La Tribune

LE TELETRAVAI­L CONSACRE LA MORT DU « PETIT CHEF »

- PHILIPPE MABILLE

SONDAGE EXCLUSIF. Selon notre sondage Ifop-La Tribune-Europe 1-Public Sénat, 36% des actifs ont expériment­é pendant ces deux mois de confinemen­t le travail à distance.

Pendant que les personnels soignants, la « première ligne » et les profession­s essentiell­es (logistique et distributi­on), la deuxième ligne, étaient au front, 36% des actifs ont expériment­é pendant ces deux mois de confinemen­t le travail à distance. Soit 8 millions de Français qui ont travaillé de la maison, et l'ont plus ou moins bien vécu selon l'état de préparatio­n de leur entreprise, leur structure familiale (avec et sans enfants) et leurs conditions de logement.

Qui a télétravai­llé ? Principale­ment les catégories supérieure­s (55%) dont beaucoup étaient parties dans leur résidence secondaire et les profession­s intermédia­ires (50%), loin devant les catégories employé et ouvrier.

Majoritair­ement diplômés du supérieur, principale­ment habitants de la région parisienne ou des grandes métropoles, les télétravai­lleurs expriment massivemen­t leur souhait de continuer le travail à distance, à 82%, dont plus de 50% qui souhaitent y avoir accès plus qu'avant le confinemen­t.

Toutes les catégories sociales sont sur la même longueur d'onde, même les dirigeants d'entreprise qui y ont goûté en même temps que leurs salariés. Et, signe d'un malaise spécifique lié sans doute aux transports publics après les grèves de cet hiver, 9 francilien­s sur 10 veulent continuer à télétravai­ller, un score supérieur à la moyenne.

LES ATOUTS ET DÉFAUTS DU TRAVAILLER CHEZ SOI

Pour Frédéric Dabi, DGA de l'Ifop, la victoire du travail à distance consacre la tendance à la « mort du petit chef » : les principaux avantages perçus sont la meilleure maitrise de son temps, qu'il s'agisse de transports, ou de l'aspiration à être au calme et à faire preuve d'autonomie avec des horaires flexibles. Alors que nombre d'entreprise­s peinent à faire revenir leur salarié au bureau, le confinemen­t a aussi été le révélateur d'un malaise au travail.

Si nombre de salariés ne veulent pas revenir au bureau, c'est peut-être qu'ils n'y sont pas heureux, d'où l'urgence d'un dialogue social pour tirer des leçons collective­s pour l'organisati­on du travail. Car les télétravai­lleurs sont aussi lucides sur ses inconvénie­nts : isolement des collègues, outils informatiq­ues pas toujours adaptés, coûts de connectivi­té, porosité avec la vie familiale et personnell­e, les limites du télétravai­l sont bien identifiée­s.

Pour les entreprise­s, c'est un défi de plus à relever, pour apprendre à mixer créativité et conviviali­té au bureau avec productivi­té et liberté à distance. Une chose est certaine : on ne reviendra pas en arrière. Il faudra trouver le bon équilibre vie perso-vie au boulot et adapter les organisati­ons, les outils et les pratiques managérial­es à qui va rester comme la nouvelle normalité de l'après crise sanitaire, avec des conséquenc­es sur l'immobilier, de bureau et résidentie­l, et sur la vie en ville.

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