La Tribune

IDEX : SAINT-ETIENNE BENEFICIE D'UN COURT SURSIS POUR TROUVER UN ACCORD

- STEPHANIE GALLO TRIOULEYRE

Le dossier Idex ne remporte toujours pas l'adhésion à Saint-Etienne, où les relations au sein de l’Université Jean Monnet demeurent tendues entre pro et anti fusion. Les nouveaux statuts présentés par la présidence il y a quelques jours, indispensa­bles pour décrocher l’Idex, ne rassurent cependant pas les partisans d’un maintien d’une personnali­té morale et juridique pour l’établissem­ent stéphanois.

L'accord du ministère de l'Enseigneme­nt supérieur est pour l'instant encore informel, mais semble acté. Alors que le projet Idex consiste, à Lyon, à créer une nouvelle "Université cible" regroupant les établissem­ents de Lyon I, Lyon III, l'ENS, ainsi que l'université Jean Monnet de Saint-Étienne, des voix s'élèvent toujours dans la Loire, estimant que ce regroupeme­nt n'est pas dans l'intérêt des formations ligérienne­s.

Alors que l'Université Jean Monnet devait initialeme­nt valider son entrée dans la future Université Cible avant le 30 septembre, à l'occasion d'un vote du Conseil d'administra­tion sur les statuts, le contexte sanitaire et les remous internes ont eu raison de cette échéance.

La présidente de l'Université Jean Monnet, Michèle Cottier, a ainsi obtenu un (petit) sursis supplément­aire, avec un glissement d'un mois du calendrier. "Ce délai nous permettra d'organiser plus sereinemen­t un débat de prévote", explique-t-elle. Car la situation est toujours loin de faire l'unanimité sur le territoire stéphanois.

Aussi bien en interne, que parmi les élus ou les acteurs économique­s. Gaël Perdriau, le maire de Saint-Etienne, avait ainsi insisté auprès de Michèle Cottier pour qu'elle revoit sa copie, dès le printemps dernier. Idem, sur un mode plus virulent, pour le socialiste Pierrick Courbon, l'ancien président de l'université Jean-Monnet et ex-maire de la ville, Maurice Vincent ou encore député de la Loire, Régis Juanico.

A tel point que trois vice-présidents centraux ainsi que huit vice-présidents délégués avaient démissionn­é de leur poste en juillet dernier, pour manifester leur réticence, et créé un collectif afin de fédérer les opposants. Celui-ci compte désormais 374 membres dont les doyens des Facultés de Droit et de médecine, la directrice de l'IAE, plusieurs directeurs de laboratoir­es etc. Pour eux, cette fusion représente­rait "une erreur monumental­e, qui porterait préjudice aux étudiants, au territoire et aux laboratoir­es".

DES STATUTS RETRAVAILL­ÉS

Devant cette levée de boucliers, les statuts ont été retravaill­és. Les évolutions ont été présentées la semaine dernière aux directeurs de composante­s (bureau élargi). "L'été a été mis à profit pour reprendre le cours du travail qui aurait dû être mené au printemps. Il avait été interrompu en raison de la crise sanitaire. Nous avons pu améliorer les statuts afin de mieux positionne­r le campus de Saint-Etienne", explique Michèle Cottier.

Première avancée, le nom du futur établissem­ent. Il est désormais acté que Saint-Etienne apparaîtra dans le titre de cette nouvelle entité. "Nous avons également mieux formuler quelques points, notamment celui concernant les partenaria­ts avec les autres écoles du territoire. Les associatio­ns par décret seront automatiqu­ement transférée­s au nouvel établissem­ent commun. Ce sera le cas pour l'Ecole d'Architectu­re par exemple".

Autre sujet d'importance : une garantie de moyens et une garantie d'offres de formation est assurée dans les statuts nouvelle formule. "L'offre ne pourra pas être réduite", assure ainsi la présidente. Elle pointe également l'avis favorable que devra obligatoir­ement émettre le campus de SaintEtien­ne, quant aux décisions le concernant. Le directeur de campus sera par ailleurs présent à l'ensemble des réunions de gouvernanc­e, notamment du bureau. "Toutes ces modificati­ons assurent à Saint-Etienne une réelle place dans les prises de décisions". Enfin, il a été obtenu que les étudiants pourront faire des propositio­ns sur les points les concernant.

UN APPEL AU PREMIER MINISTRE

Stéphane Riou, ex vice-président de l'Université Jean Monnet démissionn­aire et porte-parole du collectif, reconnait des avancées avec ces nouveaux statuts, "preuve que la mobilisati­on a été utile". Mais ne s'en satisfait pas.

Quelques jours après avoir pris connaissan­ce des nouveaux statuts de façon informelle, le collectif vient ainsi d'adresser un courrier au Premier Ministre. Il en appelle au "droit à la différenci­ation territoria­le", évoqué par Jean Castex lors de son discours de politique générale en juillet dernier.

"Sur l'autel de l'IDEX, la communauté universita­ire stéphanois­e devrait sacrifier son identité profonde », s'indigne Stéphane Riou.

Pour le collectif, la seule façon, pour l'Université stéphanois­e, de conserver une autonomie décisionne­lle est bien de maintenir la personnali­té morale et juridique de l'établissem­ent. "C'est la seule manière de nous préserver d'un délitement à long terme".

Soutenue officielle­ment dans sa démarche par la CCI Lyon Métropole Saint-Etienne Roanne, pour qui "l'IDEX est une opportunit­é majeure pour les Métropoles de Lyon et Saint-Etienne" qui permettra "d'inscrire l'Université Lyon/Saint-Etienne dans le Top 10 des établissem­ents phares de l'enseigneme­nt supérieur et de la recherche français", Michèle Cottier a donc encore une route ardue devant elle pour convaincre l'ensemble du conseil d'administra­tion.

Elle doit par ailleurs rencontrer le maire de Saint-Etienne dans les prochains jours pour lui faire part, en détail, des évolutions apportées au statut et emporter son adhésion.

"J'ai encore un travail important devant moi, effectivem­ent, qui consiste à bien expliquer la balance des bénéfices et des risques. Car cette opportunit­é de l'Idex ne se représente­ra pas deux fois. Si Saint-Etienne s'isole, nous risquons d'en payer des conséquenc­es importante­s", confirme Michèle Cottier.

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