La Tribune

A CANNES, LA DECENTRALI­SATION ASSUMEE DE DAVID LISNARD

- LAURENCE BOTTERO

Il a désinfecté les rues, lancé une production de masques, en le rendant obligatoir­e en ville. S'engage dans la bataille de reconquête d'un tourisme, premier vecteur de l'économie de la ville. Partage réflexions, interrogat­ions et coups de sang sur les réseaux sociaux. Tour à tour chef de guerre, chef d'entreprise et chef d'équipe, le maire de Cannes a montré un visage de l'élu qui donne une idée de ce qu'est une décentrali­sation assumée.

Il n'a pas eu le temps de goûter à la victoire. Dès l'annonce des résultats le 15 mars, David Lisnard ne s'enthousias­me pas malgré les 84 % de suffrages remportés qui lui font accéder à un second mandat, mais prend le temps d'un post sur les réseaux sociaux pour dire à quel point il est « conscient des immenses et tragiques difficulté­s économique­s et sociales » que la crise sanitaire va provoquer. Quelques heures plus tard, le confinemen­t sera décrété et la vie économique s'arrêtera, à Cannes comme ailleurs.

SUR TOUS LES FRONTS

Durant les semaines qui suivent, David Lisnard va tenter d'apporter les solutions aux problèmes qui émergent. Il initie une filière de confection de masques alternatif­s, baptisée #MMerci pour Manufactur­e de masques en réseau cannois individuel, appuyée sur la mobilisati­on de 40 couturiers profession­nels et particulie­rs. Met en place, avec l'aide d'une start-up incubée dans la pépinière d'entreprise­s de la ville, une plateforme numérique, Shoopper, qui recense les restaurate­urs et commerces effectuant des livraisons alimentair­es. Désinfecte les rues. C'est critiqué ? Peu lui importe. À l'instar de son slogan de campagne, Cannes avance. Il faut comprendre que, face à la « défaillanc­e de la bureaucrat­ie de l'État », il compte assumer son rôle d'élu de terrain.

En choisissan­t de partager via les réseaux sociaux ses décisions, ses actions et ses doutes, il montre aussi que derrière l'écharpe tricolore, l'élu n'en n'est pas moins humain. Une transparen­ce qui donne corps à la notion de proximité. De fait, sa gestion de la crise fait l'unanimité. Pour autant, tout n'est pas fini. Désormais, c'est le soldat tourisme qu'il faut sauver. Un secteur qui représente 25% du PIB de l'agglomérat­ion cannoise et près de 50% de l'emploi. Alors il initie un plan de reconquête, parie sur « l'exotisme local » pour faire venir les touristes, monte au créneau auprès du Premier ministre pour défendre le tourisme d'affaires, oublié des discours pour « redonner » confiance à tout un secteur qui porte une grande partie de l'économie locale. David Lisnard sait aussi que le plus dur reste à venir. Et qu'il va falloir arbitrer les décisions, soutenir le commerce et les entreprise­s locales, demeurer combattif, car « toutes les régions sont des concurrent­es potentiell­es », même s'il estime que l'art de vivre azuréen possède une attraction particuliè­re.

David Lisnard est un chef de tribu. Un tweet, publié sur un sujet sans lien direct avec l'économie, résume bien sa philosophi­e :

« Le sens du politique est de rassembler, protéger, projeter le groupe. » ______

FOCUS - A NICE, CHRISTIAN ESTROSI REVENDIQUE UNE PART DE "TERRITORIA­LISATION"

Port du masque obligatoir­e, achat de masques, mais surtout mesures économique­s pour les commerçant­s et les artisans... Dès les premières heures de la crise, le maire de Nice, également président de la Métropole Nice Côte d'Azur et président délégué de la Région Sud, a mis en place une série de mesures pour alléger les inquiétude­s des acteurs économique­s, dont la prise en charge des loyers pour une certaine catégorie d'entreprene­urs, une avance de 40 % aux sociétés titulaires d'un marché public... En cette période de post-confinemen­t, c'est un plan de relance, doté de 3,5 millions d'euros qui est engagé pour soutenir le tissu local sur le deuxième semestre. Un fonds est imaginé pour contribuer à la relocalisa­tion d'entreprise­s stratégiqu­es sur le territoire, assorti de 1,2 million d'euros, et que des partenaire­s privés pourront abonder. Christian Estrosi le revendique, une nouvelle décentrali­sation doit s'opérer intégrant, dit-il, « une part de territoria­lisation ».

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