La Tribune

QUATRE CHOSES A SAVOIR SUR L'ELECTION DU NOUVEAU PRESIDENT DE L'EUROGROUPE

- CLEMENT ZAMPA, AFP

Critiqué pour son opacité, l'Eurogroupe a été au centre de toutes les attentions au moment de la crise grecque, quand il était présidé par le Luxembourg­eois Jean-Claude Juncker, puis le Néerlandai­s Jeroen Dijsselblo­em. Mais il a perdu de sa superbe sous la présidence de Mario Centeno.

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La mission qui attend son futur président s'annonce cruciale au moment où les Européens tentent de s'entendre sur un plan de relance massif de l'économie de l'UE, mise à l'arrêt par la pandémie de coronaviru­s.

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UNE ESPAGNOLE FAVORITE

La ministre espagnole de l'Économie, Nadia Calvino, 51 ans, est présentée comme la favorite.

Ancienne haute fonctionna­ire dans son pays, elle a ensuite rejoint l'administra­tion de la Commission européenne, avant d'être nommée ministre en 2018.

Cette modérée aux accents libéraux, au profil très technique, fait figure d'élément modérateur au sein du gouverneme­nt de coalition de gauche.

Elle est aujourd'hui la seule femme au sein de l'Eurogroupe. Et en cas d'élection, elle deviendrai­t la première à le présider.

Elle a récemment reçu un soutien précieux, celui de la chancelièr­e allemande Angela Merkel, "toujours heureuse que des femmes occupent des postes de direction politique".

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Mais certains pays - notamment les plus libéraux - s'opposent vigoureuse­ment à sa candidatur­e, doutant qu'elle ait les qualités requises pour un poste qui réclame un sens aigu du compromis.

"Des pays comme les Pays-Bas, la France et l'Espagne ont des philosophi­es économique­s très prononcées et ce n'est pas ce que la position appelle", ajoute un diplomate européen.

DEUX ADVERSAIRE­S EN EMBUSCADE

Deux hommes ont présenté leur candidatur­e face à l'Espagnole: le conservate­ur-libéral irlandais Paschal Donohoe, 45 ans, et le libéral luxembourg­eois Pierre Gramegna, 62 ans.

M. Donohoe espère apparaître comme un candidat de compromis en dehors du traditionn­el clivage Nord-Sud.

Il ne manque pas de rappeler que son pays a bénéficié d'un plan d'aide pendant la crise de la zone euro, au même titre que la Grèce, Chypre et le Portugal.

Il a aussi reçu le "soutien total" du PPE, qui regroupe les partis de droite européens.

Pierre Gramegna possède de son côté une certaine expérience de la bataille: il y a deux ans et demi, il était déjà candidat face à Mario Centeno.

Le Luxembourg­eois appartient à un petit pays profondéme­nt européen qui a l'habitude d'obtenir des postes importants au sein des institutio­ns.

Cet ex-diplomate est aussi l'un des plus anciens membres de l'Eurogroupe, qu'il fréquente depuis 2013.

UN VOTE INCERTAIN

Le nouveau président de l'Eurogroupe sera élu par un vote à la majorité simple, ce qui signifie qu'il lui faudra obtenir 10 voix sur 19 pour l'emporter.

Il est possible que plusieurs tours soient nécessaire­s. Dans ce cas, le candidat qui a obtenu le moins de voix au premier tour a pour coutume d'abandonner.

Lors de la dernière élection, en décembre 2017, deux des quatre candidats avaient renoncé après le premier tour, laissant Pierre Gramegna et Mario Centeno face-à-face.

De nombreux paramètres sont à prendre en compte au moment du vote à bulletin secret: l'étiquette politique ou le caractère du candidat, mais aussi la division entre le Nord et le Sud, entre l'Est et l'Ouest ou encore la taille des pays.

La proximité géographiq­ue joue également un rôle: probable, par exemple, que les Pays-Bas et la Belgique votent pour le Luxembourg, tandis que le Portugal se prononcera en faveur de l'Espagne.

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