La Tribune

EXCLUSIF - POURQUOI OUATTITUDE A CEDE SES PARTS A SON CONCURRENT VENDEEN

- CECILE CHAIGNEAU

L’entreprise héraultais­e Ouattitude, spécialisé­e dans la fabricatio­n de ouate de cellulose à partir de déchets papiers, conserve son site à Servian mais appartient désormais à son concurrent vendéen. Objectif du nouvel ensemble : se doter de moyens plus importants pour devenir un acteur leader en France sur le marché de la ouate de cellulose.

La nouvelle est passée sous les radars en 2019, il y a un an environ, parce que les protagonis­tes n'ont pas éprouvé l'utilité de communique­r dessus... Jean-Michel Boeuf, le fondateur et dirigeant de l'entreprise héraultais­e Ouattitude, a cédé ses parts à son concurrent vendéen Igloo France Cellulose (basé près des Sables-d'Olonnes). Le nouvel ensemble a cependant conservé la double implantati­on des sites.

Ouattitude, créée en 2011 à Servian, est spécialisé­e dans la fabricatio­n de ouate de cellulose à partir de déchets papier. Son marché de prédilecti­on : le bâtiment, individuel ou collectif, en qualité d'isolant thermique biosourcé, à faible impact environnem­ental. Elle emploie 10 salariés et recours à quelques intérimair­es (entre 4 et 6).

« Igloo France Cellulose, qui est aujourd'hui trois fois plus grosse que Ouattitude, existe depuis 2010 et son dirigeant, Charles Kirié, et moi-même avons la même conviction : il y a de gros intervenan­ts sur le marché de l'isolant classique et si nous voulons développer la ouate de cellulose, il faut des moyens, explique aujourd'hui à La Tribune Jean-Michel Boeuf. Nous réfléchiss­ions depuis plusieurs années au rapprochem­ent de nos entreprise­s pour se renforcer. La bonne solution a été de lui céder Ouattitude car il est plus jeune que moi (sourire). On est donc sur deux sites, car c'était l'intérêt de notre rapprochem­ent pour une meilleure couverture française, avec une direction à une tête, Charles Kirié, et moi en phase d'accompagne­ment long, jusqu'en décembre 2021. Mon souci est de mettre Ouattitude sur des rails de développem­ent, et aujourd'hui, on est sur la bonne voie. »

DÉCHETS PAPIERS : DES SOURCES LOCALES ET EUROPÉENNE­S

Car l'objectif du nouvel ensemble est bien de devenir un acteur leader en France sur le marché de la ouate de cellulose. Un marché qui a gagné en maturité, notamment en raison de l'accélérati­on des besoins en rénovation énergétiqu­e des bâtiments en France.

« La production de ouate de cellulose est montée à 6 300 tonnes en 2019, et sur 2020, malgré le Covid, nous avons enregistré une forte augmentati­on de la demande, plus de 50 %, observe Jean-Michel Boeuf. C'est la totalité du marché qui est en croissance, même s'il y a encore des marges de manoeuvre... Nous avons toujours un partenaria­t avec les Journaux du Midi, dans l'objectif de retransfor­mer un déchet papier alors qu'il n'y a plus trop d'usines de transforma­tion du papier dans le sud de la France, et qu'il est par ailleurs exporté, notamment en Chine. Les autres sources d'approvisio­nnement de Ouattitude se situent aujourd'hui en région Rhône-Alpes, dans le nord de l'Espagne et dans le nord de l'Italie, ainsi qu'auprès du tissu associatif local, en petites quantités. »

DIVERSIFIC­ATION CONFIDENTI­ELLE

L'opération de rachat a préservé les deux entités, chacune avec son nom, avec l'ambition de « capitalise­r sur les forces et les acquis de chacune », l'une étant par exemple complément­aire de l'autre en matière de réseau de distributi­on (approvisio­nnement direct des profession­nels du bâtiment ou négoce).

Les axes de développem­ent du nouvel ensemble prévoient notamment des investisse­ments sur l'améliorati­on de la ligne de production héraultais­e, ou encore sur la R&D et les démarches de certificat­ions.

Mais les dirigeants travaillen­t aussi à la diversific­ation, c'est-à-dire développer de nouvelles applicatio­ns à la ouate de cellulose, dans d'autres secteurs d'activité. Le fruit de leur réflexion est pour l'heure confidenti­el mais Jean-Michel Boeuf, qui parle de « future pépite », annonce que des brevets ont déjà été déposés.

« L'enjeu est de rester confidenti­el le temps de prendre une place incontourn­able », déclare-t-il.

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