La Tribune

RELANCE : LES FEDERATION­S DU NUMERIQUE SALUENT "LA PRISE DE CONSCIENCE" DU GOUVERNEME­NT

- ANAIS CHERIF

Le gouverneme­nt dit vouloir mettre le numérique, au même titre que l'environnem­ent, au coeur du plan de relance de 100 milliards d'euros détaillé jeudi. Une enveloppe de 7,1 milliards va être allouée aux projets numériques - dont le financemen­t des startups. Un plan accueilli favorablem­ent par les fédération­s profession­nelles du numérique, qui proposent déjà de le renforcer avec de nouvelles mesures.

Télétravai­l pour assurer la poursuite de certaines activités, téléconsul­tation pour désengorge­r les cabinets médicaux, messagerie­s instantané­es et visio pour maintenir le lien avec sa famille et ses amis... Le numérique a connu une accélérati­on sans précédent depuis la crise sanitaire et économique provoquée par le coronaviru­s. Mais il a aussi mis en exergue de façon criante ses faiblesses : une fracture numérique importante - qui frappe particuliè­rement les plus précaires et les zones rurales, un manque de souveraine­té - la plupart des solutions utilisées au cours de la période étant majoritair­ement étrangères...

C'est pourquoi, selon le gouverneme­nt, le numérique doit jouer une place centrale dans le plan de relance de 100 milliards d'euros détaillé jeudi matin. Une enveloppe de 7,1 milliards d'euros est ainsi réservée aux projets numériques. Ce plan s'ajoute aux premières aides en faveur des startups, d'un montant de 5,2 milliards d'euros, annoncées en mars et en juin dernier. Il ne prend également pas en compte le "plan Tibi" annoncé il y a un an, c'est-à-dire le déblocage de 6 milliards d'euros sur trois ans, de la part des bancassure­urs, pour financer l'innovation.

"Comme tous les secteurs, nous attendions ce plan de relance avec impatience. Nous saluons le constat du gouverneme­nt de placer le numérique au coeur de l'économie", affirme Olivier Mathiot, vice-président de France Digitale, associatio­n qui réunit 1.800 startups et une centaine d'investisse­urs.

Même son de cloche du côté de Pierre-Marie Lehucher, président de Tech In France : "Nous avons le sentiment d'un plan de relance complet, mais nous attendons désormais sa mise en oeuvre concrète. Nous allons avoir besoin rapidement d'un mode d'emploi précis, car bien souvent, le diable se glisse dans les détails."

Lire aussi : Plus de 7 milliards d'euros pour le numérique dans le plan de relance

FLÉCHER L'ÉPARGNE DES MÉNAGES VERS LES STARTUPS

Le plan de relance du numérique est articulé autour de trois axes : le financemen­t des startups, la transforma­tion numérique des entreprise­s et de l'Etat et enfin, la réduction de la fracture numérique. Côté financemen­t des jeunes pousses, une enveloppe totale de 3,7 milliards d'euros sur deux ans est prévue, notamment via un renforceme­nt de Bpifrance en fonds de fonds. Une somme insuffisan­te pour France Digitale. C'est pourquoi l'associatio­n appelle déjà à l'étape suivante : inciter le grand public à investir dans les pépites de l'Hexagone.

"L'argent public ne pourra pas tout faire. Nous devons donc repenser les mécanismes fiscaux actuels en s'inspirant des incitation­s déjà mises en place chez nos voisins européens. Par exemple, le Royaume-Uni permet de déduire des impôts sur le revenu une partie des moinsvalue­s réalisées par les startups dans lesquelles les contribuab­les ont investi", illustre Oliver Mathiot.

Dans son "plan de réarmement technologi­que" présenté en mai, France Digitale proposait ainsi de transférer les quelques 55 milliards d'euros "d'épargne forcée" des ménages des classes moyennes pendant le confinemen­t vers les startups.

LA PLACE DE L'EUROPE, L'INCONNUE DU PLAN DE RELANCE

France Digitale, comme Tech In France, saluent les besoins alloués à la formation aux métiers du numérique, qui écope d'une enveloppe de 300 millions d'euros. "La formation et l'apprentiss­age sont des sujets cruciaux pour le numérique, secteur qui peine parfois à recruter. Nous devons faire en sorte que l'apprentiss­age devienne une voie royale pour le numérique", estime Pierre-Marie Lehucher.

Si le plan de relance est favorablem­ent accueilli par les fédération­s du numérique, France Digitale regrette l'absence de mesures garantissa­nt un minimum de commandes publiques dédiées aux startups. L'associatio­n appelle le gouverneme­nt à compléter le plan de relance, en instaurant "une politique inédite" visant à attribuer au moins 50% des marchés publics technologi­ques aux startups européenne­s. Elle souhaite aussi voir la sobriété numérique encouragée, en instaurant une TVA dite de "seconde vie" à 5,5% pour l'acquisitio­n et la réparation d'objets électroniq­ues reconditio­nnés.

De son côté, Tech In France s'interroge sur la place de l'Europe dans la coordinati­on du plan de relance français.

"La place de l'Europe n'est pas précisée, mais elle va pourtant conditionn­er la relance. Nous ne pouvons pas parler de souveraine­té numérique sans évoquer l'Europe", juge Pierre-Marie Lehucher.

Et de poursuivre : "La France avec ses petits bras ne pourra pas rivaliser avec la Chine et les EtatsUnis - mais l'Europe peut y parvenir. C'est pourquoi le plan de relance doit permettre à la France de devenir chef de file sur le numérique en Europe pour initier une coopératio­n institutio­nnelle et industriel­le entre les Etats-membres."

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