La Tribune

LE PLAN DE RELANCE "NEGLIGE LA DEMANDE DE JUSTICE SOCIALE" SELON PIKETTY

- AFP

D'une manière générale, l'économiste, invité de France Inter ce vendredi, regrette que, comme après la crise de 2008, "on se repose beaucoup sur l'approche classique de relance du secteur marchand" et sur "une politique monétaire qui va contribuer à doper les cours boursiers et immobilier­s", ce qui "contribue à enrichir ceux qui ont déjà des patrimoine­s".

Le plan de relance de 100 milliards "néglige la demande de justice sociale" qui s'exprime dans le pays et est "déséquilib­ré" en faveur du "secteur marchand", a jugé ce vendredi l'économiste Thomas Piketty, selon qui il aurait fallu "augmenter les salaires".

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Ce plan "néglige complèteme­nt la demande de justice sociale qui s'est exprimée dans le pays ces dernières années et qui est encore très forte, car la crise a précarisé encore plus une partie de la population", a commenté sur France Inter le professeur de l'École d'économie de Paris, auteur de best-sellers mondiaux dénonçant la progressio­n fulgurante des inégalités depuis les années 80.

"Le gouverneme­nt, en disant que tout va bien du côté des ménages, qu'il y a 100 milliards d'euros d'épargne, a une vision très macroécono­mique" car "il y a d'autres personnes plus bas" dans l'échelle sociale "qui ont perdu des revenus", a-t-il poursuivi.

INCITATION­S À CONSOMMER

Les mesures de chômage partiel mises en place par le gouverneme­nt ont permis de préserver les revenus de nombreux Français et ont conduit à la constituti­on d'une épargne de précaution qui devrait atteindre 100 milliards d'euros à la fin de l'année, soit autant que le plan de relance.

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L'un des enjeux actuels est d'inciter les Français à consommer, et le ministre de l'Économie Bruno Le Maire les a de nouveau appelés jeudi soir à "investir leur épargne dans l'économie".

Thomas Piketty a jugé également le plan "déséquilib­ré", car "très centré sur le secteur marchand, les entreprise­s", au détriment du "secteur public": "il aurait fallu investir bien plus dans la santé et la recherche, créer des emplois publics, et augmenter les salaires".

"Et ça, c'est complèteme­nt tabou", a ajouté l'auteur de Capital et idéologie.

"Je pense qu'il aurait fallu, dans les circonstan­ces actuelles, assumer d'augmenter les salaires dans la fonction publique, dans la santé, l'éducation et la recherche, d'abord parce que c'est efficace [...] et en plus c'est le moment, car les taux d'intérêt sont négatifs et l'inflation est faible", a-til insisté.

D'une manière générale, l'économiste regrette que, comme après la crise de 2008, "on se repose beaucoup sur l'approche classique de relance du secteur marchand" et sur "une politique monétaire qui va contribuer à doper les cours boursiers et immobilier­s", ce qui "contribue à enrichir ceux qui ont déjà des patrimoine­s".

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