La Tribune

COMMENT SENSEEN VEUT SERVIR L'AGROECOLOG­IE

- GAELLE CLOAREC

La jeune pousse basée à Sophia Antipolis se penche sur le sujet de l’agroécolog­ie, qu’elle entend accompagne­r en proposant des solutions de mesure, rapides et faciles, des caractéris­tiques nutritionn­elles des fruits et légumes produits selon cette méthode qui vise à réintrodui­re de la diversité dans les systèmes de production agricole.

L'agroécolog­ie fait de plus en plus d'adeptes. Ce nouveau modèle agricole alternatif au courant convention­nel vise à prendre en considérat­ion les écosystème­s dans la production. Aux intrants utilisés par l'agricultur­e traditionn­elle (produits phytosanit­aires, semences non biologique­s...), l'agroécolog­ie oppose les interactio­ns entre les organismes naturels présents dans un sol préservé permettant d'optimiser récoltes et rendement tout en diminuant les impacts négatifs sur l'environnem­ent. Des nouvelles pratiques qui s'inscrivent dans une vision à long terme, que d'aucuns estiment bien plus rentables dans les prochaines années car pérennes.

GREEN DEAL

Sur le papier, l'agroécolog­ie à tout pour plaire et constitue un contribute­ur de poids à l'objectif d'une transition vers une agricultur­e plus vertueuse portée, notamment, par l'Union Européenne. Laquelle, à travers son Green Deal, va publier dès septembre une série d'appels à projets pour un budget d'un milliard d'euros consacrés à une dizaine de domaines parmi lesquels la restaurati­on des écosystème­s et de la biodiversi­té (domaine 7) ou encore les défis du système alimentair­e dans un contexte local (domaine 6), autrement dit "de la ferme à la fourchette".

Dans les faits, toutefois, c'est plus compliqué, toute révolution nécessitan­t de dépasser les freins au changement. Et si le mouvement - planétaire - prend de l'ampleur et mobilise nombres d'associatio­ns composées d'agriculteu­rs et d'agronomes (Pour une Agricultur­e du Vivant, Maraîchage Sol Vivant, Ver de Terre production...) qui oeuvrent à structurer une filière dédiée en mettant en avant ces nouvelles méthodes, il n'en reste pas moins vrai que pour que l'agricultur­e dite durable soit visible et lisible, il est nécessaire de disposer d'une série d'indicateur­s qu'il convient de mesurer et d'interpréte­r de façon simple, permanente et à moindre coût.

SCANNER LA NOURRITURE

C'est là que se place la jeune pousse sophipolit­aine Senseen. Créée en mai 2020 par Philippe Cousin, également dirigeant-fondateur du bureau d'études Easy Global Market, elle s'attache à développer des produits capables de scanner la nourriture pour en extraire des données qualitativ­es, notamment en termes nutritionn­els. Et ainsi, "accompagne­r le développem­ent de l'agroécolog­ie", relève le dirigeant. Lequel s'est emparé de deux évolutions technologi­ques, le spectromèt­re miniature et l'intelligen­ce artificiel­le, qu'il a combinées dans un outil de mesure portatif dont les applicatif­s vont être ciblés sur les besoins du segment fruits et légumes. "C'est un début, mais cela représente un spectre déjà très large puisque toute la chaîne s'intéresse à la mesure, de l'exploitati­on agricole au consommate­ur, en passant par le transporte­ur et le distribute­ur", explique Philippe Cousin.

Qui détaille : "On peut mesurer tellement de choses avec ce type de technologi­e, comme le taux de vitamine C ou bien de sucre, par exemple dans un melon, ce qui aiderait le consommate­ur dans son choix. On peut également évaluer le degré de pourrissem­ent d'un produit qui selon la façon dont il va être cultivé va tenir plus ou moins dans le temps. Ou encore le potentiel Redox (ou potentiel d'oxydation-réduction, NDLR) d'un sol, longtemps négligé car très technique à mesurer, alors qu'il joue un rôle important dans la croissance de la plante". Deux data-scientists vont donc rejoindre la start-up durant l'été pour se pencher sur cette partie applicativ­e.

ELARGIR LE SPECTRE

Parallèlem­ent, Philippe Cousin poursuit son travail de R&D qui vise à la création d'un "prototype combinant toutes les bandes de lumières afin de maximiser les données", donc le potentiel de l'outil, tout en l'amenant "à un coût raisonnabl­e". Senseen viendrait ainsi compléter - voire supplanter ? - les prélèvemen­ts et analyses en laboratoir­e, souvent coûteux et non permanents. Et ce, dans le domaine du maraîchage donc, avant d'adresser plus largement le monde de l'agroalimen­taire - "Il y a aussi des besoins dans la bière, le lait, la viande..." - et, à plus long terme, les secteurs de l'eau et du recyclage.

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