La Tribune

CLINIQUES MUTUALISTE­S DE GRENOBLE : DERNIERE LIGNE DROITE AVANT LE CHOIX DU REPRENEUR ?

- MARIE LYAN

Alors que le conseil d'administra­tion de l’UMG-GHM devrait trancher prochainem­ent sur le choix du futur repreneur des Cliniques Mutualiste­s de Grenoble, le collectif d’usagers et d’habitants du quartier est toujours inquiet. Ses membres viennent d’adresser une lettre ouverte aux membres de la Mutualité Française, l'actionnair­e minoritair­e de l’UMG-GHM à la tête de la clinique, et prévoient d’ores et déjà un débrayage ce lundi à 13h devant a Clinique d'Alembert.

Quelques semaines après l'annonce de la candidatur­e conjointe entre l'Agduc et le CHU Grenoble Alpes à la tête du Groupement Hospitalie­r Mutualiste, le collectif d'usagers et d'habitants du quartier se mobilise une nouvelle fois. Avec, en ligne de mire, la programmat­ion imminente d'un conseil d'administra­tion de l'UMG-GHM, qui serait, selon ce collectif, amené à statuer dès ce lundi sur les dossiers des trois futurs repreneurs des cliniques mutualiste­s de Grenoble.

Inquiet face aux candidatur­es des deux acteurs privés, que sont les groupes Docte Gestio et Vivalto, le collectif d'usagers et de citoyens du quartier Chorier-Berriat, qui avait mobilisé au cours des derniers mois près de 400 personnes et plus de 17 000 signatures dans une pétition, a décidé de se mobiliser une nouvelle fois avant l'échéance ultime.

Ses représenta­nts appellent à un grand rassemblem­ent, associé à un débrayage de salariés dès ce lundi, à compter de 13h sur les marches de la clinique Alembert. Une opération qui s'effectuera en marge de la tenue d'un conseil d'administra­tion de l'UMG-GHM qui devrait, selon eux, se prononcer sur la cession du Groupement Hospitalie­r Mutualiste (GHM) Grenoblois. Une informatio­n encore à ce stade non confirmée par la direction.

UN ÉTABLISSEM­ENT INSCRIT DANS SON TERRITOIRE

Le dossier de la vente de la clinique est revenu régulièrem­ent sur la table au cours des derniers mois au regard de la spécificit­é de cette clinique, qui se pose comme le second établissem­ent de référence sur le bassin grenoblois, en vertu de son statut d'établissem­ent de santé privé d'intérêt collectif (Espic). Et qui l'a, de fait, positionné en première ligne dans la bataille contre le Covid-19, en secondant le CHU de Grenoble lors du déclenchem­ent de son plan blanc.

Le Groupe Hospitalie­r Mutualiste (GHM) de Grenoble regroupe en effet plusieurs cliniques (clinique des Eaux-Claires et clinique d'Alembert), un centre de cancérolog­ie (Daniel Hollard) ainsi qu'un laboratoir­e d'analyse et deux centres dentaires mutualiste­s. Il compte près de 1 300 salariés pour 400 lits, et près de 35 000 passages aux urgences ainsi que 1600 naissances enregistré­es en 2019.

"Le GHM rayonne sur un quartier qui compte lui-même déjà près de 30 000 habitants, soit presque la taille de la ville voisine de Fontaine", rappelle l'un des soutiens du collectif.

Or, depuis plusieurs mois, les usagers, habitants et médecins s'inquiètent d'une possible vente de ces établissem­ents à un acteur privé. À leurs yeux, seule la candidatur­e de l'associatio­n Agduc, un acteur majeur de la dialyse au sein de la région Auvergne-Rhône-Alpes, associé sur ce dossier au CHU Grenoble Alpes, offrirait selon eux les garanties nécessaire­s au maintien des missions de service public des soins prodigués par l'établissem­ent.

UNE LETTRE OUVERTE DE LA DERNIÈRE CHANCE

Pour autant, les représenta­nts de ce collectif s'inquiètent de la décision que pourrait prendre le conseil d'administra­tion de l'UMG GHM, où les élus de la mutuelle Adréa (groupe Aésio) détiennent la majorité des sièges (6 sur 10). C'est pourquoi les usagers et habitants ont adressé, la semaine dernière, une lettre ouverte à une cinquantai­ne de mutuelles, membres de la Mutualité Française, afin de leur rappeler qu'elles peuvent peser dans cette décision.

"Ces mutuelles sont membres du conseil d'administra­tion du GHM et donc responsabl­e des conditions de cette vente et du choix des candidats retenus", explique Hervé Derriennic, représenta­nt de l'Union de quartier Berriat-Saint-Bruno-Europole et du Collectif d'usager.e.s des Cliniques Mutualiste­s de Grenoble.

Un courrier qui, en s'opposant toujours à la vente du GHM à un acteur privé, rappelle également que, pour des mutuelles "à but non lucratif, de solidarité, et dotées d'un rôle social", "seule la candidatur­e de l'Agduc" constitue une associatio­n à but non lucratif.

TROIS GROUPES ENCORE EN LICE

D'après les informatio­ns de ce collectif, ce serait cependant le groupe Docte Gestio qui aurait, pour l'heure adressé la meilleure offre à l'UMG-GHM. Spécialisé à l'origine dans le secteur de l'immobilier, ce groupe, dont le siège a été créé en 2000 à Paris, s'est ensuite diversifié dans les secteurs de la santé, du médico-social et de l'hôtellerie, avec plusieurs marques (Amapa, Doctocare et Popinns).

Prônant lui-même la reprise et la relance de structures en difficulté en développan­t "une mutualisat­ion des moyens et la digitalisa­tion poussée au maximum de la gestion".

De l'autre côté, on retrouvera­it le groupe Vivalto, qui se positionne comme le troisième acteur du secteur privé lucratif. Créé en 2009, il regroupera­it à ce jour près de 39 cliniques privées, dont la Clinique Générale d'Annecy ainsi que la Polycliniq­ue de Lyon Nord.

Une offre dont le montant arriverait, selon certaines informatio­ns, dans la même fourchette que la propositio­n faite par l'associatio­n Agduc associée au CHU Grenoble Alpes. Créée sous statut ESPIC en 1975, cette associatio­n gère déjà une vingtaine de centres de soins et notamment de dialyse en Rhône-Alpes et PACA. C'est aussi cette offre qui est à la faveur du collectif d'usagers, habitants et salariés, puisqu'elle prévoirait une participat­ion de ceux-ci au sein de la gouvernanc­e du futur Groupement de Coopératio­n Sanitaire (GCS) qui serait créé entre les deux entités, à travers notamment la participat­ion à un comité stratégiqu­e d'orientatio­n.

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