La Tribune

BANKIA ET CAIXABANK VEULENT CREER UN GEANT BANCAIRE EN ESPAGNE

- ALVARO VILLALOBOS, AFP

Cette fusion, si elle a bien lieu, donnerait naissance à un mastodonte. L'annonce, tombée dans la nuit de jeudi à vendredi, a en tout cas été accueillie favorablem­ent par la Bourse de Madrid : les titres des deux banques se sont envolés.

Bankia et CaixaBank ont annoncé discuter d'une fusion qui donnerait naissance à un mastodonte du secteur bancaire en Espagne dans un contexte économique sombre en raison de la pandémie de Covid-19. Une opération suivie de près par l'État qui a sauvé Bankia de la faillite en 2012.

Cette annonce, synonyme de séisme pour le secteur bancaire espagnol, est tombée dans la nuit de jeudi à vendredi.

Dans un communiqué, Bankia a indiqué "confirmer des contacts avec CaixaBank [...] en vue d'analyser l'éventuelle opportunit­é d'une opération de fusion entre les deux entités". CaixaBank a précisé de son côté qu'"aucun accord n'avait été scellé pour le moment au-delà de la signature d'un accord de confidenti­alité afin d'échanger des informatio­ns destinées à évaluer l'opération".

À la Bourse de Madrid, les titres des deux banques s'envolaient. Bankia prenait 28% à 1,33 euro vers 11H15 GMT tandis que CaixaBank grimpait de 14% à 2,08 euros.

PLUS GROSSE BANQUE EN TERMES D'ACTIFS

Une telle fusion donnerait naissance à la plus grande banque du pays en termes d'actifs en Espagne, devant Santander ou BBVA qui sont en revanche plus fortes à l'internatio­nal.

Selon les calculs des analystes de Renta 4 Banco, ces actifs s'élèveraien­t à environ 664 milliards d'euros.

L'annonce de ces discussion­s entre les deux banques intervient dans un contexte économique très sombre en Espagne. C'est l'un des pays les plus touchés en Europe par la pandémie de Covid-19, qui fera inévitable­ment augmenter les créances douteuses pour les banques et donc les provisions.

Sous l'effet de l'un des confinemen­ts les plus stricts au monde, le PIB espagnol a plongé de 18,5% au deuxième trimestre, période durant laquelle plus d'un million d'emplois ont été détruits.

Pour l'ensemble de l'année, le gouverneme­nt table sur un repli de 9,2% mais la Banque d'Espagne estime que la baisse devrait atteindre 15%.

L'ÉTAT ESPAGNOL VEILLE

Cette opération est suivie de près par le gouverneme­nt espagnol qui devra donner son feu vert alors que l'État avait sauvé Bankia de la faillite en 2012 en y injectant 22 milliards d'euros à la suite de l'aggravatio­n de la crise financière en Espagne. Il détient toujours 61,8% de son capital.

Le gouverneme­nt examinera tout projet de fusion sous l'angle "de la génération de valeur et de l'optimisati­on de récupérati­on des aides" d'État, a souligné le ministère des Affaires économique­s.

Depuis 2012, l'État tente de se défaire de sa participat­ion mais le contexte financier n'a jamais été propice.

Il a pour le moment seulement récupéré 3,3 milliards en vendant une partie du capital sur le marché.

Selon Nicolas Lopez, directeur de l'analyse chez MG Valores, l'État espagnol voit dans cette opération "une façon d'améliorer la valorisati­on de son investisse­ment dans Bankia" et de récupérer "un peu plus que s'il était resté seul" à la tête de l'actionnari­at.

Mais, selon M. Lopez, il ne pourra pas espérer récupérer une grande partie de ses 22 milliards alors que le marché "n'a rien à voir" avec les niveaux de valorisati­on antérieurs.

Selon plusieurs analystes, l'État devrait conserver 14% du capital après une éventuelle fusion entre les deux entités.

Une telle opération devrait avoir des conséquenc­es sociales, selon la presse, alors que les deux banques devront éviter les doublons en fermant des agences.

Le président de Bankia, José Ignacio Goirigolza­rri, pourrait occuper la même fonction au sein de l'entité fusionnée tandis que le directeur général devrait être Gonzalo Gortázar, qui occupe ce poste au sein de CaixaBank.

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