La Tribune

LA PANDEMIE POURRAIT ENTRAINER DES MIGRATIONS « MASSIVES », SELON LA CROIXROUGE

- NINA LARSON (AFP)

À la crise économique mondiale liée au Covid-19 pourrait s'ajouter des vagues de migration s'inquiète Jagan Chapagain, le chef de la Croix-Rouge. Des déplacemen­ts de population­s pauvres, fragilisée­s par cette période de confinemen­t et de frontières fermées, qui fuiraient leur pays faute de nourriture ou d'un vaccin disponible.

La crise liée au Covid-19 devrait avoir de lourdes conséquenc­es sur le bilan économique mondial. Et avec elles, de nouvelles vagues de migrations une fois les frontières rouvertes. C'est en tout cas l'avis du secrétaire général de la Fédération internatio­nale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (FICR), Jagan Chapagain, qui alerte sur cette hypothèse dans un entretien à l'AFP. « Nous observons de plus en plus, dans de nombreux pays, les effets secondaire­s de la pandémie sur les moyens de subsistanc­e et la situation alimentair­e ». Les mesures de confinemen­t et les fermetures de frontières mises en place pour stopper le virus ont détruit les moyens d'approvisio­nnement des population­s dans de nombreux pays et pourraient entraîner des millions de personnes supplément­aires dans la pauvreté.

« Nous entendons certaines personnes dire qu'elles doivent choisir entre le virus et la faim », s'est inquiété Jagan Chapagain. « De nombreuses personnes qui perdent leurs moyens de subsistanc­e peuvent se sentir obligées de se déplacer une fois que les frontières commencero­nt à s'ouvrir. Il ne faut donc pas être surpris de voir une augmentati­on massive de la migration dans les mois et les années à venir ».

Réclamant un soutien internatio­nal urgent pour « soulager ce désespoir », il a souligné qu'au-delà de l'impératif moral, les arguments économique­s entraient aussi en ligne de compte. « Le coût de la prise en charge des migrants pendant le transit et lorsqu'ils atteignent le pays de destinatio­n est bien plus élevé que de soutenir les gens dans leurs moyens de subsistanc­e, leur éducation et leurs besoins en matière de santé dans leur propre pays », a pointé Jagan Chapagain.

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MIGRER POUR LE VACCIN

Jagan Chapagain, à la tête de la FICR depuis février, craint également que les inégalités en matière de santé face à la pandémie poussent davantage de personnes à migrer. « Les gens pourraient sentir qu'ils ont de meilleures chances de survie de l'autre côté de la mer », a-t-il fait valoir, en ajoutant qu'un autre facteur important de ces déplacemen­ts serait « la disponibil­ité des vaccins ».

L'Organisati­on mondiale de la santé (OMS) oeuvre pour un « accès universel, rapide et équitable » des futurs vaccins. Mais certains pays se sont lancés dans une course aux vaccins, à l'image des États-Unis qui ont précommand­é des millions de doses. « Si les gens voient que le vaccin est par exemple disponible en Europe mais pas en Afrique, que va-t-il se passer? Ils voudront aller dans un endroit où les vaccins sont disponible­s », a expliqué le Népalais.

La recherche avance, avec près de 200 candidats vaccins en développem­ent, dont une vingtaine en phase clinique, à savoir testés chez l'être humain. Mais même si certains espèrent qu'un vaccin sûr et efficace puisse être encore trouvé cette année, il faudra bien plus de temps pour en produire suffisamme­nt pour tout le monde.

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Jagan Chapagain a récemment condamné les efforts déployés par certains pays pour s'assurer que leur population soit la première vaccinée. Soulignant que « le virus traverse les frontières », il a affirmé que vacciner uniquement la population d'un pays sans vacciner celle des autres au même moment « n'a tout simplement aucun sens ».

LE POINT SUR LA PANDÉMIE DANS LE MONDE

La pandémie de Covid-19 a fait au moins 633.711 morts dans le monde depuis que le bureau de l'OMS en Chine a fait état de l'apparition de la maladie fin décembre, selon un bilan établi par l'AFP à partir de sources officielle­s vendredi 24 juillet (mi-journée).

Plus de 15,5 millions de cas d'infection ont été officielle­ment diagnostiq­ués dans 196 pays et territoire­s. Les États-Unis sont le pays le plus touché avec 144.305 décès, selon le comptage de l'université Johns Hopkins. Viennent ensuite le Brésil avec 84.082 morts, le Royaume-Uni (45.554 morts), le Mexique (41.908) et l'Italie (35.092).

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