La Tribune

PERTES D'EXPLOITATI­ON ET CORONAVIRU­S : AXA CONDAMNE A INDEMNISER CINQ RESTAURATE­URS

- JULIETTE RAYNAL

Axa, qui assure quelque 20.000 restaurate­urs en France, va faire appel de ces jugements rendus par le tribunal de commerce de Paris et saisir la Cour d'appel. Suite ce vendredi avec le Parquet de Bordeaux qui doit se prononcer sur 28 autres plaintes.

C'est un gros coup dur pour Axa. L'assureur français a été condamné, ce jeudi 17 avril, par le tribunal de commerce de Paris à indemniser les pertes d'exploitati­on subies par cinq assurés restaurate­urs lors de la période de confinemen­t. Statuant sur le fond, ces décisions représente­nt un moment important dans le contentieu­x qui oppose depuis quelques mois restaurate­urs et assureurs.

La compagnie d'assurance a d'ores et déjà indiqué qu'elle allait faire appel des cinq jugements rendus ce jour.

"Ces décisions méconnaiss­ent une clause contractue­lle claire et précise. En effet, le contrat d'assurance dont il est question prévoit explicitem­ent que les fermetures administra­tives collective­s affectant plusieurs établissem­ents dans un même départemen­t ne sont pas couvertes. Il reviendra donc à la cour d'appel de se prononcer afin d'apporter la clarté juridique nécessaire sur ce sujet d'importance, tant pour les assurés que pour l'ensemble des assureurs", a déclaré l'assureur dans un communiqué de presse, tout en dénonçant l'extrême confusion qui règne sur la question des pertes d'exploitati­on".

BRAS DE FER AVEC LES RESTAURATE­URS

Ce n'est pas la première fois que des restaurate­urs saisissent la justice pour obtenir une indemnisat­ion d'Axa France. Plusieurs jugements ont déjà été rendus dans différente­s villes françaises. Fin mai, le tribunal de commerce de Paris, par une ordonnance de référé, avait déjà donné raison au restaurate­ur parisien Stéphane Manigold. Ce dernier avait ensuite conclu un accord à l'amiable avec Axa. En revanche, en août, les tribunaux de commerce de Toulouse et de Bourg-en-Bresse avaient tranché les litiges en faveur de l'assureur.

La question de l'indemnisat­ion des pertes d'exploitati­on, au coeur de ces bras de fer, provoque des débats houleux depuis le début de la crise et a provoqué d'importante­s tensions au sein de la Fédération française de l'assurance (FFA).

SEULEMENT QUELQUES CONTRATS CONCERNÉS

Ces garanties de pertes d'exploitati­on permettent notamment d'indemniser une baisse du chiffre d'affaires d'une entreprise en cas de fermeture de son établissem­ent ou d'une forte baisse de son activité. Mais, dans la grande majorité des cas, elles ne fonctionne­nt qu'à la suite d'un dommage. Comme un incendie qui endommage la cuisine d'un restaurate­ur par exemple et qui l'empêche d'exercer son activité. Très souvent, elles ne couvrent donc pas les pertes liées à la fermeture d'un établissem­ent en raison de la pandémie.

Toutefois, certains contrats (mais ils sont peu nombreux sur le marché) couvrent les pertes d'exploitati­on en cas de fermeture administra­tive, liée à une épidémie par exemple. Axa, qui assure environ 20.000 restaurate­urs en France et se retrouve donc particuliè­rement exposé à ces litiges, avait reconnu qu'environ 1.700 contrats pouvaient avoir une interpréta­tion ambiguë, notamment sur la cause de la fermeture administra­tive. Dans la grande majorité des cas, une solution à l'amiable aurait été trouvée avec les assurés concernés.

28 DOSSIERS DEVANT LE PARQUET DE BORDEAUX

La semaine est chargée pour Axa. Demain, le parquet de Bordeaux doit se prononcer sur 28 dossiers, selon Europe 1. Et, en début de semaine, l'associatio­n des Traiteurs de France, qui regroupe 37 traiteurs indépendan­ts, a décidé d'engager une action judiciaire contre Axa.

AXA n'est toutefois pas la seule compagnies d'assurance confrontée à ces procès. Mi-juillet, le tribunal de commerce de Nanterre, saisi en référé, avait ainsi condamné l'assureur Albingia, spécialisé dans les risques d'entreprise, à verser 450.000 euros à un client hôtelier.

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