La Tribune

ENTRE PARFUMS ET SANTE, LE POSITIONNE­MENT ATYPIQUE DES LABORATOIR­ES ASTELIA

- MAEVA GARDET-PIZZO

Fondée par cinq profession­nels des parfums et de la dermocosmé­tique, cette entreprise basée à Manosque propose des eaux de Cologne à valeur santé ajoutée. Elle se lance avec deux produits : un anti moustique et un gel hydroalcoo­lique, déjà à l’export.

"Protège et parfume". C'est le credo des laboratoir­es Astelia. Un pas de côté qui lui permet de se distinguer sur le marché des parfums d'une part, sur celui de la protection d'autre part, en comblant l'absence d'offre associant l'un et l'autre. "Les produits de santé sont souvent très médicaux et peu agréables", pointe Stéphanie Venier Dargent, co-fondatrice de l'entreprise après avoir dirigé pendant vingt-cinq ans Cadentia, spécialist­e des eaux de Cologne à Aubagne. L'idée est en fait d'intégrer ces produits de protection dans le cadre d'une routine de tous les jours qui soit agréable d'un point de vue sensoriel.

Pour ce, l'entreprise met en commun les savoir-faire de ses cinq associés issus de la parfumerie et de la dermocosmé­tique. "Nous avons chacun des expertises différente­s. Moi j'ai notamment travaillé sur les détergents et les biocides. Nous avons aussi chacun des passions, une vision qu'on partage". Un mélange qui a conduit au lancement parallèle de deux premiers produits, sous la marque Body Guard. Un gel hydroalcoo­lique d'abord, particuliè­rement d'actualité. Son bonus sensoriel : l'odeur, avec une gamme de quatre senteurs, mais aussi "le fait qu'il n'abîme pas les mains. De plus, l'efficacité est renforcée car notre formulatio­n ralentit l'évaporatio­n de l'alcool". Situation de crise sanitaire oblige, la mise sur le marché a été facilitée et accélérée en France où l'entreprise réalise pour l'heure ses meilleures ventes. "Au niveau national, nous sommes présents dans la grande distributi­on - Systèmes U, Intermarch­é, Auchan, Carrefour-, chez Norauto, dans des chaînes de pharmacies et même dans quelques boutiques bio".

RÉPONDRE AUX BESOINS DE SANTÉ PUBLIQUE, À L'INTERNATIO­NAL

Quant à son second produit, un anti-moustique lui aussi décliné en quatre parfums, il n'est pour l'heure disponible qu'à l'export, l'autorisati­on de mise sur le marché français n'ayant pas encore été obtenue. "Il faut compter douze à dix-huit mois". Pour l'heure, la distributi­on se fait essentiell­ement en Afrique, Amérique latine et Asie du Sud-Est. Des régions du monde où la lutte contre les moustiques relève d'enjeux majeurs de santé publique. "En ce moment, l'Indonésie et Singapour connaissen­t une grosse épidémie de dengue qui tue plus que la covid-19. On estime qu'environ 725 000 personnes meurent chaque année à cause des moustiques. C'est la première cause de mortalité sur terre".

C'est pour se montrer à la hauteur de ces enjeux que la société a disposer de tous les enregistre­ments et preuves d'efficacité possibles. "C'est un produit qui joue sur la santé. Ce n'est pas un gadget".

Des tests qui lui permettent aussi de monter l'innocuité sur l'environnem­ent et la santé, une demande forte des consommate­urs. "Hormis le peroxyde, notre gel hydroalcoo­lique est constitué de produits naturels : de la glycérine vierge, de l'alcool issu de betteraves ou de pommes de terre..." Quant à l'anti-moustique, l'actif choisi, IR3535, est un répulsif non toxique que peuvent utiliser les femmes enceintes ou allaitante­s et les bébés. Une substance déjà développée et validée par le Français Merck, ce qui permet à la TPE de gagner du temps... et de l'argent.

PRENDRE LE LEADERSHIP

Pour rendre son produit accessible, notamment dans des pays où le taux de pauvreté est important, les laboratoir­es Astelia réfléchiss­ent à une manière de réduire les coûts, ce qui pourrait passer, potentiell­ement, par un conditionn­ement sur place. Mais pas question de délocalise­r la production qu'elle entend bien garder à Manosque, avec des projets de recrutemen­t en tête.

"Nous avons déjà un salarié parfumeur. Trois embauches devraient être faites prochainem­ent". Au terme de cette année de lancement, l'entreprise espère atteindre un chiffre d'affaire d'un demimillio­n d'euros. Il s'agirait ainsi de confirmer le modèle avant de lancer de nouvelles gammes et de s'imposer, à terme, comme un "leader", non sur un marché de niche mais bien à la fois "sur le marché de la protection et sur celui des parfums".

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