VENDANGES 2020 (1/2) : VOLUMES ET QUALITE AU RENDEZ-VOUS
Série (1/2) - Le millésime 2020 s’annonce prometteur en quantité et en qualité dans le Languedoc-Roussillon. Des mesures de régulation du marché ont été prises, notamment avec la distillation exceptionnelle, afin de réduire les stocks suite aux invendus liés à la crise sanitaire et de maintenir l’équilibre du marché.
Alors que les vendanges battent leur plein dans la région Languedoc-Roussillon, les premiers échos sur ce nouveau millésime sont plutôt prometteurs. La récolte s'annonce belle tant en quantité qu'en qualité, même si quelques accidents climatiques (gel et grêle) et dégâts de mildiou l'ont amoindrie dans certains secteurs.
Les estimations de Coop de France Occitanie tablent sur un volume de 12,7 Mhl pour les quatre départements viticoles du Languedoc-Roussillon, en hausse de 4 % par rapport à la récolte 2019 et de 3 % par rapport à la moyenne quinquennale. Des chiffres en phase avec ceux que la Draaf devraient publier le 7 septembre prochain.
C'est le département de l'Hérault qui, cette année, enregistre la plus forte hausse, avec une récolte estimée à 5,3 Mhl, soit 10 % de plus que l'an dernier et 8 % de plus que la moyenne des 5 dernières années.
Avec 4 Mhl, l'Aude s'en tire également bien, avec une progression de 1 % par rapport à la récolte 2019, qui avait déjà été bonne, et de 9 % par rapport à la moyenne quinquennale. Dans le Gard, l'impact du gel et de la grêle dans la Vallée Rhodanienne, qui ont réduit de 21 % la récolte par rapport à l'an dernier dans ce secteur, plombe le volume départemental qui reste stable par l'an dernier à 2,9 Mhl et en recul de 9 % par rapport à la moyenne quinquennale.
Enfin dans les Pyrénées-Orientales, c'est le mildiou qui a fait des ravages : la récolte ne dépassera pas 590 000 hl, en recul de 6 % par rapport à l'an dernier et de 18 % par rapport à la moyenne.
DES CONDITIONS IDÉALES POUR LA MATURATION DES RAISINS
Les conditions météorologiques sont pour le moment idéales avec un temps sec, des journées chaudes et des nuits fraîches. L'épisode pluvieux du 28 et 29 août a plutôt été bénéfique, relançant la maturité dans les secteurs touchés par la sécheresse. Tout est réuni pour un millésime qualitatif.
Reste à savoir comment vont réagir les marchés à l'annonce de cette belle récolte. Avant même la crise sanitaire, la situation était compliquée du fait du ralentissement des ventes à l'export suite à la taxe Trump sur le marché américain et l'incertitude liée au Brexit au Royaume-Uni.
La crise sanitaire a été un nouveau coup dur pour la filière, impactant tant les marchés export, notamment vers la Chine, que les ventes sur le marché domestique, avec l'arrêt total des ventes en CHR (cafés-hôtels-restaurants) pendant le confinement.
Si les IGP pays d'Oc ont finalement plutôt bien résisté, portés par la belle progression des ventes de vin en bag-in-box durant cette période, la situation est beaucoup plus tendue pour les vins AOC rouges du Languedoc et du Roussillon, dont la consommation s'effrite en France depuis plusieurs années, comme les vins rouges d'appellation d'autres régions et notamment de Bordeaux.
Pour désengorger le marché, la Fédération Sud des AOC, qui regroupe 20 syndicats d'AOC dans la région, a demandé et obtenu de l'INAO une limitation volontaire des rendements à 50 hl/ha pour l'appellation régionale Languedoc, à une fourchette comprise entre 45 et 48 hl/ha pour les appellations sous-régionales (Corbières, Côtes du Roussillon, Minervois, etc.) et à 42 hl/ha pour les AOC communales (Corbières Boutenac, La Clape, Collioure, etc.) pour la récolte 2020.
« Cette limitation des rendements vise à produire ce qu'on est capable de vendre en veillant à l'équilibre des marchés », indique Jean-Philippe Mari, président du syndicat de l'AOC Côtes du Roussillon et de la Fédération Sud des AOC.
1,1 MILLION D'HL DISTILLÉS
Autre mesure de régulation du marché, la distillation mise en place en début d'été, qui va permettre d'éliminer 1,1 million d'hl en Languedoc-Roussillon, est unanimement saluée par les professionnels.
Au-delà des 90 à 95 M€ de recettes qu'elle va générer pour la filière, elle a surtout pour effet de stabiliser les prix, en réduisant les disponibilités en début de campagne. Selon les estimations de Coop de France Occitanie, celles-ci seraient ramenées à 19,5 millions d'hl, un niveau en légère hausse par rapport à l'an dernier (18,8 millions d'hl).
« J'envoie aujourd'hui un message fort aux metteurs en marché. Compte tenu du niveau des stocks en début de campagne, qui a été réduit grâce à la distillation, il n'y a aucune raison que le marché s'écoule », a lancé Jérôme Despey, président de la Chambre d'Agriculture de l'Hérault, lors de la visite de Jacques Witkowski, préfet de l'Hérault, à la coopérative Castelbarry à Montpeyroux le 31 août.
Sera-t-il entendu ?