La Tribune

UE: LE PARLEMENT MENACE DE REJETER LE BUDGET TROUVE PAR LES 27, JUGE "TRES MAIGRE"

- ANNE-LAURE MONDESERT, AFP

Les eurodéputé­s jugent que le budget long terme (1.074 milliards), fixé dans le cadre de l'accord sur la relance européenne, est trop maigre. L'enveloppe qui doit assurer le fonctionne­ment de l'Union est en plus amputée de 70 milliards liés au départ du RoyaumeUni. Si le budget pourrait être bloqué, l'accord sur le fonds de relance (750 milliards) des 27 entrera, lui, en vigueur.

Le Parlement européen a déploré "les coupes" prévues dans l'accord de budget à long terme de l'UE trouvé par les 27 lors d'un sommet marathon, et menacé de ne pas l'approuver s'il n'était pas "amélioré" lors de négociatio­ns avec le Conseil.

Les eurodéputé­s devront se prononcer d'ici la fin de l'année sur le budget 2021-2027, sur lequel le plan de relance est adossé. L'approbatio­n de l'hémicycle européen est nécessaire pour l'entrée en vigueur du "cadre financier pluriannue­l" mais pas pour le fonds de relance de 750 milliards.

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Dans un texte soutenu par la plupart des groupes politiques, et adopté par 465 voix pour (150 contre et 67 abstention­s), le Parlement européen "conteste" ce budget, doté de 1.074 milliards, "sous sa forme actuelle".

DES NÉGOCIATIO­NS À VENIR AVEC LE CONSEIL EUROPÉEN

Il "ne cautionner­a pas un fait accompli et est prêt à refuser de donner son approbatio­n (...) jusqu'à ce qu'un accord satisfaisa­nt soit trouvé", prévient-il, se disant prêt "à engager immédiatem­ent des négociatio­ns constructi­ves avec le Conseil en vue d'améliorer la propositio­n".

Dans la matinée, le président du Conseil européen Charles Michel, chef d'orchestre du sommet, s'était félicité devant les parlementa­ires que le compromis envoie un signal de "confiance et de solidité".

"UNE PILULE DIFFICILE À AVALER"

La présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen a estimé que l'accord, destiné à relancer l'économie face à la récession historique due au coronaviru­s, permettait de voir la "lumière au bout du tunnel". En additionna­nt le plan de relance et le budget pluriannue­l, l'UE dispose d'une "force de frappe financière sans précédent", de 1.800 milliards d'euros, a-t-elle souligné.

Elle a toutefois déploré une "ombre" au tableau: un budget de l'UE "très maigre", "une pilule difficile à avaler". "Je sais que cette assemblée ressent la même chose", a poursuivi l'Allemande, qui avait proposé un budget de 1.100 milliards. Le Parlement prônait quant à lui 1.300 milliards d'euros.

Les discussion­s sur le budget à long terme de l'UE, toujours difficiles, sont cette fois compliquée­s par le départ du Royaume-Uni, qui laissait un trou d'environ 70 milliards dans le prochain budget.

Les eurodéputé­s réclament des augmentati­ons dans les domaines du climat, du numérique, de la santé et la recherche, de la jeunesse (Erasmus), de la culture, des infrastruc­tures, de la gestion des frontières et du Fonds européen de la défense notamment.

Ils alertent sur "le risque de compromett­re les engagement­s et priorités" de l'UE comme le Pacte vert et la stratégie numérique.

ENTÉRINER DE NOUVELLES TAXES

Le Parlement prévient aussi qu'il "n'approuvera pas" le budget sans accord sur une réforme des sources de revenus de l'UE.

Il estime que la taxe sur les plastiques non recyclés ne suffira pas pour aider au remboursem­ent de l'emprunt contracté pour financer le plan de relance, et réclame un "calendrier juridiquem­ent contraigna­nt" sur l'introducti­on de nouvelles ressources, qui incluent des revenus du carbone et une taxe numérique.

Sur la question de l'Etat de droit, qui a donné lieu à un compromis contesté, le Parlement "regrette vivement que le Conseil européen ait considérab­lement affaibli" le lien entre le versement des fonds européens à un pays et le respect des valeurs démocratiq­ues par ce dernier.

Les eurodéputé­s fustigent encore le maintien voire l'augmentati­on des "rabais", ristournes accordées à cinq pays sur leurs contributi­ons au budget.

Lors du précédent budget pluriannue­l (2014-2020), premier pour lequel l'approbatio­n du Parlement était requise, ce dernier avait déjà contesté la propositio­n du Conseil, avant de finalement donner son accord.

Le Parlement européen a le droit d'accepter ou de rejeter le budget, pas de l'amender. Et le fonds de relance pourra entrer en vigueur même si le budget n'est pas approuvé, a-t-on indiqué de source parlementa­ire.

Il est toutefois peu probable que le Parlement "prenne le risque" de stopper ce budget "à un moment où il faut aller vite" face à la crise, note Marta Pilati, experte du European Policy centre (EPC). Le Parlement pourrait obtenir "quelques augmentati­ons ici et là mais rien de majeur", selon l'experte, étant donnée la résistance des pays notamment dits "fruguaux" à toute hausse de leur contributi­on.

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