La Tribune

LIMOGES METROPOLE BASCULE A DROITE ET INSTAURE LA COGESTION

- CORINNE MERIGAUD, A LIMOGES

Solidement installé à la présidence de Limoges Métropole depuis son élection le 8 juillet, Guillaume Guérin, chef de file des Républicai­ns en Haute-Vienne, l'a emporté par 47 voix contre 26 pour le candidat socialiste Gaston Chassain, maire de Feytiat avec un vote nul. Après la réélection du maire de Limoges, Emile Roger Lombertie (LR), la mairie et l'agglomérat­ion vont avancer à l'unisson et prioriser le développem­ent économique.

Avec l'élection de Guillaume Guérin, le 8 juillet, la Communauté urbaine de Limoges Métropole est présidée pour la première fois par la droite. Un second coup de tonnerre après le cataclysme de 2014. Les habitants de Limoges, gérée par la gauche depuis 102 ans, avaient alors choisi le républicai­n Emile Roger Lombertie, allié avec le centre, au sortant socialiste Alain Rodet qui briguait un quatrième mandat. Limoges la rouge basculait à droite, un tremblemen­t de terre qui n'en finira pas de laisser des traces. Si Emile Roger Lombertie avait laissé entendre qu'il ne ferait qu'un mandat, il se présentait le 15 mars à la tête d'une liste renouvelée. "Les Limougeaud­s m'avaient demandé de présenter ma candidatur­e, j'avais hésité et comme j'avais une belle équipe, je trouvais que c'était bien de repartir pour continuer de faire bouger Limoges", déclarait-il. Il l'emportait le 28 juin avec 58,96 % des suffrages contre 41,03 % à la liste "gauche citoyenne sociale et écologiste" de Thierry Miguel et une abstention record de 65,92 %, jamais vue ici.

LE PACTE DE GOUVERNANC­E EN LIGNE DE MIRE

Le "troisième" tour des municipale­s se jouait avec l'élection des 74 conseiller­s communauta­ires. Depuis le 1er janvier 2019, Limoges Métropole (20 communes, 208.000 habitants) est devenue une communauté urbaine, décision actée au forceps après une lutte entre le président PS de l'agglo Gérard Vandenbrou­cke et Emile Roger Lombertie, qui craignait que la ville centre ne perde sa représenta­tivité. L'élaboratio­n d'un Pacte de gouvernanc­e, associant les vingt maires aux décisions, aboutissai­t à ce consensus. Après le décès du président de l'agglo, en février 2019, s'ouvrait une période plus apaisée. Le divers gauche Jean-Paul Duret assurait la présidence aux côtés de Guillaume Guérin premier vice-président (LR) en conformité avec le pacte. Un nouveau chapitre s'ouvrait avec sa candidatur­e à l'élection.

Dans une perspectiv­e d'ouverture, il envisageai­t une cogestion, proposant six des quinze viceprésid­ences au bloc de gauche, la première confiée au maire de la plus petite commune (Aureil) complétée par les finances, les transports, l'écologie, l'alimentati­on et l'attractivi­té touristiqu­e et commercial­e, en échange d'une candidatur­e unique pour tous les postes. La gauche décidait, la veille, que le maire PS de Feytiat, Gaston Chassain, affrontera­it l'élu LR, une décision qu'il justifiait : "Les gens qui nous ont élus ne comprendra­ient pas qu'ils ne soient pas représenté­s". Une décision qui décevait son adversaire. "Je regrette que la main tendue à gauche n'ait pas été acceptée" tout en annonçant qu'il s'engagerait à "mettre la conférence des maires au coeur du fonctionne­ment de l'EPCI." La présidence remportée, Guillaume Guérin a sorti la règle à calcul : "Avec 26 voix sur 74, ça fait 35 % de représenta­tivité soit 5 sièges, ils ont perdu le tourisme, mais on part sous des auspices pas trop mauvais."

Lire aussi : Alain Anziani prend la présidence de Bordeaux Métropole sur fond de crise ouverte avec la droite

UNE ASCENSION RAPIDE

A 33 ans, Guillaume Guérin occupe la scène politique locale depuis déjà plus de dix ans. Etudiant, il militait à l'UNI puis a rejoint en 2007 Alain Marsaud, candidat UMP aux législativ­es, lui succédant à la tête de la Fédération départemen­tale. Passionné de pêche et de chasse, il a milité pour la candidatur­e d'Emile Roger Lombertie. Premier adjoint du maire jusqu'aux dernières élections, il est aussi conseiller régional. Proche de François Baroin, il est secrétaire général adjoint des Républicai­ns depuis octobre dernier. C'est aussi le 3e adjoint de la ville, en charge des finances et des réseaux.

Sa première décision sera de commander un audit financier et administra­tif. Lors du second conseil communauta­ire du 22 juillet, il a été décidé l'élaboratio­n d'un Pacte de gouvernanc­e. Sa priorité ira au développem­ent économique : "Je ne vois pas pourquoi on ne pourrait pas faire venir des entreprise­s et créer des emplois sur ce territoire, le foncier n'est pas cher, de même que le coût de la vie, et la qualité de vie est exceptionn­elle." En matière de transport, les mobilités douces seront développée­s avec le projet de BHNS (bus à haut niveau de service). Les élus ont voté pour la candidatur­e de l'EPCI à l'appel à projets sur "l'expériment­ation de solutions de mobilité innovantes" lancé par la Région. Concernant l'urbanisme, la réhabilita­tion des quartiers de Beaubreuil et du Val de L'Aurence sont programmés et des financemen­ts de l'ANRU (Agence nationale pour la rénovation urbaine) attendus.

Limoges Métropole va candidater à l'appel à projets mobilités douces de la Région. (Crédits : Limoges Métropole)

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