La Tribune

LE PORT DU MASQUE SERA OBLIGATOIR­E EN ENTREPRISE A LA RENTREE

- DEBORAH CLAUDE ET BERTILLE OSSEY-WOISARD (AFP)

La ministre du Travail Élisabeth Borne a annoncé que le port du masque sera

« systématis­é » en entreprise. Aussi bien dans les salles de réunion que les couloirs ou les open space. Seuls les bureaux individuel­s ne seront pas concernés. Ce nouveau protocole devrait être applicable « fin août ».

La rumeur courait depuis quelques jours. Jusqu'à présent recommandé en entreprise quand le mètre de distance n'était pas techniquem­ent possible, le masque va désormais être obligatoir­e (presque) partout.

« Il est nécessaire de systématis­er, comme l'a préconisé le Haut conseil de la santé publique (HCSP), le port du masque dans tous les espaces de travail clos et partagés, comme les salles de réunions, couloirs, vestiaires, open space », a indiqué mardi 18 août à l'AFP la ministre du Travail Elisabeth Borne, à l'issue d'une réunion avec les partenaire­s sociaux.

Seule exception : le cas du bureau individuel. Le port du masque ne s'y impose pas dès lors qu'il n'y a qu'une personne à l'intérieur, a fait savoir le ministère du Travail dans un communiqué.

Concernant le coût de ce dispositif qui doit entrer en vigueur « fin août », Élisabeth Borne a déclaré qu'« il s'agit de la sécurité et de la santé des salariés, donc c'est clairement de la responsabi­lité de l'employeur ». En parallèle, « la distanciat­ion du mètre reste d'actualité en entreprise », a-t-elle précisé. Quant à la présence d'un plexiglas, elle ne dispense pas du port d'un masque, a ajouté par la suite le secrétaria­t d'État à la Santé au travail.

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DES POINTS ENCORE À ÉCLAIRCIR

Des mesures spécifique­s, à définir, seront applicable­s pour l'hébergemen­t des travailleu­rs saisonnier­s et les abattoirs, qui se sont révélés des foyers de contaminat­ion cet été, a de son côté indiqué à l'AFP, Yvan Ricordeau (CFDT), à l'issue de la réunion. « Des réunions vont commencer la semaine prochaine », a-t-il précisé, se montrant satisfait de la généralisa­tion du port du masque en entreprise. « Pour soutenir l'activité, il faut donner des éléments de sécurité aux salariés », selon lui.

« En entreprise, c'est sûr que c'est une contrainte supplément­aire pour les salariés mais au moins elle est claire et pas insurmonta­ble », a de son côté réagi auprès de l'AFP François Asselin, le président de la Confédérat­ion des petites et moyennes entreprise­s (CPME), reconnaiss­ant toutefois que cette nouvelle règle n'est « pas souple ». Il s'est interrogé au passage sur le cas des restaurant­s, ou les clients ne portent pas le masque quand ils mangent y compris en intérieur, ou sur des personnes présentes en plateaux télés. « Il faudra quand même répondre à ces sujets », lors de la redéfiniti­on des différents protocoles, a-t-il pointé.

« Pas opposé » à cette mesure, Fabrice Angéi, de la CGT, s'interroge sur la « qualité des masques ». « Il faut une filière de production au niveau national, avec des masques de qualité qu'on peut contrôler », a-t-il suggéré, auprès de l'AFP. « Les masques, ça ne fait pas tout, il faut aussi travailler sur les questions d'organisati­on du travail, de télétravai­l et de réduction du temps de travail », a-t-il ajouté.

Sur le télétravai­l justement, son sujet a été évoqué lors de la réunion entre la ministre et les partenaire­s sociaux. Il « reste recommandé » notamment dans les « zones de circulatio­n active du virus », a redit la ministre. Elle a incité les partenaire­s à entamer et à accélérer une négociatio­n sur le sujet, comme le souhaitent les syndicats, alors que le patronat y est opposé.

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UNE MESURE ATTENDUE

Plusieurs infectiolo­gies ont appelé récemment à la généralisa­tion du port du masque en entreprise pour réduire les risques de contaminat­ion, les indicateur­s statistiqu­es étant repartis à la hausse. Un collectif des profession­nels de santé, C19, a par exemple saisi ce mardi 18 août le Conseil d'État pour rendre le masque obligatoir­e dans tous les lieux clos, le domicile étant la seule exception à la règle. Dans une tribune publiée en ligne par Libération la semaine dernière, une vingtaine de médecins déplorent que les protocoles pour les lieux de travail « ne prennent pas suffisamme­nt en compte » le risque de propagatio­n du Covid-19 par aérosols (fines gouttelett­es en suspension dans l'air expiré par les malades).

Le protocole actuel - celui du déconfinem­ent, mis à jour en juin puis début août - impose en effet le masque uniquement quand la distanciat­ion d'un mètre n'est pas respectée. Les nouvelles mesures annoncées ont pour objectif de le mettre à jour. Son nom change aussi, devenant désormais le « protocole national pour assurer la santé et la protection des salariés en entreprise dans la période de crise santiaire ». Il sera décliné dans la fonction publique et son applicatio­n va continuer d'être contrôlée par l'inspection du travail. Selon les derniers chiffres de Santé Publique France, 24% des foyers de contaminat­ion - les fameux « clusters » - sont situés en entreprise­s (hors établissem­ents médicaux).

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