La Tribune

L'ETAT DEBLOQUE 600 MILLIONS D'EUROS POUR APAISER LES REGIONS SUR LEURS INVESTISSE­MENTS

- AFP

Le Premier ministre a annoncé avoir créé une enveloppe pour aider les régions après la crise sanitaire. Le président de l'Associatio­n des régions de France Renaud Muselier considère que Jean Castex a "débloqué une situation très complexe" mais évalue tout de même l'impact de la crise à 1,2 milliard d'euros pour les régions, soit le double du chèque de l'Etat.

Jean Castex a annoncé jeudi matin le déblocage d'une enveloppe de 600 millions d'euros à destinatio­n des régions afin de préserver leurs capacités d'investisse­ment après la crise du coronaviru­s, dans le cadre d'un "accord de méthode" qualifié de "révolution partenaria­le" par les régions.

"On va faire taire toutes nos guéguerres, toutes nos différence­s légitimes (...) pour montrer que nous savons agir dans le même sens", a plaidé le Premier ministre avant de parapher cet accord avec le président de l'Associatio­n des régions de France, Renaud Muselier.

"Nous sommes très satisfaits de ce qu'on vient de signer", a abondé M. Muselier, rendant un hommage appuyé à M. Castex avec qui il a "en 15 jours débloqué une situation très complexe que nous n'avions pas réussi à débloquer en trois ans".

Les collectivi­tés ont nourri des relations sur courant alternatif avec l'ancien Premier ministre Edouard Philippe et avec Emmanuel Macron. Fin mai, les régions avaient claqué la porte d'une réunion avec le gouverneme­nt, s'estimant oubliées d'un plan d'urgence de 4,5 milliards d'euros principale­ment fléché vers les communes et départemen­ts. De plus, Emmanuel Macron avait voulu en juin, selon des présidents de région, conditionn­er l'aide de l'Etat à un report des élections régionales, scénario finalement balayé par Jean Castex mi-juillet.

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Alors que M. Castex multiplie les gestes et déclaratio­ns de bonnes intentions envers les territoire­s depuis sa prise de fonctions, la réconcilia­tion avec les régions vient conforter sa stratégie.

UNE VOLONTÉ D'APAISEMENT AVEC LES RÉGIONS

Un chèque de 600 millions d'euros en crédits d'investisse­ment leur est donc apporté, sachant que les régions, dotées d'importante­s compétence­s en matière d'emploi, formation, transport ou encore économie, devront être des relais précieux dans la mise en oeuvre du futur plan de relance attendu fin août.

"Est ce que c'est assez ? C'est jamais assez", a souri M. Muselier, qui évalue à 1,2 milliard d'euros l'impact de la crise sur les finances des régions. Mais "c'est une très bonne décision", a-t-il encore salué.

Autre signe d'apaisement, la confirmati­on de la compensati­on totale de la baisse des impôts de production, décidée par l'exécutif pour stimuler la compétitiv­ité des entreprise­s. Cette coupe claire de 20 milliards d'euros vient directemen­t toucher les régions, qui en percevaien­t 7 à 10 milliards, notamment via la cotisation sur la valeur ajoutée (CVAE). "Il n'était pas question que ça vienne aggraver les difficulté­s financière­s des régions, donc nous prenons nos responsabi­lités", a déclaré Jean Castex. Les régions se verront donc affecter une fraction équivalent­e de la TVA, dont le rythme d'évolution suivra le dynamisme au niveau national.

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En échange, les régions s'engageront à investir massivemen­t dans la relance, jusqu'à 20 milliards d'euros. Cela s'effectuera dans le cadre des contrats de plan Etat-Région 2021-2027 qui seront discutés entre septembre et décembre et dont les axes forts tourneront autour de la transition écologique, la recherche, la cohésion sociale, la santé, la formation profession­nelle ou encore la modernisat­ion des infrastruc­tures de transport.

Il est aussi demandé aux régions d'alimenter un "fonds de sauvegarde" mobilisabl­e en cas de nouvelle crise et d'améliorer les mécanismes de péréquatio­n entre régions.

Enfin, régions et Etat sont convenus de collaborer étroitemen­t dans la mise en oeuvre du plan de relance, notamment dans les secteurs de l'automobile et l'aéronautiq­ue et dans la mobilisati­on des fonds européens.

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