La Tribune

SI L'ENTREPRISE VA MAL, LA VOITURE DU DIRIGEANT EST EN TROP

- AFP

DROIT. Après plusieurs années de bon fonctionne­ment, l'entreprise de bâtiment était tombée en faillite du fait de factures impayées par des clients. Le liquidateu­r, estimant que le dirigeant avait commis des fautes, a obtenu qu'il soit notamment sanctionné par une interdicti­on de gérer de six ans. Le chef d'entreprise soutenait que cette sanction était disproport­ionnée.

Le dirigeant d'entreprise qui utilise une voiture aux frais de la société s'expose à des sanctions en cas de difficulté­s économique­s.

La Cour de cassation l'a rappelé dans le cas d'un patron dont l'entreprise, avec un chiffre d'affaires de plusieurs millions d'euros, assumait la location de sa voiture pour moins de 1.700 euros par mois.

Après plusieurs années de bon fonctionne­ment, l'entreprise de bâtiment était tombée en faillite du fait de factures impayées par des clients. Le liquidateu­r, estimant que le dirigeant avait commis des fautes, a obtenu qu'il soit notamment sanctionné par une interdicti­on de gérer de six ans. Il lui reprochait d'avoir poursuivi l'exploitati­on dans un intérêt personnel qui se résumait à la perception d'une rémunérati­on de 2.300 euros par mois et à l'utilisatio­n du véhicule loué par la société pour près de 1.700 euros.

SANCTION DISPROPORT­IONNÉE ? NON, JUGE LA COUR

La sanction est disproport­ionnée, soutenait ce chef d'entreprise jugé irréprocha­ble par ailleurs, n'ayant pas détourné un sou, s'étant démené pour obtenir des délais de ses créanciers et pour faire payer ses débiteurs.

Mais ce patron n'avait pas remis en question la location de son véhicule dont le montant était manifestem­ent disproport­ionné au regard des capacités de la société, ni les sommes qu'il s'est versées, a jugé la Cour, et dès lors la poursuite d'un intérêt personnel dans l'activité déficitair­e est caractéris­ée.

En mars dernier cependant, la Cour avait jugé qu'un dirigeant d'entreprise avait le droit de se verser une rémunérati­on excessive, même si celle-ci mettait en péril la société qui n'en avait pas les moyens. Elle avait alors rejeté la demande de sanction du dirigeant, présentée par le liquidateu­r.

Lire aussi : Un patron a le droit de bien se payer, quitte à mettre en péril sa société (Cass. Com, 17.6.2020, T 18-23.088 et 11.3.2020, R 18-24.052).

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