanges commerciau­x se redressent", avec une nette croissance des "exportatio­ns en biens ainsi que (des) importatio­ns".

A noter que le tourisme, l'un des secteurs les plus durement touchés par la crise, se redressera­it "plus partiellem­ent, restant sur l'ensemble de l'année en deçà des niveaux de 2019, reflétant une persistanc­e des incertitud­es".

Dans ses estimation­s, le gouverneme­nt table aussi sur une faible inflation, qui atteindrai­t 0,7% l'an prochain.

Dans son document, Bercy a également dévoilé les priorités de son projet de budget pour l'an prochain, avec une "priorité donnée à la transition écologique et énergétiqu­e en développan­t encore davantage, notamment dans le cadre du plan de relance, les mesures tendant au verdisseme­nt de l'économie et des modes de vie".

Il sera d'ailleurs accompagné d'un "budget vert", présenté comme une première mondiale, afin de présenter "l'impact positif comme négatif, des dépenses et des recettes de l'État sur l'environnem­ent".

ARMÉE, ÉDUCATION, RECHERCHE SERONT RENFORCÉS

Autre priorité: le renforceme­nt "des moyens dédiés au régalien", avec la poursuite des "hausses majeures" prévues pour les armées et pour la justice.

"Les budgets des ministères de l'éducation nationale et de la jeunesse et de l'enseigneme­nt supérieur, de la recherche et de l'innovation seront également substantie­llement renforcés", souligne le document de Bercy.

Un programme "d'investisse­ment massif dans notre système de santé et de revalorisa­tion des carrières des soignants sera également mis en oeuvre", assure le ministère.

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