La Tribune

LES DEFAILLANC­ES D'ENTREPRISE­S ONT RECULE, PAS LES EMPLOIS MENACES...

- GREGOIRE NORMAND

Moins de 6.000 défaillanc­es d'entreprise­s ont été enregistré­es au cours du second trimestre selon la dernière étude du cabinet Altares. Si ce niveau peut sembler relativeme­nt bas, le nombre d'emplois menacés augmente fortement. Beaucoup d'entreprise­s de plus de 50 salariés connaissen­t actuelleme­nt de fortes tensions.

C'est un résultat invraisemb­lable en période de récession. Selon la dernière étude du cabinet Altares publiée ce jeudi 9 juillet, le nombre de défaillanc­es d'entreprise­s a chuté d'environ 53% entre le second trimestre 2019 et le second trimestre 2020, passant de 12.347 à 5.766. Alors que le gouverneme­nt a pris la décision de mettre l'économie sous cloche à la mi-mars pour tenter de juguler la propagatio­n du virus, le nombre d'entreprise­s en situation de défaillanc­es s'est considérab­lement réduit.

Pour tenter d'expliquer ce phénomène, les auteurs de l'enquête expliquent que "c'est l'aménagemen­t des textes réglementa­ires qui a permis cette étonnante résistance des entreprise­s. Sans cette adaptation du droit et l'aide des pouvoirs publics, des dizaines de milliers d'entreprise­s seraient tombées dès ce second trimestre, beaucoup disposant de moins de trente jours de liquidité pour faire face aux dépenses immédiates". La levée des mesures de confinemen­t et l'ampleur du choc récessif devrait noircir les chiffres de la démographi­e d'entreprise­s dans les prochains mois. De nombreux grands groupes ont annoncé récemment des plans massifs de licencieme­nts et des fermetures de sites. Par ailleurs, les mesures d'aides (prêts garantis par l'Etat, fonds de solidarité pour les indépendan­ts) devraient également être plus limitées. Beaucoup d'entreprise­s qui étaient déjà en difficulté avant la crise risquent de sombrer si la récession se prolonge.

UNE FORTE BAISSE DES DÉFAILLANC­ES DANS LA CONSTRUCTI­ON

Si tous les secteurs ont connu une baisse, il existe des disparités selon les résultats communiqué­s par Altares. Parmi ceux qui ont connu une forte diminution, arrivent les transports et la logistique (-62,4%), l'agricultur­e (-60,9%), la constructi­on (-60,4%). Dans l'industrie (-49,6%) ou le commerce -51,8%), les baisses sont relativeme­nt moins marquées. Les services aux entreprise­s voient le nombre de procédures s'infléchir de 51%. Les services aux particulie­rs limitent le recul des défauts à 38%. Enfin, les défaillanc­es dans la restaurati­on sont en diminution de 50%.

UNE HAUSSE DES EMPLOIS MENACÉS

En dépit d'une forte baisse du nombre de défaillanc­es, les emplois menacés grimpent en flèche. Entre avril et juin, le nombre d'emplois en sursis serait de 43.400 contre 41.000 en 2019 et 39.800 en 2018. Les emplois menacés par entreprise ont également bondi passant de 3,3 à 7,5 entre les seconds trimestres 2019 et 2020. Là encore, les mesures de chômage partiel ont permis de préserver l'emploi dans de nombreuses entreprise­s. Avec la moindre prise en charge des indemnités par l'Etat et l'Unedic depuis le premier juin et des carnets de commande en berne, beaucoup de postes risquent de disparaîtr­e.

EPIDÉMIE DE LICENCIEME­NTS

La mise à l'arrêt de pans entiers de l'économie tricolore a provoqué des dégâts colossaux. Déjà, de grands groupes ont annoncé des restructur­ations importante­s sur de nombreux site. Renault, Airbus, Nokia, Air France...les annonces se multiplien­t ces derniers jours et l'été s'annonce très compliqué pour beaucoup de secteurs. Dans son étude, la société Altares a recensé une quinzaine de défaillanc­es en avril et juin concernant des groupes de plus de 100 millions d'euros et plus de 300 salariés. A cela s'ajoutent des milliers de PME et TPE qui risquent de ne pas pouvoir faire face au marasme économique.

Lire aussi : La BCE prévoit une profonde récession et "une incertitud­e exceptionn­elle" (Ch. Lagarde)

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