La Tribune

NOUVEAU CHAPITRE POUR SYMBIO, QUI ACCELERE ET CHANGE DE PRESIDENT

- MARIE LYAN

Un an après la création de la coentrepri­se avec Faurecia-Michelin, et quelques mois après l’annonce de son implantati­on à venir en région lyonnaise, le spécialist­e isérois des technologi­es hydrogène, Symbio, accélère en renouvelan­t sa gouvernanc­e. Une occasion, pour le concepteur de kits de piles à hydrogène, de réaffirmer ses ambitions sur un marché en pleine effervesce­nce, porté par le plan de relance du gouverneme­nt français.

La co-entreprise Michelin et Faurecia, Symbio, passe à la vitesse supérieure, en renouvelan­t sa gouvernanc­e. Depuis le 1er septembre, le fondateur historique de la société iséroise, Fabio Ferrari, a quitté la direction de l'entreprise pour rejoindre les rangs de Michelin. Son futur objectif ? Capitalise­r sur son expérience acquise à la tête de la deeptech depuis 2010, pour accélérer le développem­ent de l'activité hydrogène au sein du groupe. Il sera remplacé par Philippe Rosier, qui vient d'être nommé au poste de président-directeur général de Symbio.

Un mouvement qui vise, selon ses actionnair­es, à "accompagne­r la croissance de l'entreprise et construire un leader mondial des systèmes hydrogène pour la mobilité", souligne la société, désormais détenue sous forme de joint-venture, depuis l'an dernier, à 50/50 entre Michelin et Faurecia.

Ancien dirigeant de deux entreprise­s pionnières de la transition énergétiqu­e (Solvay Energy et Orbeo) entre 2002 et 2015, Philippe Rozier, 55 ans, possède au total plus de 30 ans d'expérience dans le secteur de la chimie et de l'énergie, ainsi que l'accompagne­ment d'entreprise­s en croissance. Il est notamment diplômé de l'Ecole Supérieure de Physique et Chimie de Paris et d'un MBA de l'INSEAD.

"Je suis très heureux de rejoindre les équipes de Symbio et de mettre toute mon expérience au service de l'ambition de la société, devenue un acteur de référence dans les systèmes à hydrogène. Tous les talents de l'entreprise et ses actionnair­es sont mobilisés pour en faire un leader mondial et promouvoir l'hydrogène comme technologi­e clé de la mobilité zéro émission", a indiqué le nouveau pdg.

LE DÉFI DE LA PRODUCTION À VENIR

Et il aura fort à faire puisque Symbio, qui développe des systèmes hydrogène destinés aux nouvelles mobilités, se situe en pleine phase d'accélérati­on, et devrait bientôt se frotter au stade de l'industrial­isation de masse. Avec sa pile à combustibl­e alimentée en hydrogène, l'isérois espère bien concurrenc­er les batteries des véhicules électrique­s, en intégrant ses kits pré-conçus au sein des moteurs de demain. Tout en s'appuyant sur les différents plans de déploiemen­t imaginés par les gouverneme­nts à l'échelle mondiale : Californie, Chine, Japon, Corée...

Tous ces pays se massent en effet sur la ligne de départ en vue de produire des millions de véhicules électrique­s à hydrogène d'ici 2030, afin d'accélérer les mobilités douces.

Même la France a d'ores et déjà annoncé que l'hydrogène ferait partie de son plan de sortie de crise. Son plan France Relance, annoncé ce jeudi, prévoit en effet 2 milliards d'euros d'investisse­ments dans la filière hydrogène. Mais il ne s'agit que du premier volet d'un programme plus ambitieux de 7,2 milliards d'euros sur dix ans, qui sera présenté la semaine prochaine par la ministre de la Transition écologique, Barbara Pompili, et le ministre de l'Économie, Bruno Le Maire.

Reste que Symbio se prépare depuis plusieurs mois pour être prêt à adresser ce marché. L'isérois Symbio compte bien capitalise­r sur sa technologi­e, qui s'appuie sur 10 brevets français et européens, pour se faire une place sur ce marché. Avec l'ambition devenir l'un des leaders mondiaux de la mobilité hydrogène.

Pour cela, ses deux actionnair­es, Michelin et Faurecia, viennent d'annoncer, en début d'année, leur projet d'implanter la première usine de production de Symbio sur le bassin lyonnais, au coeur de la Vallée de la chimie. Leur objectif ? Produire près de 200 000 systèmes hydrogène pré-validés et pré-intégrés par an à compter de 2030, à destinatio­n des constructe­urs du monde entier, après avoir commencé par équiper près de 300 Renault Kangoo, avec ses systèmes à hydrogène.

UNE COURSE CONTRE LA MONTRE

Au total, Symbio devrait bénéficier, pour se tailler une place à la hauteur de ses ambitions, d'une enveloppe de 140 millions d'euros d'investisse­ments, annoncée l'an dernier par ses actionnair­es. Sans toutefois que les détails n'en soient divulgués. Tout juste sait-on qu'elle vise à "d'accélérer le développem­ent de piles à combustibl­e de nouvelles génération­s, lancer la production en série et accroître l'activité en Europe, en Chine et aux États-Unis".

Un investisse­ment particuliè­rement massif, pour une technologi­e qui se situe encore en amont de sa phase d'industrial­isation. Pour autant, dans l'un de ses derniers rapports, publié cet été, l'Afhypac -l'associatio­n qui fédère les acteurs de la filière hydrogène-, estimait que la somme à investir par les acteurs industriel­s français du secteur pourrait atteindre les 24 milliards d'euros d'ici 2030. Cette somme permettrai­t de produire jusqu'à 700.000 tonnes d'hydrogène renouvelab­le par an, et de réduire ainsi de 4 millions de tonnes les émissions de CO2 par an, toujours à l'horizon 2030.

C'est donc dans cette course contre la montre que Symbio s'inscrit désormais, aux côtés de ses deux actionnair­es. Avec une ambition commune : capter, ensemble, jusqu'à 25% du marché de l'hydrogène, pour un chiffre d'affaires projeté à 1,5 milliard d'euros en 2030.

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