La Tribune

QUI EST LE NOUVEAU PREMIER MINISTRE JEAN CASTEX, LE PARI LOCAL D'EMMANUEL MACRON?

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Il est le deuxième Premier ministre du quinquenna­t d'Emmanuel Macron, succédant à Edouard Philippe à Matignon en ce début juillet. Haut fonctionna­ire, Jean Castex est un habitué du dialogue social et des sujets santé. De quoi peut-être déminer les dossiers brûlants qui attendent le chef de l'État à la rentrée.

Un homme politique de droite peut en cacher un autre. Sans surprise, en nommant Jean Castex Premier ministre en remplaceme­nt d'Edouard Philippe, Emmanuel Macron a choisi la continuité, avec quelques nuances toutefois, notamment de par son expérience sur les sujets santé. Ancien cadre de la Sarkozie, Jean Castex avait été en outre directeur de cabinet de Xavier Bertrand à l'époque du virus H5N1.

Haut fonctionna­ire et maire d'une petite ville, Jean Castex, allie connaissan­ce du terrain et maîtrise des rouages de l'administra­tion. Le "M. Déconfinem­ent" désigné le 2 avril pour organiser la reprise de l'activité économique en France, est un proche de Nicolas Sarkozy âgé de 55 ans, est "un haut fonctionna­ire qui connaît parfaiteme­nt le monde de la santé et qui est redoutable d'efficacité", résumait le Premier ministre Edouard Philippe en annonçant sa nomination.

L'énarque habitué des dossiers complexes peut s'appuyer sur une vie profession­nelle et politique très largement orientée vers le secteur social et la santé.

"C'est un vrai couteau suisse, il a des connexions un peu partout, il sait faire ce qu'il faut faire au bon endroit", assure Franck Louvrier, l'ancien conseiller de Nicolas Sarkozy.

DIRECTEUR DE CABINET À L'ÉPOQUE DU VIRUS H5N1

Peu connu du grand public, Jean Castex connaît notamment très bien le secteur hospitalie­r pour avoir été en 2005-2006 directeur de l'hospitalis­ation et de l'organisati­on des soins au ministère des Solidarité­s et de la Cohésion sociale.

Il devient ensuite directeur de cabinet de Xavier Bertrand à deux reprises, d'abord au ministère de la Santé (2006-2007) puis au Travail (2007-2008).

"Le premier plan pandémie, c'est Jean Castex qui est dircab" à l'époque du virus H5N1, rappelle Xavier Bertrand, en soulignant que "l'OMS avait alors indiqué qu'on était un des pays le mieux préparés au monde".

"Le côté +je vous mets en place un plan qui ne fonctionne pas sur le terrain+ ce n'est vraiment pas le genre de la maison Castex", ajoute-t-il, en louant "les idées claires et le franc-parler" de cet "énarque rectifié élu local".

DANS LE DIALOGUE SOCIAL À LA RENTRÉE

Rue de Grenelle, Jean Castex a aussi eu à gérer des dossiers délicats, notamment le service minimum dans les transports et la réforme des régimes spéciaux de retraite.

Il laisse à l'époque chez ses interlocut­eurs des centrales syndicales le souvenir d'un homme "disponible" et "avenant" même s'il "cache une certaine fermeté", avec "une excellente connaissan­ce de ses dossiers", "quelqu'un avec qui on peut discuter".

"Politiquem­ent, je suis de droite et je l'assume parfaiteme­nt", soulignait alors ce membre de la cour des Comptes. Diplômé de l'IEP de Paris (1986), il est passé par l'ENA en 1991 (promotion Victor Hugo).

Membre des Républicai­ns, il soutient la candidatur­e de François Fillon pour la présidence de l'UMP lors du congrès d'automne 2012.

LA CARTE DES TERRITOIRE­S, "LE POULS DU PAYS"

Mais il sait aussi se ménager des appuis à La République en marche: son nom avait un temps circulé fin 2018 pour devenir ministre de l'Intérieur après le départ de Gérard Collomb. L'exsocialis­te Christophe Castaner avait finalement été préféré à Jean Castex, ancien secrétaire général adjoint de l'Elysée sous Nicolas Sarkozy.

Il était jusqu'à sa nomination délégué interminis­tériel aux Jeux Olympiques de Paris-2024 et aux grands événements sportifs, et présidait également l'Agence nationale du sport.

Conseiller régional de Languedoc-Roussillon de 2010 à 2015, il est battu aux législativ­es de 2012 par la candidate PS Ségolène Neuville.

Depuis 2008 maire de Prades, qui l'a très largement réélu en mars dernier (76%), ce père de quatre filles a conservé l'accent du sud et reste attaché à son Gers natal, où il n'avait pas renoncé à passer les week-ends lorsqu'il était à l'Elysée.

En lui donnant "le pouls du pays", cet ancrage territoria­l pourrait s'avérer un "atout maître" pour préparer le déconfinem­ent, estime Franck Louvrier: "c'est précieux" car il faudra "emporter l'adhésion de tous ceux qui décident localement".

Emmanuel Macron l'avait choisi pour devenir le "Monsieur déconfinem­ent". Son plan était alors décrit comme adapté et "territoria­lisé", non pas par régions, "qui ne correspond­ent pas aux réalités des territoire­s", insistait l'Élysée. _ (Avec Claire GALLEN, AFP)

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