La Tribune

MARKS & SPENCER SUPPRIME 7.000 EMPLOIS A CAUSE DU COVID-19

- JEAN-BAPTISTE OUBRIER (AFP)

L'emblématiq­ue enseigne britanniqu­e Mark and Spencer annonce la suppressio­n de 7.000 emplois, principale­ment au Royaume-Uni, d'ici les trois prochains mois. Une coupe dans ses effectifs due à une baisse de fréquentat­ion des magasins et à l'impact du Covid-19, à l'origine de dégâts considérab­les dans les commerces du pays.

Les nouvelles économique­s se suivent et se ressemblen­t au Royaume-Uni, qui assiste à des annonces de suppressio­ns de poste presque chaque jour de la part d'enseignes bien connues de ses habitants. Ce mardi 18 août, c'est au tour de Marks and Spencer de dévoiler un plan social et des suppressio­ns d'emplois, au nombre de 7.000, au cours des trois prochains mois. Le groupe, qui emploie plus de 80.000 personnes dans le monde, explique dans un communiqué que ces réductions d'effectifs se feront surtout sur une base volontaire ou par des départs anticipés à la retraite. Les suppressio­ns d'emplois affecteron­t principale­ment les magasins au Royaume-Uni ou encore le personnel d'encadremen­t, précise le groupe, qui prévoit par ailleurs de créer des emplois dans la vente sur internet.

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CHANGEMENT D'HABITUDE

Marks and Spencer entend s'adapter au changement d'habitude des consommate­urs, qui s'est accéléré avec la crise sanitaire, et mettre l'accent sur ses activités en ligne. « En mai nous avions annoncé que nous apprendrio­ns de la crise, allions accélérer notre transforma­tion et devenir une société plus agile dans un monde où les habitudes de consommati­on ont définitive­ment changé », a rappelé Steve Rowe, directeur général du groupe. Et d'ajouter : « Nous annonçons aujourd'hui des propositio­ns pour rendre encore plus souples nos opérations dans nos magasins et nos structures de direction ».

Pour Richard Lim, directeur du cabinet de recherche Retail Economics, cette baisse d'effectif est

« énorme » et le distribute­ur « cherche désespérém­ent à se reposition­ner pour être en phase avec la nouvelle norme dans le secteur ». Marks and Spencer a dévoilé par ailleurs des chiffres d'activités en forte baisse cet été avec une chute de 10% des ventes entre début juin et début août, malgré la réouvertur­e des magasins.

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ÊTRE PLUS PRÉSENT EN LIGNE

L'enseigne rencontre avant tout des difficulté­s dans sa branche habillemen­t et produits pour la maison, qui est son talon d'Achille depuis des années et dont le chiffre d'affaires a reculé de 29,9% sur la période. Elle a estimé que ces affaires sont affectées par la distanciat­ion physique et une baisse de fréquentat­ion dans ses magasins de centre-ville ou dans les centres commerciau­x. En revanche, la vente en ligne dans cette branche a grimpé de 39,2%, grâce notamment à ses investisse­ments pour augmenter ses capacités de distributi­on. Marks and Spencer observe par ailleurs un basculemen­t vers les achats de vêtements de loisirs ou de détente en raison du recours au travail à la maison par un grand nombre de personnes au Royaume-Uni.

Ses ventes dans l'alimentair­e progressen­t quant à elles de 2,5% sur la même période. L'enseigne mise désormais énormément sur les premiers pas de son partenaria­t avec le distribute­ur alimentair­e en ligne Ocado à partir de septembre. Ce sera une première pour l'enseigne qui était jusqu'à présent absente des ventes alimentair­es en ligne, contrairem­ent à nombre de ses concurrent­s.

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DEBENHAMS, PROCHAINE VICTIME ?

Pour le secteur du commerce, la pandémie n'a fait qu'aggraver des difficulté­s anciennes pour de nombreuses enseignes qui ont parfois grandi trop vite en ouvrant des magasins à tour de bras et ont été touchées de plein fouet par l'essor du numérique.

Les dégâts dans la restaurati­on sont déjà considérab­les avec de multiples faillites, tandis que la vénérable chaîne de grands magasins Debenhams, qui compte 14.000 salariés, lutte pour sa survie. L'enseigne, qui a déposé le bilan en avril et supprimé récemment des milliers de postes, vient d'annoncer avoir embauché la société Hilco qui doit l'aider à se préparer à une possible liquidatio­n.

« La réalité c'est que de nombreux autres distribute­urs ne vont pas y arriver et le nombre de suppressio­ns d'emplois va grimper lorsque le gouverneme­nt mettra fin à ses aides. C'est le calme avant la tempête », prévient Richard Lim.

De plus en plus d'entreprise­s craignent de ne pas pouvoir tenir le choc avec le retrait prévu fin octobre du dispositif de chômage partiel, qui bénéficiai­t à 9,6 millions de salariés début août.

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