La Tribune

GIRONDINS DE BORDEAUX : LE CLUB VALIDE SON BUDGET A LA DNCG TOUT EN RESTANT TRES FRAGILE

- JEAN-PHILIPPE DEJEAN

Le feu vert donné par la DNCG au Football Club des Girondins de Bordeaux détend l'atmosphère sans déboucher sur des lendemains qui chantent. Le club de football reste dans une situation périlleuse et ne génère pas assez de cash pour éviter de s'endetter. Un déséquilib­re préoccupan­t qui n'a pas encore trouvé de solutions. Ce qui conforte Bruno Fievet, repreneur potentiel du club, dans la conviction que King Street Capital va se défaire du FCGB, comme il l'a expliqué à La Tribune.

Contre toute attente la DNCG (Direction nationale de contrôle de gestion), gendarme financier du football profession­nel, a finalement donné ce jeudi 16 juillet son feu vert au budget présenté par le Football Club des Girondins de Bordeaux (FCGB), ce dont s'est naturellem­ent réjouit Frédéric Longuépée, président du club.

Lire aussi : Girondins de Bordeaux : l'Américain GACP prend la main "Cette décision attendue, confirme, malgré le contexte économique difficile, la bonne gestion du club, soutenu par son actionnair­e King Street, qui démontre son engagement à long terme. Cette décision est le fruit d'un travail en étroite collaborat­ion avec les équipes de la DNCG. C'est l'occasion pour le FCGB de clore une séquence, de se concentrer sur l'évolution stratégiqu­e du club et d'entamer la nouvelle saison avec confiance et ambition", commente Frédéric Longuépée.

La partie n'était pas gagnée d'avance, d'autant que l'audition initiale du club, calée le 7 juillet dernier, avait été reportée au 16 juillet par la DNCG à la demande du club girondin.

FORTRESS INVESTMENT GROUP REMIS À CONTRIBUTI­ON

De nombreux observateu­rs l'ont rappelé à l'envi, la DNCG aurait pu mettre à genoux le FCGB, dont la santé financière n'a cessé de se détériorer depuis un an, en prononçant sa mise en dépôt de bilan . Selon L'Equipe de ce vendredi 17 juillet la DNCG a exigé du fonds d'investisse­ment King Street Capital, devenu propriétai­re du club après l'éviction de GACP, qu'il réinjecte 30 millions d'euros dans les comptes du FCGB.

Ce qui a été fait mais pas par King Street Capital, puisque, comme le précise le quotidien sportif c'est bien un autre fonds d'investisse­ment, Fortress Investment Group, qui est entré en action. Rappelons que lors du rachat des Girondins de Bordeaux au groupe M6 par GACP, ce fonds d'investisse­ment cofondé et dirigé par Joseph Dagrosa qui n'avait pas les moyens financiers de ses ambitions footballis­tiques, s'est adossé sur King Street Capital pour mener la transactio­n à bien, dans un montage complexe qui associait un troisième acteur : Fortress Investment Group.

GACP AURAIT CREUSÉ LE DÉFICIT DE 35 MILLIONS D'EUROS

Alors que le FCGB vit avec un déficit structurel annuel de l'ordre de 25 millions d'euros, Jospeh Dagrosa est accusé d'avoir fait chauffer la carte bleue du club en mode « je flambe », et aurait généré un déficit supplément­aire évalué à 35 millions d'euros dans les comptes du club. C'est ainsi que King Street Capital a pris le contrôle du club après avoir évincé GACP et remplacé Jospeh Dagrosa par Frédéric Longuépée pour redresser la situation.

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King Street Capital, filiale du fonds d'investisse­ment spéculatif King Street (18 milliards de dollars sous gestion à juillet 2020), s'est elle-même alliée à un fonds d'investisse­ment deux fois plus gros que sa maison-mère : Fortress Investment Group, qui annonçait détenir 41,7 milliards de dollars d'actifs sous gestion au 31 mars dernier. Fortress Investment Group est intervenu une première fois pour boucler le rachat du FCGB au groupe M6, en accordant un prêt de 40 millions d'euros au Football Club des Girondins de Bordeaux.

40 MILLIONS D'EUROS À 12 % À REMBOURSER DÈS 2022

Le document de présentati­on de l'opération financière présenté lors du rachat du club à M6 n'était pas assez détaillé pour que l'on puisse suivre en détail toutes les opérations du processus. Ce qui est clair c'est que Fortress Investment Group devait ensuite compléter son interventi­on auprès du FCGB par l'ouverture d'une ligne de crédit de 55 millions d'euros, qui devait servir au financemen­t du FCGB en fonction de ses besoins.

Des lignes de crédit accompagné­es d'un taux d'intérêt de 12 %, qui sans être monstrueux pour une entreprise standard, peut être jugé comme particuliè­rement élevé dans les conditions actuelles du club. L'Equipe précise que le prêt de 40 millions d'euros à 12 % accordé au départ par Fortress Investment Group arrive à échéance en 2022.

REPRENEUR POTENTIEL, BRUNO FIEVET SE FÉLICITE DE LA DÉCISION

"Ce feu vert de la DNCG est une très bonne nouvelle qui signifie qu'un effort, qu'il faut saluer, a été fait par King Street Capital. Il paraît inévitable qu'il y ait désormais une période d'austérité dans la vie du club, dont le train de vie est trop élevé. Je pense qu'il faudrait tailler dans l'empilement des commerciau­x que connaît le club mais aussi se défaire de certains gros salaires chez les joueurs" analyse l'investisse­ur pour La Tribune Bruno Fievet, sur les rangs pour reprendre le FCGB.

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S'il se félicite de la réaction de l'actionnair­e du club, il faut reconnaîtr­e quand même que cette volteface ne fait pas le jeu des très nombreux observateu­rs qui considèren­t que King Street Capital est avec les Girondins de Bordeaux en position de vendeur. Les moyens d'action combinés de King Street Capital et Fortress Investment Group sont potentiell­ement colossaux sur le plan financier. Mais ces investisse­urs spéculatif­s ne poursuiven­t pas exactement les mêmes objectifs et ne sont pas des boyscouts. Même s'ils ne gagnent pas à tous les coups, ils sont capables de tirer des revenus là ou quasiment personne ne verrait qu'il y en a, d'extraire la pulpe du fruit jusqu'à sa dernière goutte, en particulie­r en se servant de l'endettemen­t comme d'un levier.

ENCORE DU TRAVAIL À FAIRE MÊME EN HORS BILAN

Bruno Fievet est à la tête d'un groupe de 30 investisse­urs capable de mobiliser 60 millions d'euros et reste convaincu que King Street Capital finira par vendre. Comme le rappelle L'Equipe ce vendredi, le Football Club des Girondins de Bordeaux génère chaque année 50 millions d'euros de recettes pour 90 millions d'euros de dépenses. Et c'est bien ce tableau financier encore largement à la dérive qui conforte Bruno Fievet, amoureux des Girondins de Bordeaux, dans son analyse.

Le conflit cinglant qui oppose encore la présidence du FCGB aux supporters des Ultramarin­es, qui demandent le départ de Frédéric Longuépée, mais aussi à certains élus politiques, dont le nouveau maire de Bordeaux, Pierre Hurmic, n'améliore pas l'ambiance générale ni l'image d'un club qui donne l'impression d'être miné par de sérieuses contradict­ions.

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